C’est la saison des pluies et les cultivateurs s’y attèlent. À Nagréongo (commune rurale située dans la province de l’Oubritenga, région du Plateau central), pendant que certains sont en semis, d’autres ont déjà quelques plantes à débarrasser des mauvaises herbes. C’est le cas de la famille Bamogo. Sa particularité, une famille déplacée interne qui loue un terrain pour cultiver.
Les exactions terroristes sont légion depuis 2015 au Burkina Faso. Ces exactions ont causé plusieurs morts et de milliers de déplacés à l’intérieur du pays. La famille Bamogo fait partie de ce lot de déplacés. Comment survivre après avoir échappé aux attaques terroristes ? C’est l’équation que devront résoudre bon nombre de Personnes déplacées internes (PDI). Si certains ont trouvé refuge dans les sites de déplacés avec le soutien du gouvernement et ses partenaires, d’autres se sont fondus dans des villages où ils essaient de se refaire une vie. La famille Bamogo, accueillie dans la commune de Nagréongo fait malheureusement partie de ce lot d’infortunés.
« Nous étions à Tongomayel. Ce sont les attaques terroristes qui nous ont amenés ici depuis maintenant 2 ans », se souvient amèrement Zini Bamogo. L’agriculteur de profession dit avoir tout abandonné pour se sauver des hommes armés.
Naturellement, ses terres sont derrière lui. « Très sincèrement, nous avons été bien accueillis ici à Nagréongo », a déclaré M. Bamogo sur l’hospitalité de ses hôtes. « Ce sont eux qui nous ont accordés le terrain où nous cultivons », a-t-il ajouté.
Sauf qu’en réalité, la famille Bamogo travaille sur un terrain en location. « Il y a des terrains qu’on cède gratuitement, mais il y a aussi des terrains qu’on loue. Ici où nous cultivons, j’ai un espace de 4 hectares. Nous louons l’hectare à 20 000 F CFA l’an », a expliqué celui-là qui a préféré ne pas rejoindre les camps de déplacés.
Pour le chef de la famille Bamogo, cela lui permet de cultiver principalement le mil pour la consommation, même s’il précise que les récoltes ne satisfont pas les besoins de sa famille. « Il y a beaucoup de bouches à nourrir, ce que nous gagnons n’arrive pas à subvenir à nos besoins », a-t-il relevé. Sur ce point, Salamata Bamogo précise : « nous devons souvent acheter à manger. Les enfants s’arrachent les petits boulots dans les marchés pour nous soutenir dans ce sens. Ce sont eux qui travaillent pour nous épauler. »
En ce qui concerne les soutiens, Mme Bamogo a fait savoir que depuis l’an passé où elle a reçu des vivres à la mosquée de Nagréongo, c’est seulement tout récemment que sa famille a reçu 2 sacs de vivres. « Même avec cela, nous avons fini de consommer et devons faire recours au marché », a-t-elle ajouté.
Ainsi, l’homme et ses 3 femmes appellent donc à l’aide à toute bonne volonté. « Nous demandons de l’aide en argent comme en vivres. Nous avons des enfants à nourrir et à vêtir » à indiqué Mme Bamogo, précisant qu’ils ont 14 enfants à prendre en charge.
Ainsi donc, la famille Bamogo développe une autre forme de résilience avec toutes les épreuves à braver, en attendant une résolution de la crise sécuritaire pour regagner leur Tongomayel d’origine.
Franck Michaël KOLA
Minute.bf
Eh Wendé !