Au pays des hommes intègres, certaines personnes ont fait de la mendicité leur principale source de revenus. Elles ont tellement intégré cette pratique dans leurs habitudes qu’elle tend à devenir un fait culturel pour elles. A Ouagadougou, les accros aux aumônes ont même un espace de travail qu’ils se sont découverts : le « marché du sacrifice » ou encore « doos yaaré », en langue Mooré. Situé au quartier Patte d’oie dans l’arrondissement N°12 de la capitale, l’espace s’est mué en un grand centre d’affaires pour les mendiants. Reportage !
Vendredi 24 mars 2023, il est 08h. Nous sommes au « doos yaaré », marché du sacrifice en langue Mooré. Initialement réservé par la Société Nationale d’aménagement des Terrains urbains (SONATUR), pour la création d’un Centre commercial, cet espace de plusieurs hectares qui longe le boulevard France-Afrique, est occupé depuis maintenant plusieurs années par des mendiants en tout genre. En cette matinée de « jour saint », vieilles, enfants, vieillards et marchands ont déjà investis les lieux, qui, assis sur une natte, calebasse en mains, qui, couchés sur un hamac. Tous attendent d’éventuels « clients ». Comme dans un marché ordinaire, les gens s’amènent. À pieds, à vélos, à motos ou en voitures, ils arrivent de toute part, munis pour certains d’un sachet noir, pour d’autres, d’un tissu blanc contenant de la matière inconnue. À leur approche, les mendiants se bousculent. Chacun tend la main et appelle de vive voix : « Wend n’a reegue », « Que Dieu exauce vos prières », « Wa-y ka m biig-sõngo» « Venez par ici mon fils », lancent-ils presqu’en chœur, chacun espérant que l’on se dirigea vers lui.
Imperturbables et sereins, les « sacrificateurs » arrivent, identifient le mendiant qui répond le mieux à leurs critères et, lui tendant leur offrande, acceptent quelques bénédictions puis disparaissent tels qu’ils sont arrivés. L’espace déborde de monde. On entre au marché de sacrifice pour faire des offrandes demandées par des médiums ou voyants dans le but de réaliser un vœu ou d’atteindre un objectif. Les initiateurs de ces démarches ont très souvent des problèmes cruciaux relatifs à l’amour, la sexualité, le fécondité, l’argent, la santé, etc.
Si mendier est pour la plupart du temps lié à une déficience physique ou mentale, au « doos yaaré« , ce n’est pas le cas. La majorité des mendiants sur le site sont valides physiquement. Ahmadou Ibrahim fait partie de ces mendiants. Nous le rejoignons sous une tente qu’il occupe avec son frère cadet. Ils exercent ce « métier » depuis plus de 5 ans, son frère et lui. Valide physiquement, il dit n’avoir pas toujours mendié dans sa vie. C’est l’âge et les réalités sociales qui l’y ont poussé. 56 ans et sans soutien, il affirme n’avoir pas trouvé une autre alternative que de tendre la main. Et « Dieu merci », dit-il, les choses marchent bien. Au « doos yaaré », les affaires varient selon les jours. « Ça dépend. Il y a des jours où on peut s’en sortir avec 5 000 FCFA. Des jours, c’est 10 000 FCFA. Souvent aussi tu viens, c’est avec 25 FCFA seulement que tu vas rentrer », nous confie-t-il.
Il ajoute que ce sont les fruits de ce travail qui lui permettent de nourrir sa famille, payer son loyer et soigner ses enfants quand ils sont malades. « Je vis dans une maison non-loti. Le loyer fait 11 000 FCFA le mois. C’est grâce à ça que j’arrive à payer. Je me débrouille avec ça un peu un peu. Grâce à Dieu, ça va. On arrive à survivre », déclare-t-il. Des dires d’Ibrahim, les jeudis et vendredis sont jours de marché sur le site. Ces jours-là, la clientèle afflue.
Il n’a pas tord de le dire ! Pendant que nous discutons avec lui, une voiture stationne. C’est une « cliente ». Le vieux mendiant se précipite à la portière et récupère un petit sac contenant du mil. Elle lui ajoute un sachet noir dont nous ne saurons jamais le contenu. Aussitôt fini, elle démarre en trombe et disparaît dans une nuée de poussière. Le mendiant est tout sourire. Les choses semblent bien commencer ce matin, pour son plus grand bonheur.
