dimanche 8 septembre 2024
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Résilience des PDI : Fatoumata et Aminata, ces amazones qui ont refusé de tendre la main

La quiétude a quitté le Burkina Faso depuis que les forces du mal sont entrées sur son territoire un matin de 2015. Depuis lors, le pays subit les affres du terrorisme avec son corollaire de désolation et de détresse. Toutefois, malgré la difficulté de la situation, ses populations ont refusé de capituler. Résilientes dans l’épreuve, elles se relèvent encore plus déterminées, après avoir presque tout perdu. C’est l’exemple de Aminata et Fatoumata. A Pazanni, dans l’arrondissement 9 de Ouagadougou, où elles ont trouvé refuge depuis quelques années, ces deux femmes déplacées internes se refusent au désespoir. Pendant que la première se refait une vie dans le tissage, la seconde, elle, a fait du commerce de céréales son gagne-pain. Dans cette nouvelle vie qui est désormais la leur, les deux femmes qui ont refusé de s’apitoyer sur leur sort, tentent tant bien que mal de se reconstruire. Nous sommes allés à leur rencontre. Reportage !

26 juillet 2023, notre montre affiche 09h lorsque nous prenions la route nationale Nº22 menant à la mairie de l’arrondissement 09 de Ouagadougou. C’est là, que nous attend Yaya Koura, notre guide. Il doit nous conduire à Pazanni, un des quartiers à habitats spontanés couramment appelés non-lotis, situé dans la périphérie nord de la capitale burkinabè. Ce quartier abrite l’un des principaux sites où sont logées les quelques 30 000 personnes déplacées internes que compte la ville de Ouagadougou. C’est là notre principale destination.

Nous arrivons au lieu du rendez-vous à 10h30, et avec nous, une fine pluie qui nous rappelle que nous sommes en période hivernale. Déjà, notre indique, Yaya Koura, nous attend, « depuis une trentaine de minutes maintenant », nous fait-il savoir. Pas de temps à perdre ! Il démarre, et ouvre la marche. Avec lui en guide devant nous, sur une motocyclette, nous prenons le chemin de Pazanni, et plus précisément du marché de Koswendyaaré . Dans ce marché, nous avons rendez-vous avec Aminata Ouédraogo et Fatoumata Ouédraogo. Elles font partie de celles que l’on désigne désormais par le terme de Femmes déplacées internes (FDI) au Pays des hommes intègres.

Après quelques minutes de tours et détours, nous sommes dans le marché. « On va d’abord passer chez Fatoumata. Elle nous attend », nous lance à la volée notre indique avant de prendre un virage. Nous le suivons, et après quelques secondes de faufilage entre les étalages des commerçants, nous voilà face à une concession à quelques pâtés d’un château d’eau. Le portail s’ouvre sur une femme, la quarantaine environ. Elle s’avance vers nous, un large sourire sur le visage : C’est Fatoumata Ouédraogo. Après quelques salamecs, elle nous fait entrer dans sa cour qui sert en même temps de lieu de travail.

Fatoumata Ouédraogo fait dans le tissage

Dame Ouédraogo fait dans le tissage. Dans la maisonnette où elle vit avec ses 06 enfants, elle a installé son métier à tisser juste devant la porte. A voir les fils tendus et la disposition du métier, elle était apparemment à la tâche avant que nous n’arrivions. Après nous avoir installés, la tisseuse reprend place sur sa machine et poursuit son manège pendant que nous causons. Elle a reçu une commande de clients la veille et s’attèle à honorer la demande. Il n’y a donc pas de temps à perdre. La mine sérieuse, les pieds actionnant les deux pédales, elle glisse avec dextérité la navette entre les fils de chaîne afin d’y passer le fil de trame. Mécanique, le manège va continuel. Le tissu ressort par le bas du métier à tisser pour s’enrouler autour de la cylindre. C’est un travail qui nécessite beaucoup de patience et de courage. Et ces deux qualités, Fatoumata en a à revendre, elle, qui a dû marcher des kilomètres pour fuir la violence des groupes armés dans son village natal.

Il y a 4 ans en effet, elle, ses enfants et son époux, ont été contraints d’abandonner leur village natal, « Koïfulboy », dans le département de Gorom Gorom, région du Sahel, pour fuir les actions des groupes armés terroristes. Dans leur fuite, c’est à Ouagadougou qu’ils ont trouvé refuge, plus précisément sur ce site de Pazanni. Ici, une nouvelle vie va commencer pour Fatoumata et ses enfants. Ayant fuit leur village précipitamment, sa famille et elle n’ont pas eu le temps d’emporter un quelconque bien. C’est donc dépouillée de tout, qu’elle a rallié la capitale burkinabè espérant y trouver un minimum de sécurité avec ses enfants et son époux. « On a dû tout abandonner pour se sauver. Les hommes armés venaient et procédaient à des enlèvements dans les villages. Ils prenaient les hommes valides et emportaient avec eux nos bétails. On a été obligés de quitter le village la nuit pour ne pas les croiser. C’était difficile », nous relate Fatoumata, le regard lointain, visage émacié par la tristesse.

