dimanche 15 décembre 2024
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Musique : « Beaucoup de mes textes sont tirés de mes expériences sur le front » (Bam’ss Grâce)

C’est un soldat engagé sur deux fronts. Gendarme de profession, il monte à l’assaut de l’ennemi sur les lignes rouges pour la Défense de la Patrie. Artiste-chanteur, il fait de son art un outil de conscientisation et de consolation. De son nom à l’état civil Etienne Bamogo, Bam’ss Grâce, puisqu’il s’agit de lui, fait partie des quelques rares hommes de tenue qui ont su concilier l’arme et le micro. Engagé dans la musique gospel depuis l’enfance, l’homme est un artiste-né. Et, dans le contexte sécuritaire que traverse la mère-Nation, il s’est fait chantre de l’amour, de l’espoir, de la vie. Dans cette interview qu’il a accordée à Minute.bf, Bam’ss revient sur sa vie d’artiste et de gendarme. Il nous parle de sa passion pour la musique, ses difficultés et ses ambitions. Interview!

Minute.bf : Bonjour. Présentez-vous à nos lecteurs s’il-vous-plaît.

Bam’ss Grâce : Bonjour à ceux qui nous suivent. Mon nom d’artiste est Bam’ss Grâce. A l’état civil c’est Étienne Bamogo. Je suis gendarme de profession mais aussi Artiste-chanteur.

Minute.bf : Pourquoi le nom Bam’ss Grâce?

Bam’ss Grâce : Tout d’abord, permettez-moi de passer mes salutations à ma hiérarchie, ceux qui me permettent d’être présent ici ce matin. Je voudrais leur dire un grand merci pour ce qu’ils font pour nous et dire merci aussi à la Direction de la Communication de la Gendarmerie nationale qui me permet d’être là. Je voudrais aussi saluer mon Manager, Midiour Paulin, qui ne cesse de m’accompagner. Je voudrais par ailleurs vous saluer, vous, équipe de Minute.bf, pour l’accueil chaleureux dans vos locaux. En fin de compte, permettez-moi de saluer la mémoire de ceux qui sont tombés, ainsi que les valeureux combattants engagés sur les zones de bataille.

Alors, Bam’ss Grâce, c’est comme vous l’entendez : Grâce, c’est grâce en anglais. Je fais allusion à la grâce de Dieu. Et Bam’ss, c’est le diminutif de mon nom de famille, Bamogo. J’ai marqué les apostrophes pour signaler jusqu’à quel point la grâce de Dieu m’accompagne. Vous qui êtes là ce matin, vous qui me suivez, c’est la grâce de Dieu qui nous permet de vivre. C’est la grâce de Dieu qui nous permet d’évoluer et grâce à cette grâce, nous sommes plus que vainqueurs.

« C’est la grâce de Dieu qui nous permet de vivre… »

Minute.bf : Quelle est l’actualité musicale de Bam’ss Grâce en ce moment?

Bam’ss Grâce : En ce moment, Bam’ss Grâce est un auteur-compositeur d’un album de huit titres. Cet album est dénommé « Plus que vainqueur ». J’évolue beaucoup plus dans le milieu Gospel. Et parfois, je m’incline dans les autres milieux afin de montrer une certaine cohésion sociale. Pour dire que ce n’est pas parce que je fais du gospel que je ne dois pas chanter avec d’autres acteurs, ou bien encourager d’autres personnes dans leur milieu aussi.

Minute.bf: Vous preparez en ce moment la sortie d’un nouvel album. Parlez-nous de cet opus!

Bam’ss Grâce : J’ai dénommé cet album « Tout est grâce ». L’album comprend 12 titres. Le premier album comportait 08 titres. Parlant des thèmes abordés dans le nouvel album, il faut dire qu’en premier, c’est un encouragement et un soutien total aux Forces de défense et de sécurité (FDS), pour les galvaniser. Et en second lieu, je rends grâce à Dieu de m’avoir permis d’être toujours vivant. Sinon, il y a longtemps que je serais parti. Je lui dis merci dans cet album pour m’avoir permis d’être vivant.

