Le président de l’Union pour la Renaissance/Mouvement patriotique pour le Salut (MPS) a réagi au blocage du convoi de l’armée française par les populations de Kaya. Il estime qu’ « il est bien de bloquer des convois, mais il est toujours mieux et fondamental de dénoncer ces accords pour que, entre la France et le Burkina Faso, nous ayons des relations d’égal à égal, des relations d’intérêts réciproques ». Nous vous proposons sa réaction sur la question.
« La réaction des populations obéit à une certaine attitude qui dénonce les accords militaires entre le Burkina Faso et la France, sinon les accords de coopération désuets entre l’Afrique d’une manière générale et certains pays (anciens colonisateurs).
C’est une exigence du moment. Quand (Emmanuel) Macron était au Burkina Faso nous avons dit que nous voulons des rapports égalitaires. Aujourd’hui, la jeunesse que nous avons n’est pas celle d’il y a 60 ans pendant les indépendances.
Comprenez que nos populations aujourd’hui veulent plus ou moins une liberté. Voilà pourquoi elles réagissent pour montrer leur mécontentement.
A ce jour, nous avons dit : ne nous trompons pas d’ennemis. La priorité aujourd’hui c’est de mener un combat héroïque pour dénoncer ces accords, pour notre souveraineté nationale. Quand nous disons que nous sommes un parti sankariste, vous connaissez déjà notre position sur cette question.
Dans le fond, nous pensons qu’il est temps que le Burkina Faso prenne en main son propre destin. Mais dans la forme, je pense qu’aujourd’hui la situation sécuritaire voudrait, dans la mesure où ce ne sont pas des bases militaires qui s’établissent au Burkina mais qui continuent ailleurs, que les populations de Kaya ne créent pas d’incident majeur parce que c’est une zone à risque.
La plupart des déplacés internes sont à Kaya. Il ne serait-ce qu’au regard de cela, on devrait avoir de la visibilité pour les laisser continuer étant entendu, au moins, que ces populations se sont exprimées pour dire que la France et le Burkina Faso, les rapports désormais doivent être des rapports de tutoiement.
Avec ce qu’est devenu le G5 Sahel, c’est chacun pour soi Dieu pour tous. La realpolitik. Quand on est en guerre, on cherche les stratégies pour gagner.
On a l’impression que le Mali joue sa partition en tant que pays, le Niger également. Mais s’il y a un refus dans ces pays-là, qui étaient également dans les mêmes conditions politiques et militaires que le Burkina Faso, c’est le Burkina Faso qui allait être la base arrière de ces attaques. Je pense qu’il faut faire une analyse très poussée parce que je crois que les populations ne comprennent peut-être pas, parce que tenaillées par le quotidien.
Mais si on fait une analyse profonde, on fait une communication pour expliquer à nos vaillantes populations qu’aujourd’hui, nous avons un ennemi qui, pour l’heure, nous semble être un véritable soucis : c’est de travailler à sécuriser nos frontières. C’est pour cela que nous avons dit : mettons-nous ensemble d’abord pour créer les conditions idoines d’une sécurité durable, condition sine qua non du développement du Burkina Faso.
Il est bien de bloquer des convois, mais il est toujours mieux et fondamental de dénoncer ces accords pour que, entre la France et le Burkina Faso, nous ayons des relations d’égal à égal, des relations d’intérêts réciproques. »
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