Dans une interview accordée au journal Sidwaya le 10 mai 2021, le maire de la commune de Thiou, dans la région du Nord, dit avoir « négocié avec les terroristes » pour que sa commune ne soit la attaquée.
Avec Sollé, Bahn, et Kain, Thiou est l’une des 4 communes frontalière avec le Mali, à partir de la partie nord du Burkina. Régulièrement attaqués par les groupes terroristes qui opèrent dans la région depuis 2015, les conseillers municipaux de ces communes, à l’exception de Thiou se sont déplacé à Ouahigouya, chef-lieu de la région. Mais comment cette commune a pu tenir face aux attaques terroristes à l’exception des autres ?
Dans un entretien accordé à nos confrères de Sidwaya, le maire Ghassimi Diallo de Thiou confie avoir utilisé la stratégie de la négociations pour faire face au terrorisme.
« Oui, j’ai négocié avec eux (les terroristes) », a clairement fait savoir le maire Diallo en réponse au journaliste sur comment sa commune a pu tenir face aux attaques terroristes. Mais, le maire de Thiou précise que les négociations ont été possibles parce que, « eux-aussi (les terroristes) ont manifesté le désir. »
En effet, Ghassimi Diallo a indiqué que certains hommes armés sont de la commune. C’est alors qu’il a incité les populations à appeler leurs parents qui se sont enrôlés au sein de groupes armés pour « comprendre leur motivation ». « D’appel en appel, j’ai pu joindre leur responsable dans la zone de Thiou et j’ai essayé de comprendre. Selon eux, c’est l’islam radical, la charia, qu’ils veulent instaurer », confie le maire.
Après cela, M. Diallo dit avoir rassemblé « toutes les communautés religieuses, les couches politiques pour se concerter et sauver les populations. » Une équipe a ainsi été mise en place avec à sa tête le premier adjoint au maire de Thiou pour « aller négocier avec eux (les terroristes). »
Précisément, à en croire, le maire, un premier contact a eu lieu en décembre 2020 pour aboutir par la suite à plusieurs autres rencontres. « L’on était à la phase d’organiser une grande rencontre qui va réunir toutes les couches sociales. Elle était prévue probablement pour la semaine prochaine (NDLR : l’interview a été réalisée le 10 mai). Mais avec l’opération des forces armées nationales dans la région du Nord, j’ai peur que nos démarches ne puissent pas aboutir », a laissé entendre Ghassimi Diallo.
Sur sa démarche, le maire estime que « chacun fait son travail » et que « le rôle des élus locaux est de tout faire pour ramener la paix. » Le maire s’est alors félicité de ce que ces rencontres aient permis de « garantir la paix » dans sa commune qui enregistre aujourd’hui, « 7 000 personnes déplacées. »
Fort de cela, le maire s’est interrogé : « Si on attaque la ville, que ferons-nous avec toutes ces personnes ? » avant de se convaincre qu’« il fallait qu’il y ait une forme de paix pour que chacun puisse vaquer à ses occupations. »
Enfin, sur l’identité des terroristes, le maire a clairement signifié qu’ils sont majoritairement composés d’hommes de Thiou. « Au début des hostilités, l’on pensait que ce sont des terroristes venus du Mali pour nous attaquer. Mais au fil du temps, l’on a fini par comprendre que ce sont nos frères de la même communauté qui nous attaquent », a réagi le maire Diallo qui précise tout de même qu’il y a « quelques individus arabes ou touaregs qui viennent les induire en erreur, les transformant en terroristes islamistes » avec l’ultime conviction de « devoir instaurer la charia. »
Minute.bf