Fatoumata a dû fuir sa localité du fait des actions terroristes

Elle dit se souvenir encore de leur arrivée à Ouagadougou. « Ça n’a pas été facile! », lâche la quarantenaire, ravalant une larme. Elle explique qu’à leur arrivée, sa famille et elle ont dû passer plusieurs jours à dormir à la belle étoile avant de trouver refuge sur le site de Pazanni. Pendant ces moments difficiles, la déplacée doit sa survie et celle de sa famille, à la charité des personnes de bonnes volontés. Une situation que Fatoumata n’imaginait jamais vivre auparavant. « Si quelqu’un me disait que j’allais être dans une telle situation un jour, j’allais dire que c’est faux. De ma vie antérieure, je n’ai jamais pensé qu’un jour j’allais mendier. Au village, bien que nous ne soyons pas assez nantis, mon époux et moi, nous nous débrouillions très bien. On a un vaste champ à Koïfulboy, où on cultivait durant la saison des pluie. On s’en sortait très bien », se désole la déplacée interne. Elle précise d’ailleurs, que la difficile situation sur le site, a amené son époux à se reconvertir dans diverses activités pour subvenir aux besoins de la famille. Il était d’ailleurs à Kaya lorsque nous la rencontrions.

Lire aussi : Déplacées et enceintes : le difficile quotidien des femmes sur les sites de Kaya

Entre espoir et nouveaux défis..

Fatoumata Ouédraogo raconte que c’est à la faveur d’une formation aux Activités génératrices de revenus (AGR) organisée par l’association Newlife, qu’elle a appris à tisser. A l’issue d’un mois de formation, la déplacée interne dit avoir acquis les rudiments de cette activité et réussi, avec le soutien de l’ONG, à se procurer une machine à tisser. Ce fut pour elle, le bout du tunnel. « Je n’en demandais pas mieux. Cette activité m’aide vraiment beaucoup », s’empresse-t-elle de nous répondre quand nous l’interrogeons sur le bénéfice de la formation. Pour Fatoumata, ce métier, en plus de lui avoir permis de conserver sa dignité, a renforcé sa confiance en elle-même et lui a garanti le respect de ses enfants et de son entourage. « Comment les gens vont te respecter si tu n’es même pas capable de régler les petits soucis qui se posent à toi. Quand tes enfants ont besoin de quelque chose, tu es obligé d’attendre l’aide des autres pour les satisfaire, cela diminue l’estime que les gens te portent et c’est rabaissant », pense-t-elle. Pour celle qui voit son activité comme une seconde chance, le tissage rapporte mieux. Et elle n’a pas tord de le dire!

Quelques pagnes tissés par Fatoumata

Les prix des pagnes qu’elle tisse varient en effet, entre 5000 FCFA et 10 000 FCFA. Et, en moyenne par semaine, la déplacée interne dit pouvoir tisser au moins 05 ou 06 pagnes. A l’entendre, son activité lui permet de faire face aux charges de la famille, notamment le loyer et les besoins des enfants. Si ce bénéfice lui est d’un grand apport économiquement, Fatoumata Ouédraogo se dit encore plus ragaillardie de l’indépendance et de l’autonomie que son savoir-faire lui confère. « Quand j’étais à Gorom-Gorom, ce que je savais faire c’est l’élevage et l’agriculture. Avec ma nouvelle activité, j’arrive à aider mon mari dans les charges familiales. Quand un enfant est malade, je n’ai pas besoin d’attendre qu’il soit là avant de l’emmener à l’hôpital. Je contribue aussi dans les frais de scolarité. En tout cas, ça m’aide beaucoup. Je suis très heureuse de ce que je fais », confie-t-elle, sourire aux lèvres, un brin de fierté dans les yeux.

Quoi de plus normal qu’une telle fierté quand elle se souvient des péripéties par lesquelles elle est passée. Elle qui a tout perdu en fuyant son village, dit voir dans son travail, « une pluie bienfaisante inespérée dans le désert de [sa] vie ». « Quand je quittais Gorom, j’avais perdu tout espoir. De ma vie, je n’ai jamais imaginé qu’un jour que j’allais mendier. J’avais vraiment perdu l’espoir. Mais aujourd’hui, je rends grâce à Dieu et à ceux qui sont venus nous former. Aujourd’hui, non seulement je sais faire quelque chose de mes dix doigts, mais aussi, je deviens peu à peu autonome. Je n’attends plus que les gens m’aident avant que je puisse faire quelque chose. Je ne dépends plus de quelqu’un », se réjouit-elle.

