samedi 14 décembre 2024
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Stanislas Ouaro : « Aucun enseignant ne peut sortir aujourd’hui pour dire qu’on n’a rien fait »

De l’appellation « professeur des écoles » en passant par les indemnités, Pr Stanislas Ouaro, le ministre en charge de l’éducation nationale estime que des efforts ont été faits pour la réhabilitation du statut de l’enseignant. A ce propos, le ministre ne pense pas que les résultats scolaires sont liés à l’augmentation salariale des enseignants. Il en appelle donc à une conscience collective, partant du constat que les enseignants des écoles privés catholiques « touchent moins » que ceux du public mais « font du 100% ».

« Aucun enseignant ne peut sortir aujourd’hui pour dire qu’on n’a rien fait », met au défi le ministre Ouaro. Pour se justifier, il avance d’abord la valorisation du statut de l’instituteur appelé maintenant « professeur des écoles ». A ce propos, il témoigne en retraçant la scène d’un échange entre son ami, collègue universitaire, professeur des universités et sa sœur. « On est collègue maintenant parce que je suis professeur des écoles », révèle le ministre Ouaro sur l’adresse de celle-là qui était précédemment appelée institutrice à son frère professeur des universités. « Et elle était fière », rajoute le ministre.

A ceux qui disent : « professeur des écoles mais qu’est-ce qu’on ajoute ? », le ministre Ouaro a répondu que « la réhabilitation, c’est un ensemble » avant de revenir sur le nerf de la guerre.

« Les enseignants ont besoin d’argent », reconnait le ministre en charge de l’éducation qui a rappelé également que des efforts ont été faits dans ce ses. « Ils (les enseignants) m’ont même magnifié en attribuant mon nom à certaines indemnités : Ouaro 1, 2 et 3… Et là je suis fier de cela, je les remercie parce que je rentre aussi dans l’histoire », s’est-il satisfait.

A cet effet, il a relevé qu’en « fin d’année 2015, la masse salariale du Burkina était de 495 milliards de F CFA » avant de grimper « cette année à, à peu près, 1000 milliards de F CFA ». « Ce qui veut dire que nous avons doublé en 5 ans la masse salariale », a fait remarquer Stanislas Ouaro, pensant à son département, le plus grand employeur de l’Etat.

« Malheureusement, (…) une bonne partie de nos collègues enseignants qui viennent dans l’enseignement ne viennent pas parce qu’ils aiment le métier. Cela ne les intéresse pas du tout. Ils cherchent un emploi mais ces personnes n’ont pas la vocation, la passion », a regretté le Pr Ouaro. Mais à ces fonctionnaires, il leur conseille : « si vous venez dans l’enseignement pour vous enrichir, vous venez dans une prison. Vous n’allez jamais vous enrichir. Vous allez prendre Ouaro 1, Ouaro 2, Ouaro 3, 4, 5, ça ne va jamais suffire ».

Par ailleurs, il a souligné que « la réhabilitation des enseignants, ce n’est pas que de l’argent à leur donner ». Il révèle qu’ « il y a des gens qui ont eu de l’argent aujourd’hui, ils se sont achetés des voitures, c’est très bien. Ils se sont développés mais après, ils n’ont pas de carburant pour mettre dans la voiture tous les jours. Et donc, ils font trois semaines de cours sur quatre. Et comme ils sont dans des localités où on a du mal à venir les surveiller, après c’est des problèmes… »

C’est pour cela que le ministre en charge de l’éducation pense que plutôt qu’« une affaire d’argent », « c’est une affaire de conscience collective et de travailler pour le développement de ce pays ». « On va continuer d’ajouter de l’argent, ça ne va rien donner », argue-t-il avant d’établir une comparaison entre l’enseignement privé catholique et celui du public.

« Malheureusement, si vous allez dans nos écoles, il y a plein de gens qui font des échecs collectifs. Ils prennent des enfants au CM2, ils vont et échouent tous au CEP. Est-ce que ça c’est un problème d’argent ? », s’interroge Stanislas Ouaro. A cette question, il a fait observer que « pendant ce temps, leurs collègues qui sont dans l’enseignement privé catholique, qui touchent moins qu’eux font du 100% ».

Pour rappel, ces propos ont été tenus par le Ministre en charge de l’éducation devant la représentation nationale, alors qu’il répondait à une question orale d’un député à l’assemblée nationale sur la valorisation des corps de métiers.

Minute.bf

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