samedi 7 septembre 2024
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Procès Diendéré-Johanny Yaméogo : « Le général Gilbert Diendéré ne fait pas ce procès pour s’enrichir mais pour laver son honneur » (Me Paul Kaboré)

Renvoyé à plusieurs reprises, le procès intenté par le général Gilbert Diendéré contre le colonel à la retraite Louis Johanny Yaméogo, pour des faits de « faux témoignage, dénonciation calomnieuse avec intention de nuire à autrui et de faux serment», a connu son épilogue ce mardi 18 avril 2023, au Tribunal de grande instance Ouaga 1. L’audience a essentiellement porté sur la constitution de partie civile, les réquisitions du parquet et les  plaidoiries de la défense.

Après le temps de suspension observé par le tribunal, la formation du jugement a été remplacée par celle de la première audience. Avant de reprendre les débats, le tribunal a demandé à savoir si les avocats de la partie civile ont pu se procurer l’extrait de l’arrêt de condamnation de la chambre criminelle. Ces derniers répondront par la négative. La procédure sur l’affaire Dabo Boukary n’étant pas encore close (le général Gilbert Diendéré a fait appel de la décision de la chambre criminelle ndlr), les avocats ont dit n’avoir pas pu entrer en possession de l’arrêt. Ils ont cependant souhaité que l’instruction se poursuive tout simplement  car, les faits ne sont pas de même nature. « Ce pourquoi nous poursuivons monsieur Yaméogo, c’est parce qu’il a tenu des propos qui n’ont rien à voir avec une question que le juge de la chambre criminelle lui avait posé. C’est cela que nous lui reprochons et ça, ça n’a rien à voir avec la procédure en cours sur l’affaire Dabo Boukary », a tenu à relever  Me Jean Paul Kaboré, avocat de Gilbert Diendéré.

Dans leur constitution de partie civile, les avocats de Diendéré se sont attelé à expliquer la constitution des faits qu’ils reprochent à Louis Johanny Yaméogo. Pour Me Kaboré, le « faux témoignage  de l’accusé a porté une atteinte grave à l’honneur et à l’intégrité » de M. Diendéré. Pour eux, toutes les infractions reprochées à Louis Johanny Yaméogo sont pleinement constituées dans cette affaire. Les faits de « faux témoignage, dénonciation calomnieuse et intention de nuire », sont justifiés, disent-ils, par le fait que le prévenu a fait des « déclarations mensongères » qui n’ont rien à voir avec le dossier Dabo Boukary, devant la chambre criminelle de la cour d’appel avec manifestement pour intention, d’aggraver la situation de leur client.

Pour la partie civile, en déclarant au tribunal de la chambre correctionnelle, que le général Gilbert Diendéré a envoyé son chauffeur pour inhumer le corps du professeur Cessouma et qu’il était impliqué dans du trafic de faux billets, l’accusé a voulu faire croire au tribunal que « Diendéré est le criminel parfait à condamner dans cette affaire ». Pour le fait de faux serment, il apparaît clairement selon eux, que le prévenu n’a pas respecté le serment qu’il a fait devant le tribunal qui était de dire la vérité et rien que la vérité.

Au bénéfice de toutes ces observations, les avocats de la partie civile ont requis que Louis Johanny Yaméogo soit reconnu coupable et condamné conformément à la loi,  à l’effet, disent-ils,  de décourager toutes les velléités de faux témoignages que pourraient avoir d’autres personnes. En termes de réclamations, ils ont demandé la somme de 1F symbolique au titre des dommages et intérêts et le paiement des frais exposés non compris dans les dépens qui s’élèvent à une somme de 2 millions de francs CFA. « Le général Gilbert Diendéré ne fait pas ce procès pour s’enrichir mais pour laver son honneur », a fait savoir Me Jean-Paul Kaboré.