De grandes ambitions…

Déterminée et surtout encouragée par le résultat de ce qu’elle entreprend, dame Ouédraogo veut conquérir des marchés. Elle ambitionne d’étendre l’écoulement de ses tissus à l’ensemble du marché national. Et pour ce faire, telle une araignée, elle tisse sa toile, jour après jour, en développant à son échelle, des techniques de fidélisation de sa clientèle. « Les personnes qui achètent mes pagnes apprécient toujours la qualité. Quand j’ai commencé à tisser, j’ai remarqué qu’à Ouagadougou, les gens font les choses par réseaux. Si tu n’as pas un réseau, c’est difficile de t’en sortir. Donc moi aussi j’ai entrepris de créer mon réseau à moi. Là où nous avons appris le tissage, on nous a dit que le pagne fait 6 000 FCFA. Mais ici, moi j’ai rabaissé ça à 5 000 FCFA pour avoir la clientèle. C’est ceux qui viennent acheter les tissus qui envoient eux-mêmes d’autres clients au regard des prix abordables. Sinon, moi-même je suis allée au 10 Yaar (marché du 10, ndlr) avec mes pagnes, mais les gens achètent les pagnes de celles qu’ils connaissent. C’est par réseaux », confie-t-elle.

La tisseuse veut étendre l’écoulement de ses tissus au marché national

En parlant justement de réseautage, la déplacée interne, bien informée des actualités du pays, dit avoir ouï dire, par voie de radio, que la tenue scolaire au Burkina Faso sera désormais le Faso Dan fani. Ce faisant, elle dit souhaiter qu’il y ait une marge de marché pour les personnes en situation de vulnérabilité comme elle, qui ont décidé de prendre leur destin en main. « Si nous réussissons à avoir des marchés de commandes dans ce genre de projet, ça va beaucoup nous aider. Je ne suis pas la seule à avoir été formée au tissage ici. Nous sommes au nombre de 06. Si on nous associe au projet, on peut se réunir et fournir nous aussi des tissus qui peuvent habiller les élèves dans les écoles. Cela va nous permettre d’agrandir ce que nous faisons et va inspirer d’autres déplacées sur les sites à s’engager dans le domaine. Parce que notre véritable problème ici c’est le marché », nous lance-t-elle avec de grands gestes qui trahissent son enthousiasme. Elle appelle de ce fait le ministère en charge de l’Education nationale à une discrimination positive à leur égard.

Si dame Fatoumata fait cette doléance, c’est parce que par moments, dit-elle, le marché du pagne est morose. De ses confidences, plusieurs difficultés freinent ses ambitions.

Dans cette vidéo, la deplacée interne raconte les difficultés qu’elle rencontre sur le marché ⤵️

Peu après 12h, nous prenons difficilement congé d’une Fatoumata plus passionnée et déterminée que jamais. Nous avons rendez-vous avec Aminata Ouédraogo, une autre amazone qui se réinvente une vie sur le même site de Pazanni. Après quelques minutes de course, toujours derrière notre guide Yaya Koura, nous la retrouvons, assise en face d’un étalage de produits céréaliers, aux encablures du Lycée Abbé Pierre de Pazanni. A même le sol sous un hangar, Aminata propose du mil, du maïs, du haricot, du sésame et des pois de terre aux passants de la ruelle qui borde la maisonnette devant laquelle elle est assise. Nous débarquons au même moment qu’une jeune femme. Une cliente apparemment. Les discussions s’engagent avec la marchande. Nous nous mettons à l’écart, faisant la priorité à la cliente. Après quelques minutes de marchandage, la vendeuse empile un tas de haricots qu’elle renverse dans un sachet et remet à la jeune dame qui lui tend un billet, récupère sa monnaie et disparaît. Nous avons enfin libre cours pour échanger avec Aminata.

C’est en décembre 2022, qu’elle, son époux et ses 4 enfants sont arrivés à Ouagadougou, nous dit-elle. Menacés au quotidien par des hommes armés dans leur village, Arbinda, les gens de chez elles qui avaient pourtant juré de résister, se sont vite ravisés un matin de fin décembre, après le passage meurtrier des fous de dieu.

