« La résurgence des coups d’Etat dans la sous-région ouest-africaine et ses enjeux: quelles perspectives pour les peuples ? »: c’est le thème choisi par l’Unité d’action syndicale (UAS), ce 07 janvier 2023, pour la célébration en différée de la date historique du 03 janvier au Burkina Faso. Une célébration qui a été marquée par un panel autour dudit thème.
Pr Mahamadé Savadogo, enseignant chercheur à l’université Joseph Ki-Zerbo a été retenu pour faire une communication en lien avec le thème.
D’entrée de jeu, le paneliste a rappelé qu’en 02 ans, c’est-à-dire entre 2020-2022, les trois pays que sont le Burkina Faso, la Guinée Conakry et le Mali ont connu 5 coups d’Etat. « Énorme », pour le Pr. Savadogo, qui a essayé de détailler le fonctionnement et l’enchaînement de ces coups d’Etat. En effet, « les Etats sont livrés à des pratiques politiques qui sont susceptibles d’entraîner l’enthousiasme des populations », a-t-il expliqué. Comme pratique politique, il cite entre autres les élections aux résultats souvent contestés, les pouvoirs accusés de corruption et d’incompétence.
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Le paneliste a également contextualisé les récents putschs qui ont eu lieu dans la sous-région. Pour lui, le contexte particulier des récents coups d’Etat est « l’agression des terroristes » que font face ces États depuis un certain temps. L’enseignant à l’Université Joseph Ki-Zerbo explique surtout que dans ces cas, les putschistes ont utilisé les forces mises en place pour lutter contre le terrorisme pour renverser les pouvoirs. « Dans les coups d’Etat de ces pays (Mali, Guinée, Burkina Faso ndlr) les forces spéciales ont joué des rôles importants alors que ces forces ont été précisément installées pour lutter contre le terrorisme et la déstabilisation des États. Et ce sont elles qui se retrouvent maintenant à chercher à prendre la tête même de l’Etat », a-t-il étayé. « Paradoxalement, la lutte contre le terrorisme a contribué à susciter des conflits au sein de la classe dirigeante et en particulier au sein de l’armée et cela a pu encourager les ambitions de conquête du pouvoir d’Etat », a regretté Pr Savadogo.
Le communicateur du jour a conclu en évoquant les limites des coups d’Etat pour une nation. « Les coups d’Etat, quand ils se suivent, ont pour conséquence, la formation de clans et l’exacerbation des divisions. Chaque coup d’Etat entraîne d’autres projets de coups d’Etat. Tout cela contribue à affaiblir l’armée alors que c’est elle qui dit qu’elle se charge de préserver le territoire et d’assurer la sécurité des citoyens », a averti Pr Savadogo.
Il a aussi invité les citoyens à ne pas soutenir les prises du pouvoir par les armes. « Il faut eviter d’accompagner les coups d’Etat. Si vous les accompagnez, vous allez vous exposer à des déceptions. Vous allez aller d’un soutien à un autre », dira l’enseignant-chercheur.
« Si ces derniers temps , la conscience anti-imperalisme s’est beaucoup diffusée, l’anti putschisme à du chemin à faire », a fait remarquer Pr Mahamadé Savadogo pour terminer.
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Mouni Ouédraogo
Minute.bf