Minute.bf: Comment conciliez-vous votre carrière de gendarme à celle de chanteur ?

La reponse dans cette vidéo ⤵️

Minute.bf : Récemment, vous avez organisé un concert caritatif dénommé « Plus que vainqueur », parlez-nous en!

Bam’ss Grâce : Je suis né dans une famille chrétienne et surtout dans une famille où il y a des instrumentistes et des acteurs musicaux. Mon grand-frère est un artiste musicien. Il a 4 albums sur le marché. Ma grande sœur également est artiste musicienne. Elle a 02 albums sur le marché. Et moi j’emboite leurs pas tout en galvanisant mes collègues qui se battent dans les zones reculées. Nous y avons fait un tour et nous savons ce qui se passe là-bas. C’est un terrain à double caractère, la vie et la mort. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’organiser ce grand concert avec l’autorisation de ma hiérarchie et avec la bénédiction de la communauté chrétienne, musulmane et coutumière, afin de venir en aide aux personnes blessées. Ces personnes là qui se sentent abandonnées ou qui ont peut-être perdu le moral. C’était aussi pour venir en aide aux veuves et orphelins des FDS tombées. Je ne peux en aucun cas taper ma poitrine pour dire que je suis le tout premier à le faire ou que j’arriverai à prendre en charge toutes ces veuves et tous ces orphelins, mais, c’est ma part de contribution, moi-même en tant que blessé de guerre. J’ai été blessé moi aussi et c’est ma part de contribution que de leur donner ce soulagement et cette consolation en fonction de mes compétences. Le concert a vraiment été une réussite, une très belle réussite. A la fin, nous avons bénéficié de l’appui de nos partenaires à une hauteur inestimable. Et actuellement, nous sommes sur le point d’engager un projet de construction d’un centre de formation à l’endroit de ces blessés de guerre.

« Je chante pour redonner espoir »

Minute.bf : Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez en jonglant entre ces deux professions ?

Bam’ss Grâce : Il faut dire que toute réussite a pour fondement les difficultés. Si on ne franchit pas les échelles, on ne pourra pas y arriver. On a rencontré pas mal de difficultés et je salue encore mes supérieurs hiérarchiques qui sont vraiment un fondement solide. C’est grâce à eux que nous arrivons à faire tout cela puisqu’ils nous permettent d’avoir des autorisations. C’est vrai que le soldat, sa place, c’est au front, mais à travers le micro aussi, on peut faire cette guerre. Nous avons rencontré pas mal de difficultés mais grâce à tous ces acteurs qui nous accompagnent, nous y arrivons. Minute.bf est déjà un tremplin pour nous. Mon manager Paulin est aussi un bouclier, un homme spécial et compétent qui me booste toujours dans ce domaine musical. Donc, dans toutes ces difficultés que nous rencontrons, nous arrivons à franchir le cap.

« Je chante pour redonner espoir »

Minute.bf : Comment vos collègues réagissent-ils à votre carrière musicale?

Bam’ss Grâce : Au début, on pensait que l’homme de tenue, sa place, c’est juste la tenue, le front, le combat. Mais avec le temps, nous voyons des hommes de tenue talentueux dans tous les domaines. Nous avons de grands mentors : Keyzit, Whé whé, Saga Den, pas mal d’artistes musiciens, slameurs, peintres, écrivains; je profite de l’occasion saluer le colonel Williams Combary, qui est un grand écrivain de la gendarmerie nationale. Nous avons pas mal d’artistes sur tous les plans. Et nos collègues saluent cela parce que ça les galvanise. Vous savez que lors des formations, ce sont les chants qui nous réveillent.

