Le premier co-prévenu aux côtés de Adja la guérisseuse est à la barre pour son audition. Il s’agit de Adama Barry, un employé de Adja la guérisseuse. Ce dernier explique dans les détails les faits. Précisons que le prévenu a reconnu les faits.
« À la date du 24 juillet 2023, le Tribunal n’était pas à Komsilga. Le tribunal recherche la vérité pour le peuple. Dites nous la vérité. Vous avez la parole », a déclaré le président du Tribunal à l’entame de l’audition du premier prévenu.
« C’est vrai. Nous étions sur le site du travail ce jour (24 juillet, ndlr). Si quelqu’un vient, il demande l’autorisation pour voir la dame. Hamidou Kanazoé est venu là-bas sans notre autorisation, au marigot. C’est Aboul Razack Nikiema qui a vu Hamidou Kanazoé sur les lieux. Il nous a appelés, nous les 8 personnes. Alors que là où était Hamidou Kanazoé était interdite d’accès sans autorisation. Puisque c’est là-bas, on envoi les malades. Il y avait même un malade qui était là-bas pour les sacrifices sur ordre de Adja. Donc Adja nous a dit de conduire Hamidou Kanazoé à notre lieu de travail, c’est-à-dire hors du lieu sacré, à 1 km du site. Mais nous ne l’avons pas conduit à notre lieu de travail. Nous l’avons conduit à Rakissé. La dame était en brousse avec d’autres malades. Nous ne l’avons pas conduit là où le patron a dit. Adja ne nous a pas dit de le frapper. Elle a dit de l’envoyer sur notre site, si elle finit, elle va venir. Nous avons supposé que si on le frappait, il allait avouer pourquoi il est venu au marigot. On lui a posé la question. Comme il ne disait pas la vérité, nous l’avons frappé », a détaillé le prévenu Adama Barry. Ce dernier précise que le lieu n’est pas sur la route et Hamidou Kanazoé ne s’est pas perdu pour se retrouver sur le site. Le prévenu soutient que la victime aurait dû se renseigner avant de s’aventurer sur ce « lieu sacré ».
Adama Barry a indiqué que le site, en l’occurrence le « marigot » n’est pas ordinaire, donc « toute personne devrait le savoir ». Il a ajouté que cela fait près de 4 ans qu’il travaille pour Adja mais « ils n’ont jamais frappé un malade ».
La victime Hamidou Kanazoé était accompagnée d’un témoin. Selon le prévenu Barry, les deux personnes étaient venues pour faire des sacrifices. Sur une question du Tribunal, ce dernier a précisé qu’il ne savait pas si le droit punit ou pas l’acte que voulais poser Hamidou Kanazoé et son accompagnant.
Combien de coup avez-vous porté sur la victime, demande le tribunal ? J’ai porté 3 coups sur lui, répond le prévenu.
Pourquoi vous ne l’avez pas conduite devant la police ou la gendarmerie ? On ne savait pas, a répliqué le prévenu, qui a demandé « pardon ».
Et Me Soubeiga d’interroger le prévenu sur sa première appréhension lorsqu’il a vu la victime. « Quand nous l’avons vu là-bas nous avons cru qu’il pouvait empoisonner l’eau du marigot que les malades boivent », a répondu le prévenu.
En rappel, dans ce dossier, les 09 personnes, Nikiema Larissa alias « Adja de Komsilga », Ouédraogo Ousmane, Nikiema Camille, Koanda Sambo, Rouamba Sayouba, Nikiema Abdoul-Razack, Nikiema Samsoudine, Ouédraogo Boureima et Barry Adama sont poursuivis pour des faits de : « incitation à séquestration, séquestration, coups et blessures volontaires avec préméditation et atteinte à la vie d’autrui ».
Mathias Kam
Minute.bf