La Société burkinabè de néphrologie (SOBUNEPH) tient, ces 31 mai et 1er juin 2023, son tout premier congrès sous le thème : « La pratique néphrologique en Afrique, au Sud du Sahara, enjeux et perspectives ». La cérémonie de lancement est intervenue, dans la soirée du 31 mai, dans l’enceinte du Centre hospitalier universitaire de Tengandogo.
La néphrologie est la partie de la médecine qui s’occupe de prévenir, diagnostiquer et soigner les maladies des reins. Le néphrologue, c’est donc le spécialiste en charge du diagnostic et du traitement de l’ensemble des maladies rénales encore appelées neuropathies qui affectent la filtration du sang, fonction première des reins. Dans le domaine médical burkinabè, c’est une spécialité encore à un stade embryonnaire, selon le président de la Société Burkinabè de Néphrologie (SOBUNEPH), Professeur Adama Lengani.
A l’en croire, en 2006, le pays ne comptait qu’un seul néphrologue, en sa personne. Aujourd’hui ce nombre est passé à 34 sur l’ensemble du territoire national mais, demeure toujours insuffisant au regard du nombre de patients souffrant d’insuffisance rénale dans le pays. En effet, selon le professeur, on estime à plus de 2 millions 500, les personnes atteintes d’insuffisance rénale chronique, dont la plupart s’ignore. Dans les hôpitaux, plus du tiers des patients arrivent, au stade terminal de la maladie.

Une situation qui alerte selon lui, sur la nécessité de disposer de personnels qualifiés non seulement pour le diagnostic, mais aussi, le traitement de cette pathologie. De ses dires, la tenue de ce congrès s’inscrit dans la dynamique de la SOBUNEPH, de réfléchir au mécanisme de promotion du secteur de la néphrologie au Burkina Faso. A travers la thématique choisie, il s’agira de comprendre les modèles de pratiques néphrologiques dans les pays de la sous-région et au Sud du Sahara, afin de s’en inspirer au Burkina Faso.
Au cours de cette activité, les chercheurs se pencheront surtout, selon le Pr Lengani, sur les mécanismes de prévention, de diagnostic et de traitement des maladies rénales. Il s’agira concrètement de réfléchir aux voies et moyens à mettre en place, pour accompagner les personnes atteintes d’insuffisance rénales et cela, en s’inspirant des pratiques adoptées dans les pays voisins.

Pour ce faire, le congrès connait la présence de chercheurs venus de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Sénégal et de l’Algérie. « Pour développer l’hémodialyse, c’est très coûteux. Et ça pose beaucoup de problème. Il semblerait qu’il y a 5 milliards que l’Etat a donné pour la dialyse. Les 5 milliards, ça ne peut même pas traiter le cas de 2000 malades. Il y a beaucoup de gens qui n’auront pas accès. Et ça pose des problèmes, problèmes moraux, éthiques… Il faut donc qu’au cours de ce congrès, on réfléchisse pour voir ce qui peut être fait. En plus de cela, pour faire le diagnostic des maladie rénales, il faut beaucoup d’examens de laboratoire. Parfois, chez nous, on a pas les instruments qu’il faut. Sur tout ça, il faut qu’on réfléchisse », a confié le Pr Adama Lengani.
Pour ce congrès, le président de l’association africaine de Néphrologie (AFRAN), Abou Niang, a fait le déplacement de Dakar pour Ouagadougou. Il s’est réjoui de la qualité de l’organisation de ce tout premier congrès et surtout, des échanges scientifiques qui ont émaillé cette première journée. A l’en croire, l’AFRAN s’est toujours donné pour objectif de participer au développement de la néphrologie dans les pays africains, et, elle sera toujours aux côtés de la Société burkinabè de néphrologie dans le cadre de ses activités.

Représentant le ministre en charge de la santé et de l’hygiène publique à cette cérémonie, Dr Antoinette Valian, chargée de mission, a salué la résilience de la SOBUNEPH qui a tenu son congrès en dépit du contexte national difficile. A l’entendre, le gouvernement burkinabè a entrepris depuis maintenant plusieurs années, des actions dans le sens de l’amélioration de la qualité de la prise en charge des maladies renales. Il s’agit, dit-elle, « de la subvention annuelle des centres de dialyse à hauteur de 5 milliards permettant de diminuer le coût d’accès à l’hémodialyse, la formation de médecins spécialistes en néphrologie à travers l’octroi de bourses de spécialisation ». Grâce à cette implication, selon Mme Valian, le pays compte aujourd’hui 34 néphrologues répartis dans 7 hôpitaux. Le gouvernement a aussi procédé toujours selon ses dires, à l’ouverture des centres d’hémodialyse au CHU Tengandogo, à Bobo Dioulasso, au CHU Bogodogo, au CHU régional de Ouahigouya ». Tout en assurant de l’accompagnement continuel du ministère de la santé aux activités de la SOBUNEPH, Mme Valian a émis le vœux que de ces 48h d’échanges, émergent des propositions à même de contribuer au développement du secteur de la néphrologie au Burkina Faso.
Oumarou KONATE
Minute.bf