Le procès de l’affaire Charbon fin a repris au tribunal de grande instance Ouaga 1 avec les préparatifs relatifs à l’ouverture des cantines.
Mais avant d’ordonner l’ouverture de ces cantines, le tribunal a d’abord voulu s’assurer que la manipulation des ces substances chimiques ne représente pas un danger non seulement pour ceux qui vont les manipuler mais aussi pour l’assistance.
Il a signifié avoir de commun accord avec le BUMIGEB et Essakane, demandé qu’il soit apporté des équipements de protection individuelle. « Le BUMIGEB a été sollicité et ils sont en route avec le matériel, en train de venir », a répondu le parquet. Juste à ce moment, des agents du BUMIGEB sont entrés dans la salle, avec eux, lesdits matériels de protection.
Pour permettre aux personnes devant manipuler les substances de s’équiper, l’audience a été brièvement suspendue avant d’être reprise quelques minutes plus tard. Le tribunal a fait appeler l’huissier de justice pour prendre note de tout ce qui se passera. C’est d’ailleurs lui qui va lire le procès verbal de scellage. Après cette lecture, il a authentifié les scellés et déclaré qu’ils n’ont pas été violés. « Sur ces deux conteneurs, si on s’en réfère aux constatations de ce matin et aux témoignages des agents du BUMIGEB, les scellés n’ont pas été violés », a-t-il indiqué.
Le président du tribunal va donc ordonner le descellage des cantines. « Le BUMIGEB a posé un scellé, le BUMIGEB va desceller son scellé. Essakane a posé son scellé, Essakane va desceller son scellé. Toutes les parties vont desceller leurs scellés », a martelé le tribunal. C’est ce qui va se faire.
« Nous constatons à l’intérieur de la cantine, des corps solides qui sont emballés soit dans des sachets plastiques soit dans des sacs appelés Bôrô », a constaté l’huissier de justice à l’ouverture de la première cantine. Le tribunal a demandé qu’il se saisisse d’un échantillon de ces corps solides et qu’il le décrive à l’assistance. Il va s’exécuter, mais finalement, c’est un membre de l’assistance que la tribunal va appeler pour donner une description de ces corps. « Au toucher, je ne sens pas de la matière fine mais c’est comme une boule de cailloux », a décrit un certain Komé qui s’est proposé dans l’assistance.
Gants de protection enfilés, masques de protection sur le nez, toutes les parties prenantes au dossier ont par la suite touché le corps solide et donné une description de l’échantillon de corps. « C’est un corps solide. C’est comme un cailloux », ont répondu successivement les avocats des différentes parties.
Mais quand est venu le tour de Essakane, la description a attiré l’attention du tribunal. « Les corps solides retrouvés dans le sac sont des briques réfractaires issues du processus d’incinération », a indiqué le représentant de Essakane. Interrogés, les experts ont expliqué que ces briques ont été associées comme corps solides parce qu’elles présentaient une physionomie qui nécessite des investigations poussées.
« Dans le rapport d’expertise que nous avons, il est dit que sur les corps solides on peut percevoir de l’or. Est-ce que Essakane peut nous confirmer si à ce stade, on voit de l’or sur les corps solides ?», a interrogé pour sa part, l’avocat de l’État. Le représentant de Essakane, Chaïk Younes, Métallurgiste au moment des faits, va répondre par l’affirmative. « Lors du processus d’incinération, des résidus d’or peuvent effectivement se déposer sur les corps solides », a-t-il répondu, ajoutant que « voir des grains d’or sur les corps solides est une chose tout à fait normale ».
Il a souligné que c’est d’ailleurs pour cette raison que le charbon fin était exporté en 2016 à l’extérieur du Burkina Faso pour pouvoir le traiter dans une usine d’incinération et en extraire l’or qui y était contenu. Il a laissé entendre qu’en 2016, il n’y avait pas une usine d’incinération fonctionnelle sur le territoire burkinabè. La société était donc obligé, dit-il, d’exporter le charbon fin pour son traitement. « Mais depuis 2018, Essakane dispose d’une usine d’incinération en bonne et due forme et traite son Charbon sur le territoire burkinabè », a renchéri Tidjane Barry, Directeur pays de la société Essakane. Mais il est vite interrompu par l’avocat de l’État qui a cité un extrait de journal datant de 2017, où, le directeur de la société Essakane d’alors, déclarait lors de la Semaine des Activités minières de l’Afrique de l’ouest (SAMAO) que « Essakane dispose désormais d’une usine d’incinération fonctionnelle ». Le directeur pays d’Essakane va repondre que l’usine était installé mais que son fonctionnement n’était pas encore optimale.
Les débats se poursuivent…
Oumarou KONATE
Minute.bf