Alimata Ouédraogo fait dans le commerce de céréales

A leur arrivée sur le site de Pazanni, Aminata affirme n’avoir pas tardé à initier ce petit commerce au regard des difficultés ambiantes. « C’est vu les difficultés ici sur le site que je me suis lancée dans ce commerce. On ne peut pas s’asseoir comme ça et attendre toujours qu’on nous aide. Donc, avec le peu que j’avais, j’ai décidé de trouver quelque chose à faire », relate la jeune dame, la main sous le menton. Elle dit avoir débuté son activité avec la somme de 30 000 FCFA grâce à l’aide de son époux. Et c’est dans le marché de Pazanni qu’elle s’approvisionne.

« Je prends mes marchandises en gros. Le sac de sorgho peut coûter par exemple 27 000 FCFA et les vendeurs te proposent de payer 26 000 FCFA ; ton bénéfice est donc de 1000 FCFA. Le sac de maïs, je le prends à environ 20 000 FCFA. Pour le haricot par exemple, on me fait l’assiettée à 1 900 FCFA pour 2000 F », nous détaille-t-elle.

Dans cette vidéo, Aminata Ouédraogo explique son processus d’approvisionnement en produits céréaliers ⤵️

Rempart pour la famille

Des explications de la déplacée interne, les bénéfices de son commerce permettent de supporter son époux dans les charges familiales. Popotes, vestimentaire, frais de scolarité des enfants, sanitaire, tout y passe.

« Depuis que je me débrouille dans ça, cela m’aide beaucoup. Mon Mari est souffrant, donc cela me permet de lui venir en aide en prenant en charge les petits besoins de la famille. Je m’occupe par exemple de la popote, des habits des enfants, et aussi quand un enfant est malade, je peux lui trouver des médicaments. Quand l’école des enfants reprend, j’arrive à aider mon mari dans les frais de fournitures. Lui-même il est là, il peut le confirmer », relate, sourire aux lèvres Aminata, lançant par moments des clins d’œil à l’endroit de son homme qui n’est autre que Yaya Koura, notre guide. Assis juste à côté, ce dernier acquiesce de la tête ce que dit son épouse. « Elle m’est vraiment d’un grand soutien! », se retourne-t-il pour nous faire entendre, comme pour rendre hommage à Aminata.

La déplacée interne se réjouit de ce que son commerce lui permet de s’autonomiser

Ayant tout abandonné à Arbinda, Koura est arrivé à Ouagadougou sans rien et, malheureusement, avec une neuropathie. Il est donc limité en terme d’activités physiques et ne doit son secours qu’à ce que son épouse mène comme activité. « Elle m’est d’une grande aide avec ce qu’elle fait. Je suis malade, j’ai quitté l’hôpital, il y a environ deux semaines. Je peux dire que c’est grâce à ce qu’elle fait que j’ai pu honorer mes frais d’ordonnances. Vraiment ça m’a beaucoup aidé. Je ne sais pas comment la remercier. Comme je suis malade, je ne peux pas beaucoup travailler et elle me vient beaucoup en aide », affirme-t-il.

L’activité de sa femme qu’il dit soutenir activement, constitue donc pour M. Koura, un véritable rempart en ces moments difficiles, et il dit ne pas hésiter à lui porter un coup de main de temps en temps. De l’achat à l’acheminement de la marchandise vers le lieu de commerce, l’époux en a fait son affaire et dit le faire avec fierté. « Je suis fier d’elle. L’initiative qu’elle a prise est vraiment unique. Ce n’est pas toutes les femmes qui peuvent avoir ce genre d’idées. Donc c’est ma manière à moi de l’encourager dans ce qu’elle fait », avance-t-il, reconnaissant.

Yaya Koura, époux de Aminata Ouédraogo

En parfait témoin des bienfaits de l’activité de sa compagne, il encourage ses compairs déplacés internes, à trouver de quoi s’occuper, le temps que la situation du pays s’apaise afin qu’ils regagnent leurs localités. Du reste, il appelle les autorités à intensifier les formations aux activités génératrices de revenus sur les sites PDI. « C’est la solution actuellement! », se convainc le quarantenaire.

Il ne pense pas si bien le dire : le gouvernement aussi a compris cette évidence. Conscient de l’impact des AGR sur la résilience des PDI, les autorités burkinabè se sont, en effet, engagées à travers le ministère en charge de l’action humanitaire, à l’initiation des déplacés internes aux métiers à revenus. Lors du conseil des ministres du 20 septembre 2023, la ministre en charge de l’action humanitaire, Nandy Somé/Diallo, a annoncé la mise en œuvre du projet « 1000 Métiers à tisser au profit des Femmes déplacées internes des régions à forte concentration de Personnes déplacées internes (PDI) au Burkina Faso (MAT-FDI) ». Ce projet, a-t-elle expliqué, vise à équiper et renforcer les capacités techniques des femmes et jeunes filles déplacées internes dans les domaines du tissage des pagnes, de la maintenance des technologies de tissage et à les doter en fonds de roulement pour leur installation.

