A la veille de la date prévue pour la mise en vente de la concession pour la gestion du chemin de fer, le Consortium Burkina 2050, qui a fait de l’annulation du contrat de gestion de SITARAIL par la multinationale française Bolloré, son cheval de bataille, a fait le point de ses actions courant le mois de mars. C’était au cours d’une conférence de presse le mercredi 30 mars 2022 à Ouagadougou.
« 31 mars 2022 », selon Dr Nestorine Sangaré, est la date prévue par Bolloré pour vendre SITARAIL à une autre multinationale. Depuis lors, conférences de presse, entretiens avec des médias et marches-meeting sont,entre autres, les actions posées par le Consortium Burkina 2050 pour expliquer aux Burkinabè « le pourquoi [de sa demande] de l’annulation de la convention de gestion de SITARAIL par Bolloré. »
Les lignes semblent bouger pour Dr Nestorine Sangaré, la figure de proue de cette lutte, et ses camarades. Après la marche du 3 mars dernier où le Consortium avait pu remettre au groupe français Bolloré et au ministère en charge des transports sa plateforme revendicative demandant l’annulation du contrat de gestion du chemin de fer par la multinationale française, il a récidivé en initiant une autre marche le 26 mars dernier.
« Le 25 mars, nous avons adressé une lettre au président de l’Assemblée législative de Transition (ALT) pour l’informer que nous venons le lendemain pour lui remettre la pétition. Immédiatement, quand il a reçu la lettre, il (le président de l’ALT, Aboubacar Toguyeni) m’a appelée au téléphone. Il s’est excusé en disant (…) qu’il avait une contrainte et allait désigner quelqu’un pour nous recevoir et réceptionner le message que nous venons déposer », s’est satisfaite Mme Sangaré qui a même révélé que ce dernier a promis que « dès que le bureau de l’ALT sera mis en place, il va examiner le dossier. »
En attendant cela, le Consortium Burkina 2050 qui est à 13 500 signatures pour sa pétition entend atteindre les 15 000 signatures requises d’ici à là.
En outre, Dr Sangaré dit avoir eu des réponses de la part de l’exécutif. « Le ministre des transports nous a envoyé, le 26 mars dernier, une réponse officielle de félicitations et s’est engagé à défendre les intérêts de notre pays », a-t-elle fait savoir.
Mieux, a poursuivi la conférencière : « j’ai reçu le 27 mars, soit le lendemain de notre marche, un appel du premier ministre (Dr Albert Ouedraogo; Ndlr) qui a félicité les participants de la marche pour cette initiative citoyenne. » Selon Nestorine Sangaré, le chef de l’exécutif « a marqué sa disponibilité à recevoir toutes les informations (…) qui pourraient aider à mieux comprendre le dossier. » « Il (le premier ministre) m’a appelée hier dans la soirée (29 mars; ndlr)… Il a promis d’instruire le ministre des transports pour qu’on se rencontre. Le ministre des transports s’est déplacé dans nos bureaux ici pour demander toutes les informations dont nous disposons qui pourront les aider à savoir ce qu’il faut faire avant l’échéance du 31 mars », a révélé Dr Sangaré avant de presque s’exclamer : « jusque-là, nous avons rencontré une bonne volonté des autorités en place pour prendre en main le dossier. »
Nourris par cette augure, Nestorine Sangaré et ses camarades du Consortium Burkina 2050 ont formulé des propositions au gouvernement.
Interpeller l’ambassadeur français, Bolloré…
A entendre la conférencière, « le contrat de la SITARAIL ayant été signé par les deux pays (Burkina et Côte d’Ivoire), le Burkina seul ne peut pas engager des actions sans concertation avec l’État ivoirien. » Sauf que Mme Sangaré dit avoir appris du ministère burkinabè des transports que la partie ivoirienne également « n’a pas encore reçu de notification officielle » de la part de Bolloré pour son intention de vente de SITARAIL.
Pour cela, le Consortium Burkina 2050 propose à l’Etat burkinabè d’ « interpeller, convoquer les représentants de Bolloré au Burkina et de SITARAIL, pour savoir ce qu’il en est. »
Aussi, pour avoir accompagné Bolloré auprès du gouvernement burkinabè « tout au long du processus de négociation », « l’ambassade de France a une responsabilité, s’il y a un problème dans l’exécution de la convention », estime Mme Sangaré. Elle suggère alors au gouvernement, d’ « adresser une lettre préventive à l’ambassade de France. »
Enfin, l’entreprise italo-suisse (MSC) étant pressentie pour racheter SITARAIL, le Consortium Burkina 2050 a proposé au gouvernement de « faire une lettre préventive à l’ambassade d’Italie au Burkina et à la Coopération suisse pour qu’elles interpelle l’entreprise en question que la vente de SITARAIL n’est pas à l’ordre du jour. »
En attendant d’être située le 31 mars prochain, la coordinatrice du Consortium Burkina 2050 pense que la posture des autorités actuelles « prouve qu’il y a des choses qui sont en train d’être faites pour rattraper la situation. »
Franck Michaël KOLA
Minute.bf