Ibrahim s’en sort si bien dans ce « travail », qu’il y a même initié sa femme et ses enfants. À quelques mètres de sa position, se trouve en effet Aïssa, son épouse, elle aussi mendiante. Les enfants, quant à eux, sillonnent les rues de Ouagadougou, bols en mains, pour quémander. Quand vient le soir, selon les termes du « vieux », tout le monde vient rendre compte de sa recette journalière. Et gare à celui qui ne rapportera rien à la maison!
Au marché de sacrifice, chaque personne a sa place bien réservée. Sur les lieux, les mendiants ont même un doyen qui porte leurs voix. C’est Saïdou Dicko. Son rang sur le site se reconnaît par la place qu’il occupe avec sa famille. Assis juste en face du feu du jardin 2000, il est, en effet, le premier mendiant à vous accoster par le boulevard France-Afrique.
« Je peux dire qu’ici, les gens me respectent. Quand il y a un problème, on m’appelle. À juste titre, parce que j’ai duré ici. Je ne me rappelle même plus du nombre d’années que j’ai fait là, mais je sais que ça dépasse 08 ans que je suis là », confie celui qui passe pour le chef aux yeux de ses pairs mendiants. Même s’il s’abstient de nous donner une estimation de ses gains journaliers, il avoue néanmoins qu’il s’en sort très bien. La principale préoccupation du chef des mendiants demeure les opérations impromptues de déguerpissement que la police municipale mène sur le site. Il dit ne pas comprendre la raison pour laquelle on veut « chasser des lieux » des gens que la difficulté de la vie a contraint à ne devoir leur pitance que par la générosité des bonnes âmes. « C’est parce que c’est dur que nous on est assis ici. Sinon qui souhaite venir s’asseoir sous ce soleil et dans les odeurs comme cela jusqu’au soir. Il faut que la mairie comprenne que nous sommes aussi des Burkinabè », lance-t-il, un brin de nervosité dans les yeux.
Au « doos yaaré », les mendiants ne trient rien. Tous les dons sont les bienvenus, pourvu qu’ils soient « licites tels que recommandés par l’Islam ». De la viande fraîche à la cola, le lait, en passant par le mil, le maïs, les animaux vivants ou simplement de l’argent en espèce, ces quémandeurs acceptent tout. « On prend tout, sauf la viande de chien, de porc, l’alcool et tout ce que l’islam interdit. Sinon ici nous on prend tout. Si vous avez quelque chose seulement, vous pouvez envoyer », nous lance Moctar, un autre mendiant.
Cette prédisposition à tout accepter n’est cependant pas sans risques pour ces mendiants. À l’origine, en effet, un sacrifice est une offrande que l’on fait sur recommandation d’un guide spirituel en vue de l’expiation d’un péché ou pour conjurer un sort. Tous les sacrifices ne sont donc pas sans conséquences pour leurs preneurs. Et certains mendiants en ont vécu des expériences amers. C’est le cas de Moctar, qui a plusieurs fois été victime de situations du genre. Dans sa « riche carrière » de mendiant, le septuagénaire dit avoir été maintes fois confronté à des aumônes « difficiles à consommer ». « Il y a certains dons-là, ça fait vraiment dresser les cheveux sur la tête. C’est trop lourd (Rires). Je me rappelle qu’une fois quelqu’un est venu me remettre de la cola transpercée par des aiguilles. Bon, ça-là comme ça-là, on va manger ça comment ? Mais comme on ne refuse pas, j’étais obligé de prendre. Souvent aussi, c’est de la viande fraîche mélangée à des aiguilles qu’on nous envoie. Mais on prend quand même. De toute façon, c’est Dieu qui nous protège », nous fait-il confidences. Quand nous l’interrogeons sur ce qu’il fait des sacrifices qu’il reçoit, il se rétracte à nous donner une réponse.
Le « doos yaaré », lieu de tous les business
En vérité, ce que Moctar refuse de nous dire, c’est que sur les lieux, il se mène un « commerce triangulaire » entre les mendiants, les sacrificateurs et les commerçants d’objets de sacrifice qui y sont installés. Les aumônes reçues par les mendiants sont aussitôt revendues aux marchandes. Lesquelles vont, à leur tour, les revendre à de potentiels sacrificateurs sur le même site. Ainsi de suite, le manège va tournant. C’est d’ailleurs ce que va nous expliquer dame Salimata qui a accepté de s’ouvrir à nous pour, dit-elle, nous expliquer le « bien-fondé » de ce commerce. Elle est la doyenne des commerçantes installées sur les lieux.
