Le procès des individus impliqués dans les appels à incendier le palais du Mogho Naaba est entré dans la phase des réquisitions du parquet, ce samedi 24 juin 2023 au Tribunal de grande instance Ouaga 1. A cette étape, le ministère public a tenté de démontrer la culpabilité des personnes poursuivies dans le cadre de ce dossier.
Dans ses réquisitions, le procureur a soutenu que le cerveau de cette affaire semble être Marcel Tankoano qui est celui-là même qui a commandité les audios et ordonné à ce que ces audios soient diffusés sur les réseaux sociaux.
Il s’est fondé sur plusieurs éléments. Le premier élément présenté par le parquet est le fait que les audios publiés sont conformes à ce que Marcel Tankoano a demandé aux différents témoins qui sont passés à la barre.
Aussi, les audios ont été publiés entre 20h et 21 h: les témoins ont dit avoir été mandatés par Tankoano de les publier à cette heure-là.
Troisième élément : suite à la non-diffusion des audios, Marcel Tankoano a transféré les mêmes audio au prévenu Tagnan et Mamadou Zigui.
Après refus des deux premiers, le témoin Kontogemdé Moustapha a été appelé par le même Tankoano. Ce dernier, qui a comparu en qualité de témoin a également indiqué avoir été approché par Marcel Tankoano pour le même objectif, mais a refusé
Le parquet a fait noter qu’il n’y a aucune contradiction entre les déclarations des témoins et les faits observés sur le terrain.
Aussi, le parquet a laissé entendre que le prévenu Marcel Tankoano est de « mauvaise foi ». « Marcel Tankoano est de mauvaise foi sinon ses déclarations en enquête préliminaire et devant le procureur et à la barre n’allaient pas différer ».
Pour le procureur, le fait pour Marcel Tankoano de mettre en avant son état de santé participe de sa ligne de défense.
Il a soutenu que l’ensemble des quatre infractions reprochées à Marcel Tankoano sont toutes constituées. Il s’agit des faits d’incitation à la divulgation de fausses informations, d’incitation à la dégradation involontaire de biens publics, de provocation à un attroupement non suivi d’effet et de mise en danger de la vie d’autrui.
Pascal Zaïda, membre du Front unis pour le Faso (FUF), est poursuivi pour provocation à l’attroupement, l’infraction de la mise en danger de la personne d’autrui et l’infraction de la mise en danger de la personne d’autrui.
Pour la provocation à l’attroupement, le parquet a fait remarquer que Marcel Tankoano était informé de la production et de la diffusion des audios. C’était un projet porté par le Front unis pour le Faso (FUF), a-t-il dit. En effet, poursuit le parquet, à la date du 02 mai autour de 5h, Pascal Zaïda, a envoyé un message à Tapsoba de contacter Marcel Tankoano. Il a effectivement été contacté et autour de 22h Boukary Tapsoba envoi un message à Pascal Zaïda pour lui dire qu’il n’y a pas assez d’attroupement. Ensuite, il lui dit qu’il vont rentrer. Le ministre public dit avoir relevé la mauvaise foi de Marcel Tankoano. Selon le ministère public, Pascal Zaïda a été bénéficiaire des fonds que donnait Marcel Tankoano. Lesquels fonds ont été utilisés pour mobiliser les personnes qui convergeaient vers le palais du Moogho Naaba. « Marcel Tankoano et Pascal Zaïda étaient au même niveau d’information », a-t-il ajouté. Pour le parquet, il ne fait aucun doute que Pascal Zaïda a participé à la production des audios, leur diffusion et mobilisé les personnes pour rejoindre le palais du Moogho Naaba. Donc l’infraction est entièrement constituée.
Pour l’infraction de la mise en danger de la personne d’autrui, selon le procureur du Faso, la finalité poursuivie par la publication de ces audios, c’était pour provoquer un affrontement entre les deux groupes et même la mort. Donc il y a mise en danger de la vie d’autrui.
Pour les délits de la publication de fausses informations et de dégradation de bien, Pascal Zaïda, était informé de la publication des audios et l’objectif, selon le procureur, qui précise que M. Zaïda pouvait arrêter ses productions en dénonçant Marcel Tankoano ou aller dénoncer l’infraction qu’était en train de préparer les autres membres du FUF. Les audios ont été publiés. Pour le parquet, il est complice.
Désiré Guinko fut le prochain prévenu à être sous la ligne de mire du ministère public. Dans ses réquisitions, le parquet a démontré que Désiré Guinko, porte-parole du Front unis pour le Faso (FUF), est complice donc coupable.
« Il est coupable », est convaincu le parquet dans ses réquisitions. Selon le ministère public, Désiré Guinko, le porte-parole du FUF, était très actif dans le mouvement. Mais ce dernier a pris le soin de supprimer les informations de son téléphone, mais les faits tels que relevés à la barre prouvent, selon le parquet, que M. Guinko était informé de ce qui se tramait. « Il avait toutes les informations relatives à la production et la diffusion des audios », a déclaré le parquet. En tant que membre actif, il était aussi, poursuit le ministère public, chargé de mobiliser des personnes pour rejoindre le palais du Moogho Naaba. Les faits d’incitation à attroupement sont donc qualifiés. Le deuxième chef d’accusation contre Désiré Guinko est la mise en danger de la personne d’autrui. À en croire le procureur du Faso, la finalité poursuivie par la publication de ces audios n’était autre qu’incitation à la violence qui allait s’en suivre de mort. Il est donc complice, a dit le procureur du Faso.
Le procureur a aussi requis contre le prévenu Abdoul Karim Baguian dit Lota qu’il soit reconnu coupable des mêmes chefs d’accusation que ces derniers.
Le procureur a requis contre eux tous, une peine d’emprisonnement de 5 ans ferme et une amende de 5 millions de FCFA. Pour Marcel Tankoano l’amende est de 10 millions de FCFA.
Également, le procureur du Faso, a demandé que ces prévenus soient déchus de leur droit civique pour 5 ans.
Oumarou KONATE et Mathias KAM
Minute.bf
Que Dieu bénisse le Burkina Faso