C’est une scène surréaliste que ce qui s’est passé lors d’une session du Parlement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à Abuja au Nigeria, le samedi 20 juillet 2024.
Lors de la session qui s’est tenue à Abuja, le député sénégalais, Guy Marius Sagna, proche de Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye, a été pris à partie par une députée ivoirienne, pour avoir dit que ce sont « les chefs d’État africains qui appauvrissent l’Afrique ».
Réagissant à un rapport du PNUD sur la pauvreté et les inégalités en Afrique, le député sénégalais a fustigé le titre du rapport estimant que le terme « appauvrissement » était le plus indiqué en lieu et place de « pays pauvre ». Il a souligné que si les populations africaines sont pauvres, c’est parce qu’on les appauvrit. Et ils pointent directement la responsabilité des chefs d’État africains. « Nous sommes les pays les plus riches de la planète terre. Tant que les gens diront que l’Afrique de l’Ouest est pauvre, cela signifie qu’ils font partie du problème. Mais pourquoi vous n’osez pas dire appauvrissement ? Qui a appauvri l’Afrique ? Ce sont nos présidents », a déclaré le député Sagna après l’intervention du représentant du PNUD.
Cette déclaration n’a pas été du goût du présidium du parlement de la CEDEAO qui lui a demandé de « contrôler » son langage, sous peine de se voir retirer la parole.
La tension est montée d’un cran quand l’une des membres du présidium, Adjaratou Traoré, députée ivoirienne du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), parti d’Alassane Ouattara, a accusé son homologue sénégalais de dire n’importe quoi. « La liberté de parole ne veut pas dire que vous devez dire n’importe quoi à l’endroit des chefs d’État. Ce que vous dites c’est du n’importe quoi. Vous êtes n’importe quoi », a lancé la parlementaire ivoirienne. Elle a par la suite quitté son siège, tout en vociférant, pour se diriger vers le pupitre où se tenait le député sénégalais, mais a été retenue par ses homologues. Face à l’escalade du conflit, la présidence a été contrainte de suspendre la séance.
Minute.bf