dimanche 8 septembre 2024
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Procès charbon fin : Débats autour des variations observées sur le taux d’humidité du charbon fin

Les débats dans le cadre du procès charbon fin ont repris, ce vendredi 8 décembre 2023, au tribunal de grande instance Ouaga I. Aujourd’hui, les débats portent sur l’infraction de « faux et usage de faux » reprochée aux prévenus.

Conformément à l’ordre d’intervention établi en début de procès, c’est le ministère public qui a été la première partie à instruire la prévention. Appelé à la barre, le technicien principal métallurgiste de la société Essakane SA a expliqué les écarts de données observés entre les différents taux d’humidité du charbon fin, par la méthode utilisée pour l’échantillonnage. Les experts auraient utilisé des méthodes différentes de celle utilisée par Essakane.

« Il y a une grande différence entre la méthode d’échantillonnage utilisée par les experts et celle d’Essakane SA, les instruments d’échantillonnage sont différents. Ce qui fait qu’on ne peut pas avoir les mêmes taux d’humidité», a-t-il déclaré à la barre. Il a vu son affirmation contestée par le ministère public. « Les différentes méthodes d’échantillonnage utilisées sont pareilles », a dit le procureur.

Le ministère public a fait appeler à la barre, les experts judiciaires. L’expert Gomina a expliqué que la méthode utilisée par I am Gold Essakane SA est une méthode dénommée ASTM, la même qu’ils ont eux aussi utilisée pour mener leur expertise. C’est une méthode qui résulte, selon lui, de la combinaison de deux autres méthodes et qui permet de déterminer le poids sec du charbon fin humide. Il a fait savoir que cette méthode ne donne cependant aucune information sur la méthode de prélèvement du charbon fin. « Ce qui importe ici, c’est de savoir le poids sec du charbon fin », a-t-il fait savoir.

En outre, le ministère public a dit ne pas comprendre comment le taux d’humidité d’un même sac de charbon fin puisse subir autant de variation en humidité, d’une période à une autre. Le technicien principal métallurgiste d’Essakane avait affirmé, plus tôt, dans ses déclarations, que la mine avait fait un échantillonnage entre août et novembre 2018 qui a permis d’obtenir un taux d’humidité de 26%. L’expert du parquet, quant à lui, a trouvé un taux d’humidité de 11% entre janvier et février 2019. Après une expertise conduite en août 2020, les experts judiciaires de leur côté, ont retrouvé un taux d’humidité de 11% sur le même sac de charbon fin. « Est-il possible d’avoir un sac de charbon fin humide à 45%? », a demandé le parquet à l’expert Gomina.

L’expert Gomina a donné une réponse affirmative à cette question du parquet. Il a expliqué que le charbon fin contient de l’eau située à deux niveaux différents : entre les particules de charbon et de l’eau en surface dans le sac. «Le charbon fin entre dans une bassine avec de l’eau. Et ça ressort de cette bassine pour entrer dans le sac avec cette eau. Le métallurgiste de Essakane a expliqué qu’il y a une étape où ils ont enlevé directement ce charbon fin dans la bassine (…) Aussi, il ne faut pas oublier le temps que la charbon fin a mis avant d’être traité. L’effet du temps avec la pluie qui a peut-être battu les sacs, tout ça a pu jouer sur le taux d’humidité. Aussi, l’expertise que nous avons conduite a eu lieu en août. C’est une période où l’humidité dans l’air est très élevée. Cela aussi a pu jouer sur le taux d’humidité du charbon fin », ont expliqué les experts, justifiant les variations entre le taux d’humidité retrouvé chez Essakane et chez eux. De leurs explications, les aléas climatiques, l’effet du temps et même les méthodes utilisées de part et d’autres, ont pu donner des données differentes en terme de taux d’humidité du charbon fin. Par ailleurs, les experts ont affirmé que le taux d’humidité du charbon fin ne peut, en aucun cas, impacter sur la quantité d’or contenue dans le charbon fin.

Jugeant les explications données par les experts « insatisfaisantes », le ministère public a fait appeler l’expert Yonli. A la barre, ce dernier a battu en brèche ce que les experts-judiciaires et le technicien principal métallurgiste ont déclaré. « Quand un matériau est stabilisé, quels que soient les horizons temporels, le taux d’humidité ne doit varier que très peu. Le grand écart observé dans ce matériau veut dire tout simplement que le traitement de ce matériau n’a pas suivi le processus normal de traitement. Les taux d’humidité retrouvés dans le charbon fin d’Essakane sont indicateurs d’une marchandise qui a été chargée sans avoir suivi le processus normal de traitement jusqu’au bout », a-t-il dit.

Il a aussi remis en cause la version d’Essakane et des experts-judiciaires, selon laquelle le taux d’humidité n’influe pas sur la quantité de l’or contenu dans le charbon fin. Selon l’expert Yonli, le taux d’humidité est un facteur important dans la détermination de la quantité d’or, contrairement à ce que les deux autres parties ont laissé entendre. Il a expliqué que le taux d’humidité intervient dans les calculs pour la détermination du poids sec du charbon fin. Et c’est ce poids sec, dit-il, qui permet de déterminer la quantité de l’or contenu dans le charbon. « Ça veut dire que si on triche sur le taux d’humidité, on triche également sur la quantité de l’or », a conclu l’expert Yonli à la barre.

Soulignons que son expertise a toujours été contestée par la défense et les experts-judiciaires dans ce procès.

L’audience est suspendue pour une heure. Elle reprendra avec les questions des avocats de la défense à leurs clients.

Oumarou KONATE

Minute.bf

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