dimanche 15 décembre 2024
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Procès Sankara : Les confessions de Salifou Diallo

Le procès Thomas Sankara s’est poursuivi avec les témoins qui ont fait leur déposition par vidéo-conférence. Il y a eu aussi la déposition de feu Salifou Diallo, ancien président de l’assemblée nationale, que le greffe a lue ce 10 janvier 2021. Salifou Diallo était à la fois, chef de cabinet de Blaise Compaoré qui était ministre de la Justice à l’époque et le conseillé politique de Thomas Sankara au moment des faits. Au moment où le coup se perpétrait contre Thomas Sankara, Salifou Diallo était au domicile de Blaise Compaoré avec lui. Il a expliqué dans sa déposition ce qu’il y faisait, et ce qu’il sait du coup d’État contre le président Thomas Sankara.

« Je me souviens que lors d’un voyage à Addis-Abeba où j’accompagnais le président Thomas Sankara, il m’a mandaté d’une mission. Il m’a demandé d’élaborer un document dont les quatre axes principaux seront de faire ressortir le fait que les Comités de défense de la Révolution (CDR) deviennent une communauté de base non armée, que les différents groupes politiques qui composaient et qui gravitaient autour du Conseil National de la révolution se regroupent en un seul parti politique et le dernier axe, est de mentionner que moi Salifou Diallo en serait le secrétaire général. Ce document a été écrit, je l’ai transmis au président Thomas Sankara. Il m’a dit d’en faire deux copies, de remettre une copie à Blaise Compaoré pour qu’il apporte ses amendements, de garder l’autre copie et que lui-même allait garder l’original. 

Le document devait faire l’objet d’amendement à la réunion du 15 octobre 1987 au Conseil de l’Entente où Thomas Sankara a été assassiné. Ce jour-là, alors que j’étais à la présidence, je devais m’y rendre avec Kiemdé. Quand je suis descendu de l’étage, juste au moment où je voulais embarquer dans le véhicule de Kiemdé, la secrétaire du président m’a rappelé me disant que le président Thomas Sankara me demandait au téléphone. C’était pour me dire de passer chez Blaise pour récupérer le document en question avec les amendements de Blaise pour la réunion au Conseil de l’Entente. Blaise avait dit qu’il avait le palu et qu’il n’allait pas pouvoir venir à la réunion. Quand je suis arrivé chez Blaise, il était dans sa chambre. Le cuisinier est parti l’appeler, il est sorti avec une serviette avec le document en main. Il s’est assis pour me montrer ses amendements. Le premier amendement concernait déjà le titre. En lieu et place de parti politique, il a demandé de mettre organisation politique. 

Entre temps, il m’a demandé si j’entendais les coups de feu, je n’ai pas répond. Quand on était à la troisième page les coups de feu sont devenus très intenses. Il a dit à tout le monde de sortir de la maison. On est sorti se mettre contre le mur de la cour. Blaise disait que c’est sûrement les hommes de la sécurité de Sankara qui avaient attaqué ses éléments. Quelque temps après, Maïga est venu, ils se sont suivis et ils sont rentrés dans la maison. Après, Blaise est sorti me dire d’aller chercher Étienne Traoré. Je suis allé le chercher. Il me demande peut après encore si je connaissais le domicile de Gabriel Tamini. J’ai dit oui, il m’a demandé d’aller le chercher. Jusque-là, je ne savais pas ce qu’il se passait. 

C’est au cours d’une réunion avec des officiers supérieurs qu’il a informé que Sankara et ses hommes avaient ourdi un complot le 15 octobre 1987 à 20h contre lui et que ses éléments à lui ont su et ont voulu l’arrêté. C’est là qu’il y a eu des échanges de tirs. Je me souviens que quelqu’un a demandé ce qui était arrivé au président Thomas Sankara. Blaise Compaoré a répondu qu’ils sont tous morts ». Voilà la version de Salifou Diallo sur les évènements du 15 octobre 1987 qui ont conduit à la mort du président Thomas Sankara ainsi que 12 de ses compagnons.

Salifou Diallo, dans sa déposition, a aussi fait savoir qu’il croyait et défendait la thèse du complot de 20h, jusqu’au jour où Blaise Compaoré lui a envoyé remettre une lettre à un dirigeant de la sous-région. Quand il est arrivé avec la lettre, se souvient-il, le dirigeant de la sous-région dont il fait cas a lu la lettre devant lui et dit: « c’est ce qui se passe quand on s’attaque aux vieillards. Il reste le bâtard d’Accra ».

Pour Salifou Diallo, il n’y avait pas de déviation droitière de la révolution ou de complot de 20h comme Blaise voulait le faire croire pour justifier le coup d’État contre Thomas Sankara. 

Hamadou Ouédraogo 

Minute.bf

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