La Tabaski ou l’Aïd el-Kebir, signifiant fête du sacrifice du mouton sera célébrée le 20 juillet 2021. Le précieux sésame lors de cette célébration musulmane a toujours été le mouton. Chaque fidèle veut s’en procurer pour accomplir la prescription de la religion musulmane, en rappel de la volonté d’Abraham de sacrifier son fils unique, ainsi que l’acceptation par son fils à ce commandement divin. Cette année, au Burkina, le mouton vaut son pesant d’or. C’est en tout cas la tendance que nous avons observée en faisant l’immersion dans certains marchés à bétail de la ville de Ouagadougou.
Au marché de bétail, nous avons rencontré Kipa Amadou Traoré un vendeur de bétail dudit marché. En ce qui concerne l’affluence de la clientèle, pas d’inquiétude pour le sieur Traoré. « C’est la fête du mouton, c’est une obligation d’immoler un animal donc on peut dire qu’il y a la clientèle même si elle est diversement repartie entre les vendeurs du marché. Ce matin, par exemple, je n’ai encore rien vendu, mais hier, j’ai vendu pendant que d’autres marchands n’ont pas vendu. Ainsi va le marché« , s’est longuement exprimé Amadou Traoré d’un air décontracté.
Il y a donc plus ou moins une certaine obligation morale du client à payer le mouton, nous nous sommes alors intéressés au prix du mouton cette année sur le marché.
Notre étonnement était grand, celui-ci nous fait savoir qu’il a vendu un mouton à 750 000f la veille, le plus cher jamais vendu dans le marché. « Les prix varient en fonction de la bête et du pouvoir d’achat du client. Tout se discute. Nous avons vendu des bêtes à 50 000, à 250 000, 500 000 FCFA, hier même nous avons vendu un mouton à 750 000 CFA« , a révélé Kipa Amadou Traoré.
La clientèle juge les prix exorbitants
Il faut le dire, les prix d’une manière globale est jugé exorbitant par la clientèle. Nous avons, à cet effet, abordé un client qui nous a livré ses impressions après avoir fait le tour du marché pour se procurer un mouton.
« L’année dernière les prix étaient plus à notre portée », indique Ibrahim Sanfo, venu acheter un mouton pour sa fête. « Pour avoir un bon mouton cette année, il faut au moins 150 000fr. Il y a eu une grande augmentation par rapport à l’année dernière« , a-t-il déploré. Il dit avoir payé son mouton l’année dernière à 120 000 f cfa par contre cette année, c’est à 135 000 f cfa qu’il a eu son mouton qui du reste ne vaut pas en termes d’envergure son mouton de l’année passée.
Ce qui pourrait expliquer la hausse des prix
Pour expliquer le prix élevé des moutons cette année, certains acteurs pointent du doigt la crise sécuritaire au Sahel et au Nord qui font partie des régions qui comptent les éleveurs à fort cheptel au Burkina.
Kipa Amadou Traoré le reconnaît, « la crise au Nord et au Sahel a fortement contribué à la hausse des prix du mouton cette année« .
« Jadis, nous partions dans ces zones chercher des animaux pour revenir revendre ici dans la capitale. Mais actuellement qui est fou pour y aller. Même les éleveurs de là-bas fuient pour laisser leurs bêtes à cause de la guerre. Ce n’est pas nous qui allons aller en chercher.
Regardez les différents moutons que nous vendons, il n’y a pas de moutons de races sahéliennes qui sont généralement plus grands que nos moutons ici. Avec les moutons du Sahel, on faisait plus de profits, mais regardez nos bêtes dans les enclos, elles sont toutes de petites tailles. Cette crise quoi qu’elle, sévi au Nord et au Sahel nous impacte tous« , a-t-il regreté pour conclure.
Hamadou Ouédraogo
Minute.bf