Le collectif d’avocat constitué auprès de la guérisseuse de Komsilga et ses co-prévenus a pris la parole dans la nuit de ce mercredi 6 septembre 2023 au Tribunal de grande instance Ouaga 2, pour sa plaidoirie de défense.
L’avocat de la défense, Me Ouattara, qui a ouvert le bal de plaidoirie a invité le parquet à « dépassionner le débat et se concentrer sur le droit ». L’avocat a soutenu qu’il déplore et soutient le parquet concernant l’irruption des militaires dans l’enceinte du tribunal pour exfiltrer la prévenue Amsetou Nikiema.
L’avocat dit être indigné par les actes de violences sur Hamidou Kanazoé. Mais l’avocat a plaidé afin qu’ « on ne punisse pas pour l’exemple » dans ce cas. « Le regret est là. L’exemple est là. Les prévenus l’ont reconnu. Ils ont appris depuis qu’ils sont gardés en prison. Vous l’avez remarqué, la victime à cette barre a indiqué que le pardon est divin », a souligné l’avocat qui a demandé au Tribunal, « d’appliquer le sursis au pire des cas pour les prévenus ». Cela en raison du fait que tous les prévenus, « n’ont jamais fait l’objet d’une quelconque condamnation ».
Selon Me Mohamed Aziz Sita, le parquet n’a « aucun élément matériel à charge sur dame Nikiema » à part le procès-verbal, qui lui ne saurait être « une preuve en droit » mais des éléments « à titre de renseignement ». À en croire l’avocat, le parquet rend ce « procès extraordinaire », alors que ce n’est qu’un « procès ordinaire » comme tous les autres. Il a demandé au Tribunal de juger Amsetou Nikiema et non « la guérisseuse de Komsilga ». Il a aussi demandé de ne pas juger pour faire mal à « une opinion publique ». « Ne vous vengez pas monsieur le président parce que vous reflétez le peuple. Vous n’êtes pas là pour vous venger, mais pour dire le droit ».
« Il a été dit ici que le pardon n’a pas d’effet sur l’action pénale. Je me pose une question. Notre justice est rendue pourquoi ? Est-elle rendue pour diviser ? La victime est là bien portante. Je rends grâce à Dieu. Je joins ma voix pour demander pardon. Ils ont fauté une première fois, donnons leur une seconde chance. C’est cela la justice », à plaidé Me Sita.
Adama Konombo prenant le relais, a fustigé « la recherche vaine d’éléments matériels par le parquet » pour inculper dame Nikiema. Me Christophe Birba, prenant la parole, a plaidé pour la non-culpabilité de Dame Nikiema. Selon l’homme de droit, le parquet « n’a rien prouvé pour demander une condamnation des prévenus ». Ce sont des « peines que le parquet a balancé par vengeance », a-t-il déclaré. Le mot « vengeance » a fait réagir la chambre demandant à l’avocat de retirer le mot. Chose exécutée par Me Birba. L’avocat a indiqué que tous ceux qui sont passés à la barre ont révélé que « dame Amsetou Nikiema n’a pas donné l’ordre de bastonner Hamidou Kanazoé ». Elle n’avait même pas connaissance du forfait, appui l’avocat. Sur l’enregistrement de l’audio dont brandit le parquet, Me Birba a demandé à la chambre de balayer du revers de la main cet audio enregistré « illégalement et sans autorisation de dame Nikiema ».
Pour les co-prévenus, les avocats à tour de rôle sur chaque prévenu ont plaidé pour la clémence du tribunal. La clémence parce que les prévenus ont reconnu leur forfait et ont demandé pardon. Du reste, les avocats ont demandé à la chambre, au pire des cas, « d’appliquer le sursis pour ces prévenus primaire ».
« Je vous demande de ne pas suivre le procureur. Il veut nous enlever le droit d’aller soigner nos malades. Je vous demande monsieur le président de ne pas le suivre. Ce sont nos petits frères et nos petites sœurs, donnons-nous la main pour faire corps et nous aurons rendu justice », a conclu Me Christophe Birba.
L’audience est suspendue, en attendant le délibéré…
Mathias Kam
Minute.bf