A l’entame de ses réquisitions, le ministère public n’a pas caché son embarras face à ce dossier. De son avis, les propos ayant été tenus devant une  juridiction, il était préférable que le tribunal ait à sa disposition l’arrêt de cette juridiction pour pouvoir statuer, surtout qu’il s’agit de faits de faux témoignage, de dénonciation calomnieuse et de faux serment. Il a expliqué que l’arrêt permettrait de savoir si effectivement le témoignage du prévenu a eu véritablement un impact sur la décision de la chambre criminelle.  « Il est important pour nous,  de savoir si la chambre criminelle a effectivement fait usage du témoignage du prévenu pour rendre sa décision ou bien, s’il l’a simplement écarté », a expliqué le ministère public ajoutant qu’en l’état, il est donc difficile pour lui,  d’apprécier « sereinement » le fonds du dossier. Il a toutefois requis que Louis Johanny Yaméogo soit relaxé au bénéfice du doute.

Après le parquet, ce fut au tour de la défense de faire sa plaidoirie. Et c’est Me Marcellin  Ziba du cabinet Prosper Farama, qui a été commis à la tâche. Dans sa plaidoirie, ce dernier s’est d’abord attaqué à la procédure enclenchée contre son client, Louis Johanny Yaméogo. Pour lui, ce procès n’est rien d’autre qu’un « acharnement » contre M. Yaméogo. « Quand on se noie, on s’accroche à tout pour ne pas tomber. Et dans ce cas précis, il faut trouver un bouc émissaire. On a juste voulu trouver un bouc émissaire pour justifier la décadence de quelqu’un », a-t-il martelé.

Sur la constitution des faits reprochés à son client, il a rappelé d’emblée que les propos retenu contre son client comme étant « diffamatoires » ont été tenus lors d’une audience et qu’en la matière, il est impossible qu’il soit poursuivis après l’audience pour des faits de diffamation.

Pour le fait dénonciation calomnieuse, Me Ziba a fait savoir que conformément aux dispositions du code de procédure pénale, pour qu’il y ait dénonciation calomnieuse, il faut que la dénonciation soit caractérisée par sa spontanéité. Alors que le témoignage dans le cadre d’un procès ne se fait pas de façon spontanée. « Est-ce que monsieur Yaméogo s’est levé de façon spontanée pour aller faire un témoignage lors des assises. La réponse est non! J’ai entendu dire que c’est suite à une question du tribunal qu’il aurait dit des choses qui n’ont rien à voir avec le dossier Dabo. Est ce qu’il y a dénonciation calomnieuse ici. Non! Parce qu’il n’y a pas spontanéité. C’est la question du Tribunal qui a suscité les déclarations que mon client a faite », s’est-il exclamé.

Aussi, selon lui,  rien ne démontre que les dires du Colonel à la retraite Louis Johanny Yaméogo sont faux. Pour démontrer cela, il aurait fallu que le général Gilbert Diendéré apporte les preuves contraires de ce que le prévenu a dit. « Il ne suffit pas de dire que le prévenu a dit des choses fausses sans pouvoir le démontrer. Il dit que c’est son chauffeur qui lui a rapporté les faits. Ce  chauffeur, Kaboré, a-t-il existé dans les archives de l’armée ou pas ? Fouillez et vous le retrouverez », a argumenté l’avocat de M. Yaméogo.

Par ailleurs, pour la défense, pour prouver que les faits reprochés à Louis Johanny Yaméogo sont constitués, il faut même d’abord démontrer que le témoignage a effectivement influé sur la décision du tribunal. Chose que rien ne peut démonter ici. L’avocat a donc demandé au tribunal de renvoyer M. Yaméogo des fins de la poursuite, pour toutes les infractions qui lui sont reprochés. Le prévenu n’a fait selon lui, qu’apporter sa contribution pour l’avancée du dossier.

Le délibéré de cette affaire est renvoyé au 30 mai 2023. 

Oumarou KONATE

Minute.bf

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