Pour celle qui dit être sur ce site depuis environ une dizaine d’années, la pratique est tout à fait normale dans ce marché de sacrifice. « Je vous explique quelque chose. Il arrive des jours où quelqu’un vient donner tout un sac de sel à un mendiant ici comme sacrifice. Qu’est ce qu’il va faire avec ça ? Il ne peut pas manger un sac de sel lui seul quand même ! Donc, c’est mieux qu’il revende ça avec nous pour avoir son argent. Et; comme ça, il pourra faire autre chose avec cet argent. Ou bien, on vient donner une calebasse de colas à un mendiant. Une calebasse, ça fait 100 colas à l’intérieur. Est-ce qu’une personne peut manger une calebasse de colas elle seule ? Donc, il suffit que le mendiant nous revende sa cola et nous aussi on lui donne son argent pour qu’il puisse payer à manger ou autre chose comme payer du savon ou du riz », avance dame Salimata. C’est donc une manière, soutient-elle, de venir en aide aux mendiants et de leur permettre de tirer le plus grand bénéfice des aumônes qu’ils reçoivent.
Au nombre des produits de sacrifice couramment échangés par les mendiants, on retrouve des galettes, de la volaille, de la cola, du haricot, des arachides, du lait, du sel et même des cauris, des aiguilles, des pierres noires et blanches et bien d’autres éléments utiles aux sacrifices. Le deal est si rentable que le mendiant, dès qu’il reçoit une aumône, accoure pour le revendre auprès des marchandes. C’est un business dans lequel chacun trouve son compte.
Alors que la marchande nous justifie ses actions, un homme d’une trentaine d’années arrive sur une moto. Elle se précipite vers lui. Il lui murmure quelque chose à l’oreille. Nul doute qu’il est à la recherche d’un élément pour un sacrifice sur les lieux.
Salimata le lui remet dans un petit sachet noir et récupère son dû. Aussitôt reçu, l’homme ne fait pas un pas qu’il appelle un jeune mendiant. Entre deux incantations, il le lui remet avant de démarrer sa moto et de disparaitre. Juste après son départ, le mendiant, la vingtaine à peu près, s’approche de la marchande qui l’accoste et récupère le produit qu’elle remet à sa place dans ses marchandises. « On va faire le compte ce soir », lui lance-t-elle en langue nationale avant de revenir vers nous et de nous déclarer : « Vous voyez vous-même ? Quand c’est comme ça, il est tout heureux. Et l’objectif de l’aumône même sera exaucée. C’est ce que Dieu demande », nous dit-t-elle, le sourire au coin des lèvres. La marchande affirme d’ailleurs ne pas comprendre l’attitude de certaines personnes qui tendent à vilipender le commerce qui se mène sur le marché de sacrifice.
« Qu’on nous relocalise sur un autre site, nous et nos mendiants… »
S’il y a bien une chose que la doyenne des marchandes de sacrifice a dit déplorer le plus, ce sont aussi les opérations musclées de déguerpissement que la police municipale mène souvent sur le site. Elle appelle à plus d’indulgence à leur égard. « La police nous dérange, parce qu’ils disent que nous sommes sur la route. Mais nous-mêmes on est allés les voir plusieurs fois pour leur dire de compter notre nombre-là pour nous trouver un terrain. Qu’on nous relocalise sur un autre site plus adapté pour nous et nos mendiants. On sait que ça va nous aider. Si on nous chasse d’ici, on va aller où ? Et les mendiants-là ? Ils vont devenir quoi ? On est tous des Burkinabè, on n’a qu’à s’aider. Moi je suis mère de 4 enfants dont le papa est décédé. C’est ici que je gagne à manger et je nourris mes enfants. Mais si nous tous on va aller chômer à la maison, il y aura encore plus de mendiants », soutient celle qui appelle le gouvernement à aménager un site spécialement pour les occupants de l’espace de la SONATUR.
Du côté de la police municipale, l’on évoque un problème d’hygiène et de sécurité publique. Selon la Police municipale que nous avons rencontrée dans le cadre de ce reportage, l’espace s’est mué en une « zone de non-droit » que les occupants ont transformé en une poubelle à ordures. « L’espace est devenu une zone de non droit où on assiste à des jets d’ordure de toute sorte, dégageant de ce fait des odeurs nauséabondes pour les riverains et l’entourage. Pire, on est interpellé parfois et très fréquemment sur des cas de braquages », nous confie l’inspecteur de Police Louis Naré, du service de la sécurité publique de la police municipale.
