« Quoi qu’il arrive, on ne bouge pas, personne ne bouge d’ici », a proféré Yacouba Kéré, décidément remonté contre leur déguerpissement de la zone de Yamtenga, dans l’arrondissement 11 de Ouagadougou. Au cours d’un point de presse, ce mardi 19 décembre 2023, ces résidents ont interpellé les autorités de la Transition sur « leurs responsabilités quant à l’évolution de [leur] situation foncière litigieuse dans la zone de Yamtenga suite aux opérations d’attribution de parcelles depuis 2003 ».
Le torchon brûle à Yamtenga dans l’arrondissement 11 de Ouagadougou. Pour cause, un problème foncier oppose des résidents à des propriétaires terriens.
Tout est parti, selon des résidents, de « l’opération d’attributions frauduleuses et chaotiques » des parcelles en 2003. Et cette situation, disent-ils, a abouti à des « résultats malheureux » dont « des résidents non-attributaires qui font permanement objet de menace de déguerpissement à la fois par des promoteurs privés et d’attributaires individuels et qui sont abandonnés à eux même ne sachant pas où mettre la tête ».
Et ce ne sont pas les tentatives de règlement à l’amiable qui font défauts. Selon Yacouba Kéré, porte-parole des résidents, leurs multiples démarches engagées pour « l’apurement du passif sur le foncier, dans un esprit pacifique et de recherche de règlement à l’amiable de ces litiges auprès des autorités sont restées sans suite ». Il cite notamment les cas de la zone litigieuse dite du « Mouvement sunnite », et celui du promoteur d’une école.
« Sur le cas du litige nous opposants au Mouvement sunnite, nous saluons l’option de nous attribuer des parcelles de recasement et nous sommes engagés toujours pour un dénouement apaisé et à l’amiable. Cependant, notre position est claire et reste inchangée sur les garantis de notre droit au logement notamment sur les points-ci : la poursuite de l’attribution de parcelle régulière conforme à tous les ménages recensés ; exigeons un délai suffisant pour permettre aux résidents de préparer convenablement leur réinstallation sur le nouveau site ; exigeons du promoteur immobilier du Mouvement Sunnite et de la mairie, la sécurisation du site destiné au recasement à travers une autorisation de lotir de la mairie de Saaba et la mise en conformité avec les services compétents du ministère chargé des affaires foncières », a demandé Yacouba Kéré.
Pour la situation « conflictuelle » opposant des résidents au promoteur de l’établissement, ces résidents ont proposé « l’application de la mesure de suspension des aménagements dans les zones litigieuses ».
Contacté par téléphone, le promoteur de l’école Buud-Yam a émis une réserve. « Le dossier est en justice. Pour le moment, je ne souhaite pas reagir à leur conférence en attendant l’aboutissement du jugement », nous a-t-il confié.
« L’arrivée du MPSR 2 et les discours en faveur des plus pauvres nous avaient fait croire que nous sortirions de la misère que nous vivons et que nous serions enfin considérés comme des citoyens qui ont aussi droit à vivre de manière décente. Nous pensions que la recréation était terminée pour ces bourgeois qui se plaisent à arracher des centaines de parcelles pour se vautrer dans le luxe et faire du fric pendant que des burkinabè cherchent un toit pour se loger. Mais jusque-là, rien n’a changé dans notre situation. S’il y’a eu changement, c’est bien l’aggravation de notre sort à travers le projet de déguerpissement en cours dans notre zone », a regretté M. Kéré.
Du reste, ces résidents ont attiré l’attention des autorités nationales et du ministre en charge des affaires foncières à s’impliquer dans « la résolution de cette affaire dans le sens du respect du droit au logement des populations ».
Aussi, ces derniers ont réclamé aux autorités nationales, « un plan clair et cohérent pour l’apurement du passif foncier ». Ils disent prendre les autorités « responsables pour toute dégradation la situation dans les zones litigieuses ».
Il convient de préciser que ces deux affaires ont été portées devant les juridictions. Leurs jugements en première instance a donné raison au Mouvement Sunnite et au promoteur de l’école. Mais les résidents ont interjeté appel de la décision de justice. Et avant une décision finale, Yacouba Kéré et ses camarades, entendent « résister au déguerpissement, quoi qu’il arrive ».
Mathias Kam
Minute.bf