Les débats ont repris, ce mardi 7 novembre 2023 au Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga1. L’expert Arsène Yonli est à la barre pour des éclaircissements sur son exposé contraire à l’expertise judiciaire.
Sur le débat sur la qualité du Pr Arsène Yonli à ce procès, Me Prosper Farama, avocat du REN-LAC a démontré que, juridiquement, le ministère public peut avoir recours à une tierce personne pour éclairer la chambre. Mais dans le procès actuel, Pr Yonli ne peut pas intervenir en tant qu’expert . Le Tribunal a tranché et le besoin de vérité oblige le procureur à entendre toutes les personnes et leurs révélations ne servent qu’à titre de « renseignements » pour le Tribunal.
Revenant au fond du sujet, et selon Pr Arsène Yonli, on peut évaluer à 40 % de taux d’humidité présent dans le charbon de la société minière Essakane. Scientifiquement, poursuit-il, « ça ne peut pas être du charbon séché et traité tel que décrit par Essakane ». Cela voudrait dire qu’au moment où le charbon était emballé dans les conteneurs, il n’était pas séché pour l’ensemble.
« C’est un indicateur que le charbon n’a pas été séché et démodé. Le procédé a été interrompu. On n’est pas allé au bout du traitement normal. L’étape de lavage du charbon fin n’a pas été effectuée », a expliqué l’expert Yonli.
Toujours selon Pr Yonli, plusieurs anomalies ont été détectées qui prouvent, de ses dires, qu’il n’y avait pas que du charbon dans les sacs et même que les masses humides ont été sous-estimées.
Enfin, « ce n’est pas une cargaison qui contenait uniquement du charbon », a-t-il déduit qui assène : « sur la base des conclusions qui ont été tirées, et de la méthodologie scientifique, ce rapport (parlant du rapport d’expertise judiciaire, ndlr) n’est pas sincère ! »
Pour précision, en décembre 2018, 32 conteneurs contenant du charbon fin, propriétés d’IAM Gold Essakane SA, ont été saisis par la Brigade nationale anti-fraude (BNAF) du Burkina Faso à Bobo-Dioulasso pour des suspicions de fraude. La société Essakane est donc poursuivie pour « fraude en matière de commercialisation d’or et autres substances précieuses, d’exportation illégale de déchets dangereux, de blanchiment de capitaux, de faux en écriture privée de commerce, d’usage de faux en écriture privée de commerce, de blanchiment de capitaux ».
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Mathias Kam
Minute.bf