samedi 23 novembre 2024
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Procès Sankara : Ernest Nongma Ouédraogo, ancien ministre sous le CNR témoigne à la barre

Le ministre de l’administration territoriale et de la sécurité de Thomas Sankara était à la barre en tant que témoin pour expliquer ce qu’il sait des évènements du 15 octobre 1987. Nongma Ernest Ouédraogo, puisque c’est de lui qu’il s’agit est également revenu sur les tracts qui ont pollué le climat au sein des dirigeants de la Révolution.

Détenu à la gendarmerie, puis transféré au Conseil de l’Entente, à la suite des événements du 15 octobre, Ernest Nongma Ouedraogo dit n’avoir pas été torturé. Sur les auteurs de sa détention, il reconnaît que ce sont les hommes de Jean-Pierre Palm, même s’il dit n’avoir pas vu ce dernier.

Pour l’ancien ministre, il y avait « un climat malsain » au sein de la Révolution et ce, à cause des tracts. « Il y a eu abondamment de tracts qui se sont écoulés depuis un certain temps… Nous avons analysé les tracts et pour nous, c’étaient des choses qui préparent un changement de régime parce qu’ils s’en prenaient aux différents chefs de la Révolution », a-t-il argumenté, précisant que son ministère n’a jamais pu remonter jusqu’aux auteurs des tracts pour les sanctionner.

En outre, sur les allégations lui attribuant la phrase : « nous nous sommes suffisamment occupés de nos ennemis, maintenant nous allons nous occuper de nos amis », Ernest Ouédraogo dit ne pas se reconnaître dans ces propos. « Je ne crois pas avoir dit cela », a-t-il fait savoir, relevant que face au « climat malsain », il a plutôt intervenu auprès de Sankara et Blaise Compaoré, leur conseillant de trouver des solutions à cela. « Je lui (Sankara) ai dit que la situation est grave et qu’il faut qu’il prenne des dispositions pour y mettre fin. Il m’a compris mais cela n’a pas été suivi », confie-t-il avoir dit à Thomas Sankara à « environ un mois » des événements.

Interrogé sur le présumé coup de 20h que voulait organiser le sous-lieutenant Vincent Sigué qui étaient sous ses ordres, Ernest Nongma Ouédraogo dit n’avoir pas été au courant que ce dernier était allé chercher des armes à L’ETIR de Kamboinssin encore moins les desseins qui l’animaient.

Quand le tribunal, le parquet et la partie civile trouve qu’il est « retenu » dans ses propos en sa qualité de ministre de l’administration territoriale de l’époque, M. Ouédraogo dit ne pas vouloir dire ce qu’il ne sait pas.

Et à Maitre Hervé Kam de la Partie civile de lui rappeler qu’il est sous serment, trouvant curieux qu’il soit moins informé des agissements de Sigué qui était sous ses ordres en sa qualité de ministre de l’administration territoriale et de la sécurité.

Ce que sait Ernest Ouédraogo de la création de la FIMATS

La FIMAT a été créée à l’issue du Conseil des ministres du 14 octobre 1987, selon Ernest Ouédraogo, et devrait être dirigée par Vincent Sigué. Ce corps créé en remplacement de la Compagnie Républicaine de Sécurité dont certains éléments étaient jugés « tares de la Révolution, d’antirévolutionnaires » comptait une « petite centaine d’hommes », a indiqué Ernest Ouédraogo.

En effet, alors que la défense s’acharnait sur lui pour démontrer que Vincent Sigué n’était ni militaire et ni policier, mais plutôt « un mercenaire », Ernest Ouédraogo rectifie en indiquant que Sigué a été formé en Cuba pour diriger la FIMATS. « Cet officier m’a été envoyé pour cet emploi précis. C’est un officier qui a été formé pour cela (FIMATS)  », a-t-il fait savoir.

Ainsi, lorsque la défense arguait que la FIMATS, créée seulement le 14 octobre en Conseil des ministres ne pouvait pas être opérationnel le 15 et n’a donc pas eu le temps d’exister, Ernest Nongma Ouédraogo lui rétorque : « Je le (Vincent Sigué) considérais déjà comme commandant de la FIMATS … C’est le coup d’État qui est venu chambouler les choses ». À ce titre, il précise d’ailleurs que les éléments de la FIMATS étaient triés parmi les policiers et les volontaires, et qu’ils étaient déjà en formation, étape après laquelle le corps allait être fonctionnel.

La « pièce à conviction » secrète de la défense

Revenant sur le prélèvement d’armes à l’ETIR par le même Sigué qui devait être fait commandant de la FIMATS alors que le corps n’était même pas encore constitué, Me Mathieu Somé de la défense a apporté la révélation suivante : « 6460 cartouches, 20 roquettes et 20 grenades ont été prélevées par Sigué en imitant Blaise Compaoré ». À cela, le ministre de l’Intérieur de la Révolution a martelé : « je ne sais même pas de quoi il (l’avocat) parle ». Le juge a demandé à la défense de lui produire la pièce sur le prélèvement d’arme du sieur Sigué tandis que le parquet lui s’en prenait à la défense. Pour le parquet, cette « pièce est très importante et il est étonnant qu’il soit seul (Me Somé) à la détenir ». « Chacun part faire ses lectures sur Facebook pour venir ici raconter sa vie », a réagi le parquet avant d’être appelé à l’ordre par le juge qui, de son côté, tout en promettant de mettre la pièce sur le prélèvement à la disposition de tous, a invité le parquet au « respect ».

Le ministre de l’Intérieur de la Révolution, Ernest Nongma Ouédraogo a terminé son témoignage à la barre ce 29 novembre 2021. Un témoin dont l’ensemble des parties prenantes du procès reproche de ne pas délier sa langue, eu égard à son poste et la création de la FIMAT (sous la coupe de son ministère) accusée d’un supposé « coup de 20h » qui était prévu le 15 octobre 1987.

Franck Kola

Minute.bf

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