Quelqu’un qui pensait peut-être perdre le moral ou qui avait perdu le sourire, à travers les chants, il se retrouvent tout de suite dans la joie. Je chante pour redonner espoir, pour consoler les cœurs. Si nous lisons les anciens textes, et nous revoyons les anciennes armées, lorsqu’il y avait un combat, il y avait des enfants qui accompagnaient avec des tambours, pour remonter le moral de la troupe et les inciter à aller de l’avant pour affronter l’ennemi. Donc nos collègues nous voient comme des griots qui leur donnent le moral et ils en sont très fiers.

Minute.bf : Y a-t-il des expériences spécifiques dans votre travail de gendarme qui vous ont inspiré des chansons ou des projets musicaux ?

La reponse dans cette vidéo ⤵️

Minute.bf : Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite poursuivre une carrière artistique tout en ayant une autre profession exigeante ?

Bam’ss Grâce : Il faut dire que la musique c’est une passion. La musique de nos jours a beaucoup évolué. Et dans son évolution, elle a connu aussi un vrai sabotage. Tout le monde est devenu musicien, et chacun lutte pour sa cause. D’après un adage d’un homme fort : « Chacun se bat pour sa chose ». Celui qui veut s’engager dans le domaine musical ou artistique, peu importe, c’est quelque chose qui naît en soi. Si déjà, tu as la vocation de le faire, que tu as les capacités de le faire, il ne s’agit pas seulement de se lancer, il faut des compétences. Et, en plus de ces compétences, il faut toujours donner le meilleur de soi. Il faut donner un produit en rapport avec l’actualité, un produit qui galvanise, un produit qui conseille, un produit qui éduque. Il ne faut pas venir faire le show seulement. Donc, j’encourage tous ceux qui veulent se lancer dans ce domaine à bien revoir leurs chaussures, les cirer, vérifier vraiment leurs documents et se lancer afin qu’un jour on ne dise pas que tel artiste, on ne le voit plus. C’est vrai que la musique n’a pas commencé par nous mais on veut toujours être les meilleurs.

Minute.bf : Comment envisagez-vous l’avenir de votre carrière?

Bam’ss Grâce : Un adage encore disait : « Tant que c’est pas fini, on est dedans ». Mon premier album est dénommé « Plus que vainqueur ». Et cela veut dire beaucoup de choses. Nous ne voulons pas seulement atteindre le but ou bien le sommet. Nous voulons aussi qu’après avoir atteint le sommet, nous tirons aussi et nous laissons derrière nous, une page qui va vraiment marquer l’histoire. Donc nous envisageons l’extérieur, les pays voisins, afin que ce message de consolation que nous transmettons au peuple burkinabè atteigne aussi les peuples touchés par des situations difficiles. Qu’il atteigne ces personnes qui se sentent abattues, ses familles qui veulent de l’espoir. Donc, nous n’allons jamais abandonner. Tant que ce n’est pas fini, on est dedans.

Minute.bf : Un dernier mot ?

Bam’ss Grâce : Mes remerciements vont tout d’abord à l’endroit de Minute.bf, toute la Direction. A tout ceux qui sont là pour la bonne cause, je les salue très respectueusement, je leur dis merci. Merci d’avoir permis de franchir vos locaux et de parler de notre carrière musicale. Que Dieu vous bénisse abondamment. Je dis merci aussi à ma hiérarchie. En face de ceux qui me suivent, je dis à ces familles endeuiller, à ces veuves, à ces orphelins que nous sommes au bout de la victoire et que cette situation que nous voyons aujourd’hui va disparaître en un rien de temps. Nous avons eu plein de situations qu’on a oubliées tout de suite. On criait Corona virus mais aujourd’hui, on a oublié même qu’il y a eu une maladie qui envahissait nos territoires. Bientôt, nous allons retrouver la paix qui est la source de notre bonheur. Que la grâce et la bonté de Dieu Tout-puissant soit avec chacun d’entre vous. Merci.

Propos recueillis par Oumarou KONATE

Minute.bf

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