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vendredi 29 mars 2024

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Ouaga/Samandin : Un projet de construction d’une école dans un espace vert divise les riverains

Un groupe de riverains du secteur 5 (Samandin) de l’arrondissement N⁰1 de Ouagadougou ont tenu un sit-in le dimanche 14 février 2021 dans ledit secteur pour contester une délibération du Conseil municipal de Ouagadougou datant de 2018 et portant sur la construction d’une école primaire sur l’Espace vert (EV) de la zone 9 dudit secteur. Ces riverains « révoltés », estiment qu’un EV ne saurait être exploité pour construire une école et que l’espace en question devrait plutôt servir de cadre de loisir ou de détente. Pourtant, la délibération du Conseil municipal relative au projet fait suite à une demande, datant du 29 janvier 2018, d’un autre groupe de riverains du même secteur avec pour objet : « Construction d’un complexe scolaire dans la zone 9 du secteur 5 de Ouagadougou », adressée au Maire de l’Arrondissement n°1 de Ouagadougou.

Le groupe de riverains, composé de femmes, d’hommes, de jeunes et d’enfants, qui s’oppose à la construction de l’école primaire sur l’espace vert estiment qu’un EV n’est pas dédié à la réalisation d’une telle infrastructure. « Un EV est destiné à des aménagements pour le loisir, c’est un poumon écologique d’un quartier », a noté Dr. Laurent Ouédraogo, habitant du quartier, par ailleurs enseignant chercheur en géographie à l’Université Joseph Ki-Zerbo, membre de ceux qui s’opposent au projet.

Pour lui, il est incompréhensible qu’un EV soit désigné par un Conseil municipal pour la construction d’une école. « Nous avons exprimé clairement notre refus d’occuper de la sorte un espace dans les quartiers pour dégrader davantage le cadre de vie, les conditions de vie des populations », soutient-il. A l’entendre, c’est un cri de cœur que les riverains donnent à travers ce refus, parce qu’ils ont une préoccupation qui est « d’avoir un espace de loisir bien aménagé pour que les gens vivent dans de meilleures conditions ».

Dr. Laurent Ouédraogo, habitant du quartier, représentant ceux qui s’opposent au projet de construction de l’école dans l’espace vert

M. Ouédraogo fait savoir dans ce sens que dans leur démarche pour s’opposer au projet, les manifestants avaient rencontré à deux reprises les autorités municipales de l’Arrondissement N°1. « Et on ne s’est pas entendu parce que le maire a dit clairement qu’il tient à la construction de l’école sur cet espace et nous lui avons présenté les preuves pour lui dire qu’il s’agit d’un espace vert et non d’une réserve administrative, et nous avons même eu les données au niveau du cadastre qui prouvent qu’il s’agit bel et bien d’un EV », a déclaré l’enseignant chercheur.

Du coup, poursuit-il, « nous ne savons pas ce qui se cache derrière ce forcing, derrière cette insistance de la mairie à changer la destination de cet EV alors que les textes sont clairs en la matière ». Il souligne par conséquent que la population est prête à se battre, en disant non au Conseil municipal et en lui faisant savoir qu’il y a d’autres besoins plus urgents pour les gens du quartier que « la prétendue école qu’ils veulent construire ».

Une vue de l’espace vert, source des tensions entre les habitants de Samandin

« Si nous gagnons l’école ici, ça nous soulagera »

Par contre, ces positions ne sont pas partagées par ceux-là qui ont demandé la construction d’une école primaire dans l’EV. Ces derniers, partisans du projet, avancent que les enfants du secteur sont obligés de traverser les grandes voies qui entourent entièrement le secteur pour se rendre à l’école et que ces enfants sont chaque fois victimes d’accident.

C’est eu égard à cela, indiquent-ils, qu’ils ont demandé à leurs élus locaux de leur aider avec une école au niveau de l’espace en question.« En tout cas, les accidents sont récurrents ici. Moi-même qui vous parle, ils ont cogné mon petit frère sur le goudron en 2000 et il en est décédé. Mon enfant aussi a été victime d’un accident sur l’Avenue Bassawarga lorsqu’il était en classe de CE1, cela l’a traumatisé et il ne continu plus l’école. Il y a plusieurs autres cas comme ceux-là. Si nous gagnons l’école ici, ça nous soulagera », a témoigné Moussa Kabré, un autre habitant du quartier.

À cet effet, leur demande a été transférée à la Mairie centrale par le maire de l’arrondissement N°1 et à l’issue d’un Conseil municipal, la Mairie a décidé d’entreprendre le projet de construction d’une école par la technique de la voute nubienne sur l’EV.

Moussa Kabré, un autre habitant du quartier, milite avec certains habitants pour la construction de l’école dans l’espace vert

Lorsque nous sommes rentrés en contact avec Adama Kouraogo, l’un des 5 conseillers du secteur N°5, celui-ci nous a fait savoir, avec pièces à l’appui, que les procédures d’amendement du projet relatif à la construction de l’école ont été respectées légalement au niveau du Conseil municipal.

Il s’est aussi avéré, selon les documents que nous avons reçus de lui, que le projet s’élève à près de 63 millions et est financé en grande partie par le Fonds Permanent pour le Développement des collectivités territoriales (FPDCT) visant la construction d’une école primaire par la technique de la voute nubienne dans le secteur N°5 de l’arrondissement 1 de Ouagadougou.

Aux dernières nouvelles, il nous est revenu que l’entreprise chargée des travaux de construction de l’école s’apprêtait à entamer le chantier, mais a préféré au préalable que la Mairie rencontre une fois de plus les riverains du secteur afin d’apaiser les tensions…

Hervé Kinda

Minute.bf

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