dimanche 8 septembre 2024
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Ouagadougou : La construction d’une école divise les populations à Belle-ville

Les riverains de Belle-ville dans l’arrondissement N⁰06 de Ouagadougou, ont observé un mouvement d’humeur ce samedi 15 avril 2023, suite à la poursuite de la construction d’un établissement dans leur quartier en dépit de l’interdiction de la direction générale de l’urbanisme.

Impossible de se frayer un chemin sur le goudron logeant la devanture de l’école Primaire privée Som-Tongré du secteur 28 de l’arrondissement 06, ce samedi matin. Plusieurs dizaines de riverains ont pris d’assaut les lieux pour, disent-ils, exiger l’arrêt des travaux de construction du bâtiment abritant l’établissement. Selon les riverains, le bâtiment de type R+3, qui abrite l’école, a été construit sur une parcelle à usage d’habitation au grand dam de toutes les procédures qui s’imposent en la matière.

Les populations ont manifesté leur mécontentement devant l’établissement

« C’est une zone d’habitation et non une zone commerciale. Il faut d’abord introduire des papiers pour faire un reclassement, c’est tout un dossier qu’il faut monter afin qu’on te dise que cette zone qui était à usage d’habitation passe à un usage commercial. Mais pour que ça se fasse, le ministère doit même d’abord nous demander. Il n’a pas fait ça et il est venu directement décoiffer la maternelle qui était là et a commencé à construire en hauteur », explique Moïse Ouedraogo, voisin de l’établissement tout en faisant remarquer que l’établissement fait partie des établissements qui avaient été sélectionnés par le ministère de l’éducation nationale, comme ne devant plus ouvrir parce que n’étant pas conformes aux règles.

L’immeuble à polémique

Selon lui, le ministère de l’urbanisme et de l’habitat, alerté sur la question en 2018, a diligenté une expertise à l’effet de vérifier la conformité du bâtiment. Une expertise à l’issue de laquelle, il a décidé de l’arrêt des travaux en affichant une première injonction. « Les travaux de ce bâtiment ont été arrêtés pour la première fois en 2018. Il était au niveau 1. Mais il a toujours refusé d’écouter ce qu’on lui a dit. Premièrement, il a pris un kiosque et il a caché l’injonction ‘Arrêt de chantier’ et ensuite il a continué à construire jusqu’au niveau 2. On l’a encore arrêté. Mais il a encore continué. Et la dernière fois, on l’a encore vu en train de monter un troisième niveau. On s’est déporté au niveau de l’ONCAC qui est un démembrement du ministère de l’habitat et ils nous ont dit qu’il ne pouvait pas continuer les travaux, parce qu’il n’avait même pas d’autorisation de construire », a expliqué Moïse Ouedraogo. Il a ajouté que le 11 avril 2023, une deuxième injonction a une fois de plus été affichée sur le bâtiment. Mais, en depit de cela, le propriétaire de l’établissement a continué à construire et de nuit maintenant.

Moïse Ouedraogo, riverain

S’il y a une chose que les voisins mitoyens de ce bâtiment R+3 disent craindre le plus, c’est la « menace » que représente l’immeuble pour les riverains. Des dires de Kabré Sydyalséré, un autre voisin, le bâtiment est construit sur une zone inondable et cela, sans qu’aucune expertise des services habilités en la matière n’ait été effectuée. « La zone est inondable. C’est pas adapté pour des maisons de ce genre. Et pour ce genre de maison, il faut un technicien qui vous suit, qui vous conseille. Regardez par exemple, il n’y a pas d’escalier de secours. On s’est levé trouver un matin qu’il a décoiffé la maternelle et commencer à faire un premier niveau », a-t-il fustigé.

Dans cette affaire, les riverains disent ne pas comprendre l’inaction du ministère de l’habitat. « Le gouverneur a été clair. Il dit que ce bâtiment ne répond pas aux normes. Il a pris sa décision, il a fermé les établissements. Mais pourquoi le ministère de l’habitat ne peut pas en faire autant pour trouver une solution. Ils n’ont qu’à nous dire ce qui se passe. Vous venez arrêter une fois mais il continue. Une deuxième fois, pareille et maintenant un troisième fois, mais vous ne faites rien », a fustigé Moïse Ouedraogo.

L’injonction des services de contrôle de l’habitat

Dans un souci d’équilibre de l’information, nous avons recueilli la version du propriétaire de l’établissement à polémiques. Jean -Théophile Kaboré, puisqu’il se nomme ainsi, a battu en brèche toutes les accusations portées à son encontre. Il assure avoir pris toutes les dispositions nécessaires pour s’assurer que la construction respecte les normes de sécurité requises, avant d’entamer les travaux. D’après ses explications, le problème a même été débattu en justice où il dit avoir apporté les preuves d’une expertise qu’il a fait diligenter sur le site par le Laboratoire national des Batiments et des travaux publics (LNBTP).

« Les voisins m’ont attaqué comme quoi j’ai construit un immeuble qui représente pour eux, un danger et que ledit immeuble a été construit sans respecter les règles de l’art. En tribunal, j’ai apporté toutes les preuves parce que j’ai une étude qui a été faite par le laboratoire national des Bâtiments et des Travaux Publics. J’ai une notice de sécurité incendie établie par des experts en incendie. J’ai engagé un cabinet d’architecture qui a fait les plans architecturaux, les devis descriptifs, les devis estimatifs. J’ai engagé un ingénieur qui a fait la note de calcul. Et c’est sur cette base que j’ai entrepris la réalisation de l’immeuble », a-t-il confié.

Jean -Théophile Kaboré, propriétaire de l’établissement

Sur l’absence du permis de construire, Monsieur Kabré dit avoir entamé des démarches auprès du maire de l’arrondissement 06 à l’époque, Jean Nacoulma, qui lui aurait confirmé qu’il est bien attributaire de la parcelle, mais, qu’il n’était pas en mesure de lui délivrer un PUH, en raison de la suspension des lotissements en 2011. « L’insuffisance se trouve au niveau de l’administration et non à moi mon niveau, puisque c’est l’administration qui n’est pas en mesure de me donner un PUH. Donc j’ai entrepris la construction, tout comme les voisins même aussi, ont construit sans permis de construction », a-t-il dit, ajoutant qu’une autre opération d’expertise a encore été menée sur le site, sur ordonnance cette fois-ci, du président du tribunal et que l’expert a conclu à la page 16 de son rapport, que « la ruine de l’immeuble n’est pas à craindre pour les occupants et pour le voisinage ».

La justice aurait alors rejeté leur demande de démolition de l’immeuble et les aurait condamnés à lui rembourser les frais d’expertise. Concernant l’injonction sur le bâtiment, le mis en cause a dit avoir rencontré les services de contrôle du ministère de l’habitat qui lui ont suggéré « de changer la destination de l’immeuble ». « L’immeuble a été construit pour en faire une école, mais, ils m’ont dit que si j’ai les moyens, de continuer à construire mais de changer la destination. C’est pour cela que j’ai repris les travaux en attendant de mettre ça en location. », a-t-il expliqué.

Oumarou KONATE

Minute.bf

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