A l’en croire, cet espace dit « marché de sacrifice » constitue une « menace sérieuse » pour la sécurité, non seulement des riverains mais aussi des Ouagavillois en général surtout dans ce contexte de crise sécuritaire. « Premièrement, des étrangers s’installent, vendent et troquent divers articles dont on ignore la provenance. Ces pratiques peuvent être d’un grand danger pour la sécurité nationale. Des adeptes de terroristes peuvent surgir de ces milieux. Car rappelons-nous que des gens de diverses nationalités se retrouvent parfois sur ces lieux pour des raisons inconnues », a expliqué l’inspecteur.
Il a aussi regretté le fait que les potions ou remèdes à pouvoirs mystiques que ces mendiants reçoivent, sont souvent jetés aux abords des lieux. Ce faisant, « si ce n’est pas les usagers qui les piétinent, ce sont les badauds qui les ramassent et les consomment même souvent ». Ce qui pourrait entraîner des problèmes de santé chez ces populations. « Sans oublier que nous sommes en Afrique et que certaines pratiques peuvent avoir des répercussions inexplicables sur les gens », a-t-il soutenu.
Ce sont donc toutes ces causes qui justifient, selon lui, les actions récurrentes de son département sur le site. Entre autres actions, il s’agit, dit-il, de sensibilisations, d’ilotage, de rondes dissuasives et de déguerpissement. Du reste, il a maintenu que ces actions ne sont pas prêtes de s’arrêter surtout que c’est la sécurité des populations qui est en jeu. La mendicité étant une pratique illégale au Burkina Faso, il n’est pas aussi question d’une quelconque relocalisation des mendiants, poursuit-il.
En ce qui concerne les commerçants « anarchistes« , le directeur les invite à rejoindre les lieux de vente aménagés par la commune ou à défaut, à suivre la voie administrative pour se trouver un lieu d’installation, sous peine de se voir permanemment déguerpis.
C’est ce que souhaitent aussi la plupart des riverains du quartier de la Patte d’oie que nous avons rencontrés. Eux, qui disent avoir, à plusieurs reprises, interpellé la municipalité à trouver une solution à ce phénomène, s’estiment inquiets pour leur propre sécurité quand bien même les marchandes qui vendent sur ce site sont aussi riveraines du quartier. Mahamadou Ouédraogo est l’un des doyens dans ce quartier. Nous l’avons rencontré à son domicile. Il dit avoir assisté à plusieurs rencontres avec la Police municipale où, la question du marché de sacrifices a été abordée. Pour lui, l’espace est une menace à la sécurité des riverains au vu de son caractère ouvert et incontrôlé.
« On ne sait pas qui est qui là-bas. Tout le monde vient, il s’improvise mendiant et il s’assoit là-bas. Souvent même tu te lèves le matin, ils sont devant ta porte avec leurs enfants et des sacs dont on ignore le contenu. Moi je ne suis pas contre le fait de mendier, mais à cette allure-là, il y a lieu de s’inquiéter. La nuit même, il ne faut pas s’aventurer dans l’espace sinon on risque de te braquer », a-t-il déploré lorsque nous l’avons approché. Il appelle les premières autorités à trouver une solution au phénomène et « au plus vite ».
Pour Hervé Malo, un autre habitant du quartier que nous avons accosté, seule la mise en valeur de l’espace est la solution. Pour lui, tant que la SONATUR ne se décidera pas à entamer le projet pour lequel l’espace a été réservé, le site demeurera toujours un marché pour sacrifices. « C’est la seule solution. Ils ont été déguerpis combien de fois et ils sont revenus? Ce n’est pas joli que ce soit au cœur de la Capitale comme ça. Entre temps, sous Roch (Roch kaboré, ancien président du Faso, ndlr), quand le Burkina Faso recevait de la visite d’une autorité étrangère et qu’il devait passer par le rond point de la Patte d’oie pour aller à Kossyam, les policiers couraient pour venir les déguerpir pour ne pas que les gens disent à l’extérieur que Ouagadougou est une ville de mendiants (Rires). C’est pas la solution », a-t-il affirmé.
Si la plupart des riverains appellent à un nettoyage de la zone, certains par contre plaident pour l’existence de ce marché atypique. C’est le cas de Assami Guigma. Pour lui, l’existence de ce type de lieu dans le quartier offre une occasion aux personnes qui le souhaitent faire leurs offrandes sans avoir à trop chercher.
