Ceci est une tribune du docteur Hyacinthe Ouédraogo sur la situation nationale marquée par le discours tenu par le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré à l’endroit des hommes politiques et fed responsables fed organisations de la société civile. Dans cette tribune, il apporte son décryptage au discours du président Traoré.
« Félicitations au président pour sa décision de conserver son salaire de Capitaine. Rien que la symbolique d’une telle décision est un signal fort. Il reste à l’ensemble du gouvernement d’imiter son exemple et que cela serve de baromètre à la réduction du train de vie de l’État. Vivement aussi que les Caisses noires cessent ou soient considérablement réduites.
Pour un retour sur le message du président Traoré à la classe politique et aux OSC, il est évident qu’il restera longtemps dans les mémoires tant il fut singulier de part son style et son contenu. Un tableau national dépeint comme tel en noir très foncé. C’est un discours cri de cœur qui devrait être servi à tous ces politiciens aventuristes et opportunistes pour qu’ils se ravisent et sachent qu’ils sont comptables du chaos actuel. Mais bien plus que les politiciens et les OSC, ce message devrait être tenu devant une assemblée représentative de l’ensemble des composantes du peuple : les FDS, les OSC, les politiciens, les intellectuels, les opérateurs économiques, les corporations et biens d’autres souverainetés sociales car la responsabilité de ce chaos actuel incombe à tous.
Mais suffit-il d’être tranchant et émouvant pour soigner une plaie aussi infestée qu’est la société burkinabè? Il faut maintenant des actes forts pour impulser la rupture dans la gouvernance :
- Les Assises Nationales ont eu caractère expéditif et n’ont pas permis aux dites forces vives de mieux se pencher sur les vraies causes de nos problèmes et de redéfinir le nouveau type de société à construire de concert. Il importe donc d’organiser diligemment de Nouvelles Assises bien réfléchies, inclusives et représentatives à l’image de la conférence nationale souveraine tenue par d’autres pays en vue de disséquer sans complaisance la société burkinabè et en déterminer les remèdes. À défaut de cela, la gouvernance Traoré ne pourra pas éviter le conformisme qui a perdu ses prédécesseurs. Il est évident qu’à l’heure actuelle, des groupes de pressions politiques ou même des nébuleuse travaillent sous-terrainement, à dérouter l’action gouvernementale et sa bonne volonté ne suffira pas à changer profondément les choses.
- Si l’armée est aussi comptable de la situation comme l’a soutenu le président, il est donc évident que les premières solutions pour exorciser cette armée et la depolitiser pourraient venir des rapports de Inata, de Gaskindé et des audits approfondis au sein de l’armée pour comprendre comment en dépit des budgets collossaux chiffrés à près de mille milliards de FCFA octroyés à l’armée, on soit encore dans des dysfonctionnements organiques, un déficit criard en logistique et surtout cette incapacité opérationnelle ? Il faudra y penser surtout que tout est urgent dans ce pays…
- La première adresse du président à la Nation est vivement attendue. Elle devra rassurer l’opinion publique quant à la politique générale du gouvernement qui se veut pro-sankariste. Le sankarisme au-delà des réalités indicibles qu’on nous dépeint propose des solutions, indique la voie à suivre pour sortir de l’impasse. <>, clamait Sankara. Si le peuple est en train de prendre conscience, il reste au président, au delà du discours véridique et émotionnel qui a eu l’effet d’une onde électromagnétique de déballer le paquet de solutions, son plan de sauvetage qui puisse mobiliser le peuple pour l’ultime Refondation nationale.
- Le Président a aussi parlé des bamboulas à Ouaga et Bobo. Pourquoi ne pas prendre des mesures interdisant ces dîners gala, ces concerts, cette volupté des bars et toutes ces célébrations qui frisent l’insouciance dans les villes. On ne peut décrier un mal et le laisser poursuivre son cours sans prendre les mesures qui s’imposent. Nous sommes en temps de guerre et les gens doivent se rendre à l’évidence et adopter un rythme de vie en phase avec l’exigence du moment.
Dr Hyacinthe Wendlarima OUÉDRAOGO, Écrivain, Membre du GIRP
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