Il est la victime dans cette affaire. C’est lui que les 8 employés d’Adja la guérisseuse ont « ligoté et bastonné » le 24 juillet 2023. Hamidou Kanazoé a donné sa version des faits devant la chambre, ce mercredi 6 septembre 2023.
Selon la victime, c’est le dimanche, la veille des faits qu’il a appris qu’il y a une dame qui soigne les malades à Rakissé, Komsilga. C’est comme cela qu’il a rallié le lieu le lundi de bonne heure.
« Je ne l’ai pas rencontrée. Je me suis dirigé vers le marigot. J’ai commencé à montrer des sacrifices aux gens », a-t-il déclaré. La victime a poursuivi que du moment où c’est lui qui s’est rendu sur le lieu de Adja, « tout ce qu’ils (Adja et ses employés, ndlr) racontent, il ne peut pas contester ».
« Quand ils m’ont vu, ils ne m’ont pas forcé. Ils m’ont conduit chez Adja la guérisseuse. J’avais de l’argent donc j’ai fait sortir les 5 000 FCFA pour la donner pour des bénédictions », a-t-il ajouté.
La victime a affirmé devant la chambre que selon lui, « l’acte posé par les employés de Adja est bien mais selon la loi c’est mauvais ».
Précisons qu’au moment des faits, Hamidou Kanazoé, ne jouissait pas de toutes ses facultés, selon les témoignages des prévenus.
Sur une question de la chambre sur les sentiments de la victime après l’acte, Hamidou Kanazoé, a indiqué qu’il « a entièrement pardonné » à ses bourreaux, car dit-il celui-ci qui pardonne « est béni ».
Le tribunal est revenu à la charge et a demandé à la victime de savoir ce que Adja a dit à ses employés quand ils étaient ensemble. Hamidou Kanazoé a révélé que Adja a dit à ses employés « de le garder jusqu’à son retour ».
Sur la description de la scène, et sur l’identité de la personne qui l’a ligoté en premier, le sœur Kanazoé a révélé qu’ils « le frappait au dos à l’aide de fil, mais il ne sait plus qui a commencé en premier ».
Hamidou Kanazoé précise que pendant « sa séquestration entre 14h et 8h », les employés lui ont donné à manger et qu’on ne l’a pas retenu de « force ».
Sur une question du parquet, la victime a affirmé qu’il a « effectivement reçu une délégation gouvernementale chez lui après l’acte ».
Le procureur a ajouté qu’ « on comprend qu’il y a eu beaucoup de démarches pour demander pardon mais cela n’autorise pas de venir dire à la barre des choses qui n’existent pas », alors que dans le PV de l’instruction, la victime affirme que « c’est Adja qui a donné l’ordre pour le garder et le bastonner ».
Le parquet a assuré que si l’audition avait eu lieu le lendemain de l’acte, Hamidou Kanazoé n’allait pas dire « ces déclarations d’aujourd’hui ».
Les avocats de la défense ont répliqué et ont clarifié qu’il n’y a pas eu de rencontre nocturne et même que la visite du Gouvernement a été bien avant l’instruction.
« Nous sommes venus en paix. Nous sommes des professionnels de justice », a martelé Me Birba.
Sur une question des avocats, la victime a clarifié que « c’est de son plein gré qu’il a pardonné ses bourreaux ».
Sur la déclaration de réconciliation et de pardon versée au dossier, le tribunal a demandé au prévenu s’il est informé de cet acte. La victime a affirmé qu’il a participé à son élaboration et qu’il y a souscrit « entièrement ».
Dans le document de réconciliation, la victime demande « pardon à Adja la guérisseuse », parce qu’il estime que c’est lui qui « s’est rendu au lieu de travail [d’Adja la guérisseuse de Komsilga]».
La victime a affirmé qu’il est animé « d’un sentiment de pardon », à ce jour.
Les débats continuent…
Mathias Kam
Minute.bf
On attend une délégation gouvernementale chez toutes les victimes du Faso. Qu’en Est-il de l’autre enquête pour soustraction de prévenue qui pèse sur les militaires de L’ANR?