« Moi en tout cas, je pense que le fait qu’on ait ce genre de marché dans ce quartier est une bonne chose. Beaucoup de gens ont souvent des offrandes à faire, soit parce que c’est leur guérisseur qui le demande, soit parce qu’ils ont un besoin particulier. Comme ils sont tout près d’ici, ça arrange les choses. Les gens font comme si eux-mêmes ne font jamais de sacrifices pourtant ça fait aussi partie de la vie. Les mendiants ont aussi leur importance dans la société », a soutenu M. Guigma.
La mendicité est donc, de son point de vue, un mal nécessaire dans la société. Comme Assami Guigma, de nombreuses personnes trouvent également dans le marché du sacrifice, un exutoire pour leurs offrandes. Sauf que le site n’est vraisemblablement pas l’espace idéal pour ces pratiques. Situé en plein cœur de la Capitale, c’est un espace réservé par la SONATUR pour un vaste projet de construction d’un centre commercial.
« Nous ne voyons pas cette occupation comme une contrainte » ( DG SONATUR)
Pour avoir l’avis de la Société Nationale d’aménagement des Terrains urbains (SONATUR) sur la question, nous avons rencontré son directeur général (DG), Boureima Ouattara. Ce dernier affirme regretter l’occupation du site par les mendiants. A l’en croire, des opérations de déguerpissement ont été menées sur le site mais les mendiants l’ont aussitôt réoccupés les jours d’après.
Selon le DG de la SONATUR, le site « Cissin 2020 » a été aménagé avec la volonté de faire de l’axe urbain Boulevard France Afrique Avenue Bassawarga, un axe urbain fort, moderne, reflétant l’ambition du pays à se construire un futur radieux. Et l’aménagement du site qui couvre huit (08) hectares environ, a permis, dit-il, de disposer de deux centres commerciaux ; quarante-deux (42) parcelles à usage de commerce et service ; trente-huit (38) parcelles à usage d’habitation et de le viabiliser ( voies bitumées, caniveaux de drainage des eaux pluviales construits, approvisionnement en eau courante et en électricité disponible ).
L’objectif principal de ce projet, d’après lui, était de faire de ce site un pôle urbain reflétant la dynamique économique de la ville de Ouagadougou. « La vision stratégique de Cissin 2020 est de voir émerger un cadre moderne pour le développement des activités socio-économiques avec un délai de mise en valeur qui ne devait pas excéder trois (03) ans. Ce centre devait être le creuset des affaires pour le monde des institutions et opérateurs économiques », a-t-il laissé entendre ajoutant que le site, vierge de toute construction, a été parcellisé et attribué à des acquéreurs pour accueillir les investissements immobiliers avec un cahier des charges spécifique.
M.Ouattara a cependant confié que la construction de ce centre se trouve aujourd’hui en difficulté du fait de la lenteur des acquéreurs dans la réalisation de leurs différents projets. Dans le cadre de ce projet, a-t-il indiqué, la SONATUR s’est entourée de toutes les clauses juridiques en donnant un délai de mise en valeur aux acquéreurs. Mais le respect des clauses contractuelles ne dépendant pas de la SONATUR, il a dit ne pas pouvoir nous expliquer cette situation qui du reste, leur est aussi préjudiciable en termes d’image. Ainsi, selon le premier responsable de l’institution, le problème réside dans la lenteur desdits acquéreurs à réaliser les projets pour lesquels ils ont acquis des espaces sur le site.
C’est ce qui justifie de son avis, l’occupation anarchique du site par les mendiants. « La nature à horreur du vide dit-on ! L’occupation de cet espace par les mendiants est regrettable. Nous avons effectué au moins deux (02) opérations de déguerpissement et de nettoyage de ce site mais le constat reste le même ! Nous invitons les propriétaires desdits terrains à réaliser leur projet, toute chose qui contribuera à résorber de façon durable cette occupation anarchique », a déclaré Boureima Ouattara.
Il a toutefois souligné que l’occupation du site ne saurait être un frein à la mise en valeur du site. « Nous ne voyons pas cette occupation comme une contrainte qui puisse entrainer la latence de la mise en œuvre des différents projets par les propriétaires. Disposant de leurs titres d’attribution, les propriétaires n’éprouveront aucune difficulté à mettre en valeur leurs terrains. Il n’y a aucun problème qui existe ou qui devrait exister entre ces mendiants et la SONATUR », a-t-il laissé entendre tout en encourageant les occupants actuels du site à libérer les lieux.
Le directeur général de la SONATUR a aussi invité les différents propriétaires à réaliser les projets « sur la base desquels leurs dossiers de demande ont été examinés et validés ».
Oumarou KONATE
Minute.bf