L’économie burkinabè est éprouvée par la crise sécuritaire. Dans ce contexte, l’on s’interroge sur comment l’Etat doit accompagner ses partenaires sociaux, le secteur privé; et en retour comment ces acteurs peuvent accompagner l’Etat. La question a fait l’objet d’un panel, en marge de la commémoration des 10 ans de l’hebdomadaire, L’Economiste du Faso, ce mardi 28 mars 2023. A l’occasion, si certains ont salué la suppression du Haut Conseil pour le Dialogue social (HCDS) comme mesure pour réduire le train de vie de l’Etat, Guy Olivier Ouédraogo de la Confédération Syndicale Burkinabè (CSB), lui-même précédemment membre dudit Conseil ne partage pas cet avis.
Dans le contexte qui prévaut actuellement au Burkina Faso, du point de vue économique, l’Etat, de l’avis du Dr Nebila Yaro, doit « mettre l’accent sur la résolution de la dette intérieure pour faire fonctionner [l’] économie ». Et ce, car, « en temps de crise, on replie sur soi ». A cela, Dr Yaro a ajouté que « la réduction effective du train de vie de l’Etat [doit] être véritable ». Par là, il pense qu’il faut supprimer certaines institutions budgétivores, saluant la suppression du HCDS. Une posture que ne partage pas le désormais ex-membre du HCDS, Guy Olivier Ouedraogo.
M. Ouédraogo a d’abord rappelé que les différentes crises au Burkina ont entraîné « une inflation qui érode le pouvoir d’achat des travailleurs ». « Le salaire moyen au Burkina Faso est de 104 800 au privé, selon les données, mais je ne suis pas tellement sûr. Dans la sphère publique, il est pratiquement de 85 150 F CFA », a-t-il révélé. Dans tout cela, il a soutenu que le Burkina Faso est rentré dans « une véritable inflation en 2022 [qui] entraîne une baisse du pouvoir d’achat ». A ce propos, il a rappelé que le gouvernement lui-même, lors d’un Conseil des ministres « a estimé l’inflation à 14% de 2021 à 2022 ».
« N’eut été ces crises (Covid-19, crise Ukraine et crise sécuritaire), nous savons ce que nous allons faire : fermer, battre le macadam et exiger du gouvernement et du patronat de faire ce qu’ils ont à faire, mais malheureusement, nous sommes dans une situation difficile pour tout le monde et nous sommes obligés de faire avec », a relevé Guy Olivier Ouedraogo.
Mais, prévient-il, « il n’y a pas de résilience infinie ». Il argumente : « il y a des gens qui ont commencé à garer leurs voitures et à rouler à moto. On le voit au niveau des ministères, des services (…) Les combats aujourd’hui pour aller en mission deviennent de plus en plus âpres dans les services ».
Pour tout cela, le SG du CSB appelle à une forme de solidarité du gouvernement envers les travailleurs. Mieux, suggère-t-il, « nous lançons un appel au ministère de l’Économie et des Finances, pour qu’il mette à disposition des partenaires sociaux, les différentes données sur la fiscalité, l’inflation, la vie et autres, les différentes études sociologiques, barométriques pour permettre aux partenaires sociaux et au gouvernement, de trouver les solutions les plus efficaces pour faire avancer la société, tout en prenant en compte les intérêts des travailleurs ».
Et à ce titre, réagit-il maintenant à la suppression du HCDS, « le creuset dans lequel cela doit se faire, c’est le dialogue social. Voilà pourquoi une institution avait été consacrée en la matière (HCDS, ndlr) ».
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Sur le HCDS toujours, Guy Olivier Ouedraogo a soutenu : « on dit qu’il est peut-être budgétivore, mais je décevrai ceux qui parlent de cela, parce que voilà une institution qui ne dispose pas de budget et ne vit que de l’allocation du budget de la présidence du Faso. Si le HCDS n’est pas là, ce sont ces allocations qui reviennent à la Présidence du Faso et elle en disposera comme elle veut ».
Sur ce, M. Ouédraogo a conclu : « il n’y a pas de budget et nous aurons l’occasion de répondre à qui de droit. Parce que ceux qui nous provoquent, nous rencontrent, ça, il peuvent en être sûrs ».
Franck Michaël KOLA
Minute.bf