Ils ont toujours appelé à une coopération militaire du Burkina Faso avec la République fédérale de Russie. Ils ont aussi réclamé le départ de la France. Et pour ce faire, ils sont plusieurs fois descendus dans les rues de Ouagadougou et de certaines villes de l’intérieur du pays. Eux, ce sont les mouvements panafricanistes Pro-russes du Burkina. Aujourd’hui, leurs appels semblent avoir été entendus. En visite privée à Moscou le 7 décembre 2022, le chef du gouvernement de la Transition burkinabè, Me Appollinaire Joachimson Kyélem de Tambela, a confié à la chaîne de télévision russe RT que le Burkina Faso désirait renforcer sa coopération avec cette puissance. Pour ces leaders de mouvements « panafricanistes » pro-russes, « l’heure de la libération » a enfin sonné pour le Burkina Faso.
Adama Compaoré est le Président du mouvement « Faso Lagam Taaba Zaka », une association qui regroupe l’ensemble des mouvements Pro-russes présents sur le territoire burkinabè. Pour lui, c’est maintenant que commence la véritable lutte contre le terrorisme au Burkina Faso. « C’est quelque chose qu’on attendait depuis longtemps. L’heure de la libération a sonné. C’est par ça qu’on devrait commencer dans ce problème, parce qu’avec la Russie on peut avoir tout. Et nous on était en train de parler avec ces gens là depuis longtemps mais ils ne nous écoutaient pas. Nous sommes très contents de l’équipe d’Ibrahim Traoré. C’est cette équipe la qu’on attendait depuis. On le félicite et on lui dit merci », a-t-il réagi d’emblée.

De son avis, s’il y a bien un partenaire idéal que l’on puisse avoir dans cette lutte contre le terrorisme, c’est bien Moscou. En dépit de la guerre qui l’oppose à l’Ukraine, Adama Compaoré dit être convaincu que cette puissance russe sera à même de sortir le « petit pays » qu’est le Burkina Faso du gouffre dans lequel il se trouve. « Ce n’est pas parce que la Russie est en guerre avec l’Ukraine qu’elle ne pourra pas nous soutenir pour nous sortir du contexte dans lequel on se trouve. Par rapport à la Russie, le Burkina Faso est un petit pays », a-t-il dit. Il a toutefois invité les autorités à prioriser l’intérêt du Burkina Faso dans les clauses de cette coopération naissante.
De l’avis de Lassané Sawadogo du Mouvement « La France doit partir », ce partenariat naissant avec la Russie ne pourra qu’être bénéfique pour le Burkina Faso. De son point de vue, il ne s’agit pas là, de faire une quelconque promotion d’une autre forme d’impérialisme comme certains le pensent, mais plutôt, d’un partenariat gagnant-gagnant entre deux États souverains, qui pourrait permettre au Burkina Faso de lutter efficacement contre le terrorisme qui l’assaille.

« Beaucoup ont compris que coopérer avec une puissance c’est quitter un impérialiste pour aller envoyer un autre impérialiste. Pourtant ici c’est le contraire, c’est un partenariat gagnant-gagnant qui va permettre au Burkina Faso d’acquérir, pas seulement des matériels, mais aussi certaines connaissances dans beaucoup de domaines. Ils sont en avance dans la formation militaire, dans la création des armes. Et aussi économiquement, culturellement, ils sont en avance par rapport aux Burkina Faso. Le pays qui était censé nous former dans ce domaine est là pour son intérêt et il ne le fait pas. Donc cette coopération avec la Russie, moi je pense que c’est la meilleure », a-t-il soutenu.
Il s’est dit par contre reticent à l’idée que le Burkina Faso fasse appelle à la compagnie de sécurité privée Wagner. Il dit accepeter le fait que le Burkina Faso noue un partenariat avec la puissance russe elle-même, mais pas avec une société de sécurité privée. Et de son point de vue, il appartient à chaque Burkinabè de développer en lui-même, les caractéristiques d’un potentiel Wagner. « Concernant la question de Wagner, moi je voudrais faire comprendre au peuple burkinabè d’ici et d’ailleurs, qu’on devient Wagner, mais on n’invite pas Wagner. Si nous croyons que Wagner est plus puissant que l’armée russe, c’est mal connaître la Russie. Wagner est une société privée russe. C’est la Russie qui a formé les éléments qui composent le groupe Wagner. Il faut donc aller vers la Russie elle-même », a-t-il souhaité.
Coordonnateur du mouvement « Pro-russes Burkina », Barthélémy Zango salue également l’élan du gouvernement de la Transition. De son avis, les autorités actuelles n’avaient pas d’ailleurs d’autre choix que d’aller dans le sens de la volonté populaire. « Je pense que l’avènement du 30 a été un soulèvement panafricaniste pro-russe. Donc ils ont intérêt à aller dans le sens de la volonté des masses africaines. Le sentiment Pro-russes est un sentiment général. Donc je pense qu’on a été entendu », a-t-il indiqué.

Pour lui, la question du partenariat avec la Russie est une question purement géostratégique et le gouvernement actuel l’a si bien compris. Il s’agit, dit-il, de s’allier à tous les partenaires pouvant venir en aide au Burkina Faso dans sa quête de paix et de libération. « C’est une alliance de circonstance, de situation juste pour palier à un problème donné moyennant quand même quelque chose parce que ce n’est pas gratuit » , a-t-il avancé. Il a donc invité ceux qui craignent une seconde colonisation, à se rassurer et à savoir raison garder car, dit-il , « la Russie n’a pas intérêt à se lancer dans ça s’ils veulent vraiment avoir une relation durable avec les pays sous domination du monde occidental ».
Oumarou KONATE
Minute.bf