Comme si l’histoire se répétait. Il a fallu moins de 12 heures pour rappeler aux Tchadiens les années sombres de leur histoire : l’instabilité socio-politique. En effet, le 20 octobre 2022, des manifestants amenés par Succès Masra leader des Transformateurs prennent d’assaut les rues de la capitale N’Djamena. Officiellement, ils entendent rappeler tout d’abord la fin de la période de transition établie lors de la prise de pouvoir par les militaires et dénoncer par la suite la prorogation du délai de la transition fixée à 2024. Si les raisons des leaders de la manifestation sont d’ordre démocratique, il faut noter que dans les faits, la manifestation a pris des tournures inquiétantes. Une cinquantaine de personnes y ont péri et de nombreux blessés sont à déplorer. Dans la foulée, le président de la Transition a décrété un deuil national de 7 jours en mémoire aux disparus. Des organisations internationales telles Afric Tivistes, Amnesty international ont condamné ce qu’elles ont appelé « la répression policière ».
Pourquoi en sommes-nous arrivés là ?
Succès Masra et les autorités de la Transition sont à couteaux tirés. Les premiers revendiquent le respect du calendrier de départ qui fixait le délai de la transition à octobre 2022. Les seconds tablent sur un second round surtout avec la tenue du dialogue national en début octobre. Ces assises ont brillé par leur caractère inclusif. Elles ont réuni les forces vives du Tchad, des groupes rebelles, des exilés politiques. Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maitre pour le président conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Deby, et son équipe. Ces assises ont même été saluées par la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) qui a saisi l’occasion pour lancer un appel à la communauté internationale à soutenir le Tchad dans sa nouvelle direction. Il faut noter que, succédant à son père décédé aux combats contre des groupes rebelles, Mahamat Idriss Deby veut d’un Tchad nouveau, uni, réconcilié avec son peuple et son histoire. Bref, Deby fils veut un nouveau départ. Son projet a séduit plus d’un. A commencer par l’opposant historique à Deby père, le président de l’UNDR, Saleh Kebsabo. Ce n’est pas pour rien qu’à l’issue du dialogue national il a été désigné premier ministre de la République du Tchad. Les manifestations du 20 octobre visent donc à remettre tous les efforts à zéro. Ramener le Tchad dans ses moments de tourments. En choisissant la violence, les leaders de la manifestation ont conduit une cinquantaine de jeunes dans la tombe. D’ailleurs, l’un des leaders des Transformateurs, son vice-président, Moustapha Masri a rendu sa démission arguant ne plus être en phase avec les nouveaux objectifs du parti. « Sous le poids de plusieurs facteurs, notre lutte a été dévoyée et détournée de son objectif fondamental », a condamné Moustapha Masri avant de claquer la porte.
Un front commun avec le président Deby pour sauver la maison
En attendant que les résultats des enquêtes judiciaires livrent leur verdict, des langues se délient et dénoncent des liens entre les manifestants et des membres du groupe rebelle le Front pour l’alternance et la concorde du Tchad (FACT). Dans ce vaste pays du sahel de plus d’un million de kilomètres carrés, les fils et filles du pays doivent se donner la main autour du président Mahamat Idriss Deby jusqu’à l’organisation d’élections crédibles, transparentes et acceptées de tous. Nul ne sait mieux que les Tchadiens le prix de la violence. Deby père tout au long de son magistère s’est érigé en combattant de la violence et de l’instabilité au prix de sa vie. Le sahel s’est déjà déstabilisé ; le Tchad est pris entre le feu des incursions de groupes rebelles venus de la Lybie et des hordes de Boko Haram ; le salut pour ce pays est l’entente entre ses différentes composantes pour parer une éventuelle déliquescence suicidaire. La CEEAC a désigné le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi pour mener les missions de bons offices entre Tchadiens.
Vivement qu’il réussisse !
Ali Hassan, citoyen burkinabè, obsetvateur de la vie publique tchadienne
Minute.bf