dimanche 8 septembre 2024
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Ouagadougou : Des habitants de Balkuy refusent « l’expropriation de leurs terres » par la SONATUR

Le torchon brûle entre la Société nationale d’aménagement des terrains urbains (SONATUR) et des populations de Balkuy, à Ouagadougou. En effet, réunis ce samedi 04 mars 2023 à la Bourse du travail de la capitale burkinabè, des habitants de Balkuy, dans l’Arrondissement 12, secteur 55 de Ouagadougou, ont dénoncé les agissements de la SONATUR tendant à « les déguerpir de [leurs] terrains ». Ces derniers ont invité les autorités nationales aux pourparlers afin d’éviter « un autre front de défiance ».

Depuis le 23 février 2023, la Société nationale d’aménagement des terrains urbains (SONATUR) a entamé des actions de déguerpissement et de déterrement des bornes illégales dans différents quartiers de la Commune de Ouagadougou. Ces actions concernent environ 30 hectares pour le seul quartier de Balkuy dans l’Arrondissement 12 de Ouagadougou. Pour la SONATUR, lesdits hectares appartiennent à l’État, les constructions y étant érigées sont donc illégales et les populations doivent déguerpir.

Les habitants de Balkuy ont déploré ces actions qui les visent. Ces derniers ont, face à la presse ce samedi, crié leur ras-le-bol et disent refuser « l’expropriation de [leurs] terres », estimant qu’ils sont les « vrais propriétaires des terrains, documents à l’appui ». Pour ces « autochtones », ces terres appartiennent à leurs ancêtres et ils habitent ces lieux depuis plusieurs dizaines années, avant même l’arrivée de l’urbanisation. Ils invitent donc l’autorité d’État à prôner le dialogue. Selon Antoine Kafando, « autochtone » de Balkuy, les habitants de cette localité sont « détenteurs de tous les documents des terrains depuis 1990 ».

Lire aussi ➡️ Aménagements illegaux de terrains : « On va remettre de l’ordre » (Yacouba Siko, DG ONC-AC)

Taonk Naaba Sanam, représentant des chefs coutumiers de la l’arrondissement 12

« La SONATUR nous a traités d’individus non identifiés. Eux qui sont identifiés, leur village est où ? C’est le village des individus non identifiés qu’ils veulent prendre pour s’enrichir. Nous ne sommes pas d’accord. La SONATUR n’a pas de morcellement dans le quartier (Balkuy, ndlr). Le plan présenté à la télévision, c’est pour laver le cerveau des gens. Ils ont pris le projet Ouaga 2000 et combiné aux autres morcellements. Quand tu regardes, ça trompe. Que chacun se rende sur le terrain pour voir. Quand on créé une société d’État, c’est pour aider les gens. Vous vous asseyez et vous trouvez un terrain d’entente avec les propriétaires. Cela n’a pas été fait. Ouaga 2000, ce sont nos champs qu’ils ont pris et chacun s’est enrichi. Qu’ils trouvent autre chose à faire que de venir avec des Kalash pour déguerpir les populations », a-t-il clamé.

Antoine Kafando, autochtone de Balkuy

Taonk Naaba Sanam, représentant des chefs coutumiers de la l’arrondissement, a invité la SONATUR à tout mettre en œuvre pour que les populations puissent bénéficier de ce qui leur revient de droit. « Rien ne s’obtient dans la durée par la force. La force a ses limites », a-t-il déclaré.

Paul Kaboré, président d’honneur de l’Organisation nationale des syndicats libres du Burkina, a joué la carte de l’apaisement. Il a invité les populations à la retenue. « Ce n’est pas normal que depuis 1990, c’est maintenant on leur demande de quitter les lieux. Ils ont fait des investissements sur ces zones. Mais nous allons tout faire pour aller voir le ministre d’État chargé de la Fonction publique pour plaider et aller voir le Premier ministre pour trouver une issue favorable. Dans un gouvernement qui recherche la cohésion sociale, il ne faut pas mettre les chefs coutumiers à dos. Ils sont 13 assis ici, désemparés, dont un chef de terre. On peut s’asseoir pour discuter. Sinon, il y a un autre terrorisme qui va se déclencher », a plaidé Paul Kaboré.

Paul Kaboré, président d’honneur de l’Organisation nationale des syndicats libres du Burkina Faso

Précisons que, selon la SONATUR, le terrain litigieux fait partie de la zone d’aménagement spécial créée par le KITI n⁰AN VIII-0057/EQUIP/SEHU du 28 septembre 1990. Cette zone a été dénommée « Ouaga 2000 » en 1996 et transférée à la SONATUR par décret n⁰98-196/PRES/PM/MIHU/MEF/MCIA du 29 mai 1998. C’est en vertu de ces textes que la SONATUR aménage et gère les terrains de ladite zone, contestés par des populations.

Mathias Kam
Minute.bf

3 Commentaires

  1. la politique ou l’objet de la SONATUR meriterait d’etre d’être repensé . On s’eloigne de l’esprit des cités du temps de la Révolution en expropropriant de leurs champs des populations rurales pour en faire des parcelles d’habitation de milliers de mètres carres vendues à des prix hors de portée. de 99,99% des burkinabès. C’est même là une source de l’enrichissement illicite des agents de l’etat. Le philosophe français a dit qu’en démocratie pas de luxe car là où y a le luxe il y a la corruption. Depuis le projet Ouaga 2000 et autre ZACA il y a visiblement une excroissance des cas de corruption ou de détournement dans notre administration.

  2. Salutation à tous! Moi je voudrais savoir si la société immobilière qui a vendu les parcelles sur le terrain est saisie de l’affaire! Pourquoi c’est la population qui est en avant de l’affaire? Juste des questions car je ne maîtrise pas les contours! Est ce une solution à l’amiable est possible entre la SONATUR et ladite société immobilière n’est pas envisageable? Je vois trop de souffrance des habitants à l’avenir si démolition se fait!!!

  3. Rectification de phrase:  » Est ce que une solution à l’amiable n’est pas envisageable entre la SONATUR et la société immobilière en lice »

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