(11h30) Les débats dans le cadre du procès charbon fin se poursuivent au tribunal de grande instance Ouaga 1. Depuis l’ouverture de l’audience hier jeudi 05 octobre 2023, les débats tournent toujours autour de la poursuite ou non de l’expertise sur les corps solides retrouvés dans le charbon fin d’Esakane.
Les experts Moussa Gomina et Ilboudo Joël sont toujours à la barre pour apporter toutes les informations nécessaires sur la nature des matériaux saisis. A la question de Me Moumouny Kopiho, avocat de la défense, de savoir le temps que pourrait prendre une autre expertise sur cesdits corps solides, les experts ont répondu que cela peut se faire en seulement une semaine. A la question de savoir si ces matériaux peuvent être traités sans être désagrégés, ils ont répondu par la négative. Selon leurs explications, il sera question de broyer les corps solides retrouvés dans la cargaison pour en évaluer la teneur.
Le parquet s’est opposé à cela. Pour lui, les matériaux doivent rester en l’état parce qu’ils constituent des éléments de preuve dans le dossier. « Nous nous opposons à la méthode proposée parce que ça va dénaturer le contenu de cette cargaison et ça ne sera plus la même que ce que nous avons ici. Et on risque de revenir dire après qu’on n’a jamais retrouvé des corps solides dedans », a-t-il martelé. De ses dires, ces matériaux une fois fondus tel que le préconisent les experts, risque de compromettre cette pièce importante du dossier. Le parquet insiste donc pour que le corps du délit soit maintenu intact de sorte qu’il puisse être représenté au besoin, à tout moment.
Pour la défense, il faut impérativement traiter le matériau parce que, disent-ils, le véritable débat se situe sur la quantité de l’or contenu dans ces corps solides, qu’on reproche à Essakane d’avoir exporté. « On ne reproche pas à Essakane d’avoir exporté de l’or. On lui reproche d’avoir exporté plus d’or que prévu par les textes réglementaires en la matière. La déclaration du ministre à l’époque est bien claire là dessus », a martelé la défense brandissant une déclaration du ministre de l’époque qui stipule que la cargaison contenait 300 kilogrammes d’or résiduel et 25 kilogrammes d’argent.
La défense a été rejointe par le directeur pays d’Essakane, Tidjane Barry. « Pendant 5 ans, on a passé le temps à dire que Essakane a exporté frauduleusement de l’or. Je suis choqué aujourd’hui qu’on s’achemine vers des propositions de ne pas traiter le contenu de cette cargaison », a-t-il fulminé. Il a vite été ramené à son siège par le tribunal.
Pour l’heure, l’audience est suspendue. Le tribunal a décidé de faire appel à un huissier afin de procéder à l’ouverture du scellé. Il prendra sa décision par la suite.
Après quelques minutes de pause, un huissier a été convoqué pour l’ouverture de la caisse contenant les corps solides. Mais à son arrivée, point de clés. Le juge a finalement décidé de suspendre le dossier et de le reprendre lundi 9 octobre à 09h.
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Oumarou KONATE
Minute.bf