Ils sont de ceux qui ont toujours appelé à la résiliation de la convention de concession de l’aéroport de Donsin. Depuis le régime de l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré, ils n’ont cessé de multiplier les sorties pour dénoncer les tares de cet accord signé par l’Etat burkinabè avec le groupement français Meridiam AMP pour la gestion de l’aéroport de Donsin. Eux, ce sont les membres du Collectif des Syndicats de l’aéronautique civile au Burkina Faso. Aujourd’hui, leur cris de cœur semble avoir été entendu. En conseil des ministres le mercredi 09 août 2023, le gouvernement de transition burkinabè a décidé de résilier cette convention de concession, pour « plusieurs manquements constatés dans ses dispositions ». Approché par Minute.bf ce jeudi 10 août 2023, le Secrétaire général du Collectif, Hamed Lamizana, a salué une décision « sage et courageuse » du gouvernement.
Pour M. Lamizana, la résiliation de cette convention de concession est une « victoire du peuple burkinabè » qui a toujours été aux côtés du Collectif, pour dénoncer les tares de cette convention. Et, à l’en croire, le gouvernement burkinabè a pris la bonne décision au regard de toutes les insuffisances que contenait la convention. « Nous sommes animés actuellement par un sentiment de triomphe parce que les résultats de notre lutte sont enfin là. Hier, le gouvernement a pris la bonne décision de résilier la convention de Donsin. Permettez-moi de remercier le peuple burkinabè qui a toujours été solidaire de notre lutte. Permettez-moi aussi de remercier le gouvernement qui a pris cette décision sage et courageuse. Et aussi de remercier l’ensemble des secrétaires généraux des syndicats de l’aéronautique civile et les militants et militantes pour cette victoire que nous inscrivons comme une victoire du peuple burkinabè », a-t-il salué d’emblée.
De son avis, le Burkina Faso avait tout à perdre en allant avec cette convention qui était d’après lui, « une grosse arnaque sur tous les plans ». A en croire Hamed Lamizana, le modèle financier proposé dans cette convention offrait la plus grande part des bénéfices de l’aéroport au concessionnaire, au détriment de l’Etat burkinabè. « Je me suis toujours demandé si ceux qui ont été dans ces négociations ont pris le temps de lire le modèle financier. Je vous assure qu’il y a des choses qui sont dites dedans, quand vous les lisez, vous tombez des nues.Quand vous prenez le modèle financier, il y a un certain nombre de taxes qui étaient perçues par le concessionnaire au détriment de l’État. Si vous prenez par exemple les redevances de développement des infrastructures aéroportuaires (RDIA), ça fait au total 460 milliards FCFA que le concessionnaire perçoit, alors qu’il n’a investi que seulement 145 milliards FCFA. Vous prenez la redevance « passagers », sur 30 ans, le monsieur engrange 388 milliards FCFA. Vous prenez l’assistance en escale, il engrange 390 milliards FCFA. Vous prenez la redevance de sûreté qui fait 146 milliards, la redevance d’atterrissage fait 79 milliards, la redevance de stationnement fait 4 milliards, les royalties c’est 2 milliards, la redevance cargo, 4 milliards, la redevance carburant, 3 milliards. Quand vous faites la sommation de tout cela, ça fait près de 1500 milliards sur 30 ans, que le concessionnaire engrange pour un investissement de 145 milliards. Et lorsque vous divisez les 1500 milliards , cela veut dire que le monsieur devait engranger pratiquement 50 milliards par an. C’est l’arnaque du siècle. Le modèle financier tel que conçu, nulle part ailleurs nous n’avons vu une telle chose », a fustigé Hamed Lamizana, se réjouissant de ce que cette convention ait été résiliée.
A ces insuffisances qu’il a énumérées, il a aussi ajouté la survie des structures fondamentaux telles que l’Agence Nationale d’aviation civile (ANAC) et l’Agence nationale de la météorologie (ANAM). Avec la convention telle qu’il était prévu, ces deux structures de contrôle de l’aviation civile étaient amenées à disparaitre pour cause d’insuffisance de ressources financières, selon le SG. Aussi, dit-il, l’assistance en escale et l’aérogare ont aussi été « complètement bradée » dans cette convention.
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Pour le SG, la résiliation de cette convention de concession permettra au Burkina Faso de repartir sur de bonnes bases pour trouver des alternatives crédibles à même de permettre une gestion saine et profitable de l’aéroport international de Donsin. Et en termes d’alternatives, le Collectif dit avoir déjà fait plusieurs propositions, inspirées de modèles réussies dans la sous-région et dans le monde. Il y a entre autres, à en croire M.Lamizana, la « prise en compte du terrain de l’aéroport existant, le rehaussement de la Redevance de développement des infrastructures aéroportuaires (RDIA) et sa mise en garantie auprès de sociétés ou d’opérateurs économiques au niveau local, le financement de la construction de l’aéroport par des pays partenaires comme la Chine qui d’ailleurs s’est déjà proposée et bien d’autres ».
Oumarou KONATE
Minute.bf
J ai honte pour les représentants du peuple sui ont signé cette tuerie. Quand on a les yeux sur son ventre on ne voit plus loin.
Après des mises en demeure cette décision est la bienvenue merci au gouvernement