Ceci est le message du Chef de file de l’opposition politique burkinabè (CFOP), Zephirin Diabré, à l’occasion du nouvel an. Il estime que le pouvoir en place a « lamentablement échoué » et pense qu’en 2020, les erreurs de 2015 doivent être corrigées. « Osons le changement ! N’ayons pas peur! », a-t-il exhorté dans son message que nous vous proposons ci-dessous !
Mes chers Compatriotes,
Burkinabè des villes et des campagnes,
Frères et sœurs de la Diaspora,
Frères et sœurs Africains et amis étrangers vivant au Faso,
Vaillant peuple du Burkina,
Au seuil de la nouvelle année 2020, l’Opposition politique vous souhaite une très bonne et heureuse année.
Nous souhaitons que 2020 apporte à notre pays bien aimé la sécurité, la réconciliation nationale, la paix, la prospérité pour tous et la résilience face aux épreuves.
A tous, nous formulons des vœux de santé, de sécurité, de paix, et de succès.
Chers Compatriotes
2019 a été une année très difficile pour notre pays.
Les attaques terroristes ont gagné en intensité et en cruauté.
Les forces du mal ont assassiné des Burkinabé dans les villages, dans les marchés, et même dans les lieux de prière.
Plus de 700.000 de nos compatriotes ont fui leurs habitations, abandonnant tout derrière eux.
Les services publics sont absents de nombreuses zones, laissant nos vaillantes populations seules face aux terroristes.
Des enfants ont vu leurs parents mourir sous leurs yeux et leurs écoles fermer.
Notre unité en tant que Nation est en train de voler en éclats. Des Burkinabé ont versé le sang d’autres Burkinabé, comme ce fut le cas à Yirgou, où nos frères peulhs ont été lâchement assassinés.
Si le Burkina n’a pas sombré, c’est grâce au patriotisme de nos concitoyens et à la combativité de nos Forces de défense et de sécurité.
L’Opposition politique salue et félicite nos Forces de défense et de sécurité. Depuis maintenant quatre ans, elles paient le prix du sacrifice pour défendre notre pays et notre sécurité à tous.
Nos prières accompagnent toutes les familles des victimes du terrorisme.
Nous présentons nos vœux de prompt rétablissement aux blessés de cette folie meurtrière.
Chers compatriotes,
En 2015, les Burkinabé ont confié au MPP et à ses alliés un pays stable, uni, sûr dans ses frontières, en pleine sécurité et respecté à travers le monde.
Quatre ans plus tard, par leur incompétence, leur manque de vision et d’anticipation, le MPP et ses alliés ont laissé les forces du mal traverser nos frontières. Ils ont détruit notre vivre-ensemble, et terni notre image internationale.
Le pouvoir actuel manque cruellement du leadership politique qui peut lui permettre de gagner très rapidement cette guerre.
Face à ce malheur, nous devons retrouver les chemins de l’union sacrée des filles et fils du Burkina.
L’Opposition réaffirme ici que l’union sacrée doit se faire autour de la nation, dont nos Forces de défense et de sécurité sont le symbole immuable.
Mais l’union sacrée ne nous interdit pas de situer les responsabilités ni de dénoncer les mauvaises décisions de nos dirigeants.
L’union sacrée ne saurait être la bouée de sauvetage d’un régime en perdition, ni une tactique pour masquer une incompétence.
Sur le plan socio-économique, la précarité et la cherté de la vie n’ont fait qu’empirer en 2019.
Plusieurs familles n’arrivent plus à aligner deux repas par jour. Les dépenses d’éducation, de santé, de transport et de logement sont devenues difficiles à supporter.
Notre jeunesse est plus que jamais confrontée au chômage.
Les recrutements dans la Fonction publique ont encore diminué, les prêts promis aux jeunes n’ont été que du saupoudrage, et le secteur privé est durablement en crise.
Notre industrie culturelle se meurt, le tourisme agonise et notre secteur hôtelier est sinistré.
Des pillages fonciers déguisés en promotion immobilière permettent aux forts du moment de s’accaparer les terres, dans l’opacité et l’impunité.
Dans le domaine de la Justice, c’est le statu quo dans les dossiers de crimes de sang et des crimes économiques.
Hormis l’affaire du Putsch, aucun dossier emblématique n’a connu de réelles avancées. Les Burkinabè attendent de leur Justice qu’elle soit diligente, et qu’elle soit équitable. Notre justice doit plus que jamais cesser d’être un instrument de règlements de comptes politiques.
En 2019, la corruption a continué de gangréner tous les secteurs. Notre or ne brille pas pour le Peuple. Il brille pour nos dirigeants, qui sont impliqués dans des scandales dont nous attendons le dénouement judiciaire.
Les PPP et la Commande publique sont devenus une source d’enrichissement des gouvernants qui distribuent les marchés de gré à gré à leurs amis, notamment dans le secteur des infrastructures, afin de se constituer un trésor de guerre pour les campagnes électorales à venir.
L’ASCE/LC a même soulevé des inquiétudes sur le budget d’équipements de notre Armée.
Pendant qu’ils gèrent mal les deniers publics, nos dirigeants organisent un véritable matraquage fiscal du contribuable. Ils viennent d’instaurer l’IUTS sur les primes et indemnités des salariés, alors que dans le même temps, ils offrent des cadeaux fiscaux aux riches.
Mes chers compatriotes,
L’ethnicisme, l’intolérance religieuse, le régionalisme, les violences politiques, et la remise en cause des libertés menacent sérieusement les fondements de notre Nation. Nous avons besoin de nous réconcilier, de panser nos plaies, pour regarder ensemble l’avenir.
A ce titre, l’initiative du Président du Faso d’organiser le Dialogue politique est à saluer. L’Opposition politique y a apporté toute sa contribution.
Maintenant, il faut aller plus loin. C’est pourquoi l’Opposition politique demande à nouveau et de manière solennelle au Président du Faso, de convoquer un « Forum des forces vives pour la paix et la réconciliation nationale » qui sera une occasion de traduire en acte le concept « Vérité-Justice-Réconciliation », et d’explorer toute autre voie permettant aux filles et fils de ce pays de solder leur passif.
Peuple du Burkina Faso,
L’Opposition politique sait que vous voulez tous le changement parce que le MPP et de ses alliés ont lamentablement échoué.
En 2020 il y aura des élections couplées, présidentielle et législatives. Notre Constitution le prévoit, la Démocratie l’exige, et le Dialogue politique en a décidé.
Chers compatriotes,
En 2020, nous devons corriger l’erreur de 2015.
Le MPP et ses alliés ont lamentablement échoué.
Osons le changement ! N’ayons pas peur ! Votre Opposition est composée d’hommes et de femmes d’expériences nationales et internationales, qui ne vont jamais tâtonner dans la gestion du pays.
Bientôt, nous signerons un accord politique entre tous les partis de l’opposition, pour conquérir et gérer ensemble le pouvoir d’Etat.
En 2020, notre pays sera vainqueur, et il rayonnera à nouveau!
A toutes et à tous, très bonne et heureuse année 2020 !
Que Dieu bénisse et protège le Burkina Faso !
Ouagadougou, le 30 décembre 2019
Le Chef de file de l’Opposition politique
Zéphirin DIABRE