Abdoulatif Sawadogo a obtenu, le lundi 3 février 2025 à l’Université Joseph Ki-Zerbo, le titre de Docteur en Sciences du Langage avec la mention « Très honorable » à l’unanimité des membres du jury. Cela, après avoir soutenu sa thèse qui analyse les stratégies rhétoriques des figures politiques burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et Zéphyrin Diabré dans un contexte de crise sécuritaire. Sous la présidence du Pr. Joseph Paré, le jury a salué une étude « rigoureuse et éclairante » sur les mécanismes linguistiques déployés pour mobiliser l’opinion face au terrorisme.
La thèse, axée autour du thème : « Style et argumentation dans le discours politique dans un contexte d’insécurité : cas du Burkina Faso », vise à analyser les déterminants sur lesquels se construit le discours politique burkinabè dans le contexte d’insécurité. Pour ce faire, l’étudiant Abdoulatif Sawadogo, a analysé trente discours officiels du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré et du chef de file de l’opposition politique, Zéphyrin Diabré.
La stylistique et la rhétorique ont été les principales théories de référence de Abdoulatif Sawadogo. Les résultats obtenus par M. Sawadogo montrent que les deux hommes politiques s’approprient la langue pour la réemployer de manière spécifique en vue de donner une originalité et expressivité à leurs discours en contexte d’insécurité. Cela se rattache, selon le candidat Sawadogo, aux phénomènes lexico-sémantiques, aux indices d’énonciation et aux figures de style.
Discours d’optimisme, contre un discours agressif
L’étude de Abdoulatif Sawadogo relève que le Président Roch Marc Christian Kaboré, élu en décembre 2015 avec 53,5 % des voix, a construit un récit axé sur la « foi en l’unité nationale » et la « victoire certaine » contre le terrorisme, depuis les premières attaques terroristes.
En opposition, Zéphyrin Diabré, candidat malheureux à la présidentielle de 2015, a adopté une rhétorique plus agressive. Son discours est marqué par des métaphores pédagogiques qui visaient à déconstruire la légitimité du pouvoir en place.
« Au plan argumentatif, chacun des deux orateurs construit une image agréable de lui-même. Il s’appuie sur l’univers pathémique pour construire des topiques doublement polarisées. Le logos formé des arguments quasi-logique, empirique, contraignant et de mauvaise foi, a été exploité. Le discours politique se sert donc des composantes du triangle rhétorique pour espérer être persuasif. Dès lors, le discours politique burkinabè dans le contexte d’insécurité se construit à partir de déterminants stylistique et argumentatif », a expliqué l’impétrant Sawadogo.
Le Pr. Joseph Paré, président du jury, a salué « une analyse fine des jeux de pouvoir linguistiques », tandis que Pr. Yves Dakouo, examinateur, a souligné l’actualité du sujet qui s’intéresse à un discours non-littéraire qui fait intervenir l’interdisciplinarité entre les sciences.
« C’est un excellent travail du point de vue de l’originalité du thème et du point de vue du résultat, de la démarche générale et de la qualité même du candidat. Ce travail peut inspirer les hommes politiques débutants compte tenu du décryptage qui a été fait du discours d’hommes politiques chevronnés pour se positionner », a salué le Directeur de Thèse, Pr. Youssouf Ouédraogo.
À l’issue des débats, le travail de Abdoulatif Sawadogo a été accepté et le candidat a été élevé au grade de Docteur par le jury composé de cinq enseignants-chercheurs dont un du Congo. Le jury a, à l’unanimité, sanctionné la thèse par une mention « Très honorable ».
Précisons que Dr. Abdoulatif Sawadogo a débuté les recherches de sa Thèse depuis 2019. La Thèse fait 414 pages et est subdivisée en 3 grandes parties, outre l’introduction et la conclusion.
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Mathias Kam et Nafissatou Dera (Stagiaire)
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