Nandy Somé/Diallo, ministre en charge de l’action humanitaire


« L’ambition à travers ce projet est de réaliser un investissement social afin de renforcer la résilience socioéconomique des femmes et jeunes filles déplacées internes, d’opérer des changements et d’apporter une réponse adaptée aux préoccupations et attentes exprimées par les femmes déplacées internes, en vue de leur pleine participation au processus de développement du Burkina Faso », a expliqué la patronne du département de l’action humanitaire. Ce projet a finalement été lancé le 26 septembre 2023 à Ouahigouya dans la province du Yatenga. D’une durée de 11 mois , il couvrira 11 régions du pays.

Mais avant cette initiative, le gouvernement a entrepris bien d’autres actions en vue du relèvement des PDI et du renforcement de leur résilience en ces moments difficiles. En janvier 2023, notamment, le ministère de l’action humanitaire en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), avait lancé le projet « Renforcement de l’autonomisation et la résilience des femmes pour promouvoir la paix et la cohésion sociale dans les régions du Nord et du Sahel du Burkina Faso ». Ce projet visait à permettre le relèvement des femmes PDI qui ont tout perdu et qui sont dans des situations sociales très difficiles. Visant la réduction des facteurs d’instabilité et de vulnérabilité de ces femmes dans les régions du Nord et du Sahel, le projet a profité à 4 860 bénéficiaires directs et 210 000 indirects (PDI et populations hôtes).

Lire aussi : Rentrée scolaire : Balkissa ou le rêve brisé d’une élève déplacée interne (reportage)

Si le gouvernement est parvenu à réaliser toutes ces actions, c’est en partie grâce à l’accompagnement des Organisations non gouvernementales (ONG) et Organisations de la société civile (OSC) qui ont également pris la question à bras le corps. Et parmi ces organisations, figure l’Association Newlife. Fondée en 2015, au début de la crise sécuritaire, cette association s’est lancée dans l’initiation des femmes déplacées internes aux activités génératrices de revenus, principalement le tissage. En 2021, avec l’accompagnement de l’Ambassade de France au Burkina Faso, Newlife a initié une formation aux métiers de tissage et de la teinture au profit de 60 femmes et jeunes filles vulnérables à Pazanni. D’ailleurs, c’est grâce à cette initiative que notre première interlocutrice Fatoumata Ouédraogo a appris à tisser.

Jeanne Lompo, Directrice de l’association Newlife

Pour Jeanne Lompo, fondatrice de cette association, au regard du nombre grandissant de déplacés internes au Burkina Faso, la formation aux activités génératrices de revenus au profit des PDI est une nécessité. Elle explique qu’à travers cette formation, son association a voulu jouer sa partition dans la réduction des effets du terrorisme sur ces femmes qui ont fuit leurs localités. A l’en croire, plusieurs femmes sont sorties de la formation, transformées et regarnies d’espoir. « Quand nous avons fini la formation, on les a installées, chacune avec son métier à tisser, pour qu’elles puissent commencer à entreprendre d’elles-mêmes. Je peux vous dire que beaucoup de femmes m’ont appelée après quelques temps pour me dire qu’elles ne savent pas comment me remercier parce qu’aujourd’hui elles sont indépendantes, elles aident leurs maris et elles payent la scolarité de leurs enfants. Moi ça me fait plaisir. Tous les jours, je reçois des appels de ces femmes. Même leurs époux m’appellent pour dire merci », nous confie la responsable de l’association Newlife, ajoutant qu’à ce jour, plus de 200 femmes vulnérables ont été touchées par son association.

Voir la réaction de Jeanne Lompo dans cette vidéo ⤵️

Si Jeanne Lompo s’est engagée dans l’initiation des femmes déplacées internes aux métiers du tissage, c’est qu’elle a compris, tout comme les autorités burkinabè, que la lutte contre le terrorisme passe aussi par la réduction des effets corrosifs de ce phénomène sur les populations. L’autonomisation des populations déplacées internes se révèle donc l’une des armes idéales dans le combat contre le désespoir et l’abattement psychologique de ces déplacés. Dans cette dynamique, des modèles de résilience comme Aminata Ouédraogo et Fatoumata Ouédraogo constituent des exemples à encourager et accompagner à l’effet d’inspirer d’autres PDI.

Oumarou KONATE

Minute.bf

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