Exilé au Canada depuis 2016, l’ex homme fort de la transition politique burkinabè, le Général Yacouba Isaac Zida, observait jusque-là un silence apparent depuis sa terre d’accueil. Mais depuis un certain temps, le Général semble avoir retrouvé l’usage de la voix. Visiblement l’homme a du mal à cacher ses ambitions. Et tout semble s’accélerer ces derniers temps. Le dernier acte non fortuit en date est la création du parti politique, le Mouvement Patriotique pour le Salut (MPS). Un parti lancé par le Pr Augustin Loada, l’un des ministres de la Transition.
Lancé le 27 juillet dernier, le MPS s’est trouvé un président d’honneur et c’est l’enfant terrible de la transition burkinabè Yacouba Isac Zida. Celui-là même qui est venu à bout du redouté régiment de sécurité présidentielle(RSP), garde prétorienne du régime Compaoré. Issu du même corps, Zida a eu mailles à partir avec ses frères d’armes pendant la Transition. Même si finalement il en est sorti indemne il a été tout de même atteint, car séquestré pendant le putsch du RSP. Faut-il craindre pareille tête sur le terrain politique ?
L’histoire politique burkinabè nous enseigne effectivement que les fins stratèges militaires, peuvent se révélés d’intrépides politiciens. L’ex-président Blaise Compaoré en est l’exemple vivant. Il a tenu, pendant 27 ans les rênes du pays sans être inquiété jusqu’au jour où certains de ses partisans se sont retournés contre lui en le contraignant à l’exil. Toujours est-il que la stratégie militaire fait souvent bon ménage avec la politique. Faut-il alors s’attendre à un coup de maitre de Zida pour les élections de 2020 au Burkina? Tout porte à croire en tout cas qu’il faut faire avec lui.
Une stratégie de retour au pays et de conquête du pouvoir
Des faits du premier ministre de la transition depuis son exil au Canada renseignent énormément sur ses ambitions. Tout porte à croire que Yacouba Isaac Zida a entamé des manœuvres politico-stratégiques en vue de son retour au bercail et de la conquête du pouvoir au Burkina Faso. Il ne s’en détourne pas d’ailleurs. Pour mieux comprendre, voyons plutôt la chronologie d’un ensemble d’évènements qui sont allés Crescendo. En octobre 2018 Yacouba Isaac Zida fait paraitre son livre « Je sais qui je suis ». Un livre dans lequel, il raconte son parcours, répond à ses détracteurs et soigne son image.
Par la suite, en mars 2019, il annonçait lors d’une interview accordée à une télévision internationale qu’il n’excluait pas d’être candidat en 2020. En avril 2019, le Mouvement Génération Zida pour la patrie annonçait que le retour de Yacouba Isaac Zida est un impératif, estimant que Yacouba Zida est la solution à l’insécurité ambiante que traverse le pays. Le 8 mai 2019, Idrissa Nogo responsable du Mouvement des peuples citoyens (MPC) annonce avec conviction le retour imminent de Isaac Zida au pays pour le 16 septembre 2019. Stratégie de sonder l’opinion? Une chronologie d’évènements qui en dit long sur la stratégie du numéro 2 de l’ex RSP. Il faut souligner que l’homme s’appuie non seulement sur des anciens membres du gouvernement de la Transition mais aussi et surtout sur un puissant réseau d’Organisations de la société civile pour dérouler ses stratégies.
Les OSC faut-il le rappeler, ont joué un grand rôle dans l’histoire politique rècente du Burkina Faso. Elles ont énormément contribué à la chute du président Blaise Compaoré, à la venue et même au maintien de Isaac Zida au sein de l’équipe dirigeante de la Transition. Ce qui explique la bonne entente entre Isaac Zida et certains de leurs leaders. Qu’à cela ne tienne, si il est vrai que les manœuvres de l’ex-premier ministre de la transition méritent le prix Nobel de la stratégie politique, la question qu’on est tenté de se poser est la suivante: Cela suffira-t-il à évincer les vieux crocodiles de la marre politique burkinabè qui s’y nagent depuis des décennies et qui disposent de moyens conséquents pour y demeurer ? L’avenir nous le dira.
La rédaction
Minute.bf