spot_img
vendredi 26 avril 2024

Suivez-nous sur les réseaux sociaux

spot_img

Kongoussi: Dans l’univers de la misère noire des déplacés

Depuis maintenant quatre ans, le Burkina Faso fait face à la pire menace terroriste à laquelle le pays n’a jamais été confronté. Les attaques se multiplient, les morts aussi. A bout, les populations touchées optent pour l’exode. Plus de 500 vies violemment arrachées par ces « fous de Dieu » avec son corollaire de conséquences que sont les déplacés internes, environ 500 000 personnes, selon un récent bilan du Haut-commissariat pour les réfugiés. Aucune région n’a été épargnée. Des récentes attaques dans le Bam, région du Centre-Nord,  ont créé une situation sans précédent. Une équipe de www.minute.bf  y a séjourné pendant trois jours auprès des personnes déplacées.

Le 28 septembre 2019, 16 personnes ont été tuées à Zimtenga, dans la province du Bam, à quelques 25 kilomètres de Kongoussi. Deux jours après, le 30 septembre à Kargo, dans la commune de Komsilga, six personnes tombaient sous les balles assassines des terroristes. Le 2 octobre, toujours dans la province du Bam, à Bourzanga précisément, cinq personnes ont été retrouvées mortes après le passage de ces « hommes armés non identifiés ». Bien avant cela, dans la même localité, le 7 novembre 2017 et le 3 avril 2019, la brigade territoriale de gendarmerie a été attaquée sans heureusement faire de victime. Ce bilan macabre s’alourdit de jour en jour et la peur, elle, a fini par avoir raison des populations qui ne savent plus à quel saint se vouer.

Aux premières heures, des initiatives ont été développées pour venir en aide aux déplacés

Après Barsalogho, dans le centre-nord, qui avait accueilli en juillet dernier, plus de 35 000 déplacés,  c’est au tour de la commune de Kongoussi, toujours dans la même région, d’accueillir, à la date du 7 octobre 2019, plus de 45 000 personnes déplacées. Depuis plusieurs mois, dans cette région, c’est le sauve-qui-peut. Et les villages ne font que se désemplir pour emplir les villes. Nous avons passé trois jours, du 6 au 8 octobre 2019, avec les déplacés de Kongoussi, chef-lieu de la province du Bam, situé à une centaine de kilomètres de la capitale burkinabè.

Aux premières heures de leur arrivée, des initiatives personnelles ont été développées pour venir en aide aux victimes. Après quelques sachets d’eau et de « benga » (haricot) offerts par Salif, simple citoyen résident de Kongoussi, à ces déplacés, plusieurs personnes, des commerçants en particulier, ont aussi décidé de faire parler leur cœur. L’initiative s’est donc développée et au lieu de petits sachets, ce sont des marmites qui ont été dressées sur des foyers de circonstance pour la cuisson du riz offert par plusieurs commerçants de la ville. « Le premier jour, nous avons fait cuire 22 sacs de riz », a fait savoir M. Salif. 

Tegwendé Leonard Kinda et son association Dignus, depuis 2018, apportent un soutien alimentaire et financier aux premiers déplacés qui quittaient déjà le Sahel pour se réfugier dans des localités du centre-nord. Avec la situation précise de Kongoussi, l’association Dignus a mis à la disposition du ministère en charge de l’Action humanitaire, des volontaires pour aider au recensement des déplacés qui ont déjà exprimé leur crainte quant à la durée de leur sécurité à Kongoussi.

Tegwendé Léonard Kinda, président de l’Association Dignus

Kongoussi, cette commune où errent des âmes en détresse

Vu le grand flux des déplacés, les initiatives citoyennes ont fini par se heurter aux dures réalités de la situation.  Mais avec l’aide gouvernementale le pire est jusque-là évité. Plus de 300 tonnes de vivres ont donc été offertes pour distribution aux déplacés. 

Le dimanche 6 octobre 2019, au moment même où la commune de Kongoussi nous ouvrait ses portes, nous apprenons qu’un des otages des assaillants enlevés à Darbiti a été tué. Signe que la commune qui faisait déjà la Une des journaux n’était pas prête à enterrer encore ses derniers morts.   

C’était jour de marché. Des déplacés avaient envahi le marché avec leurs bétails. Les bovins et ovins s’y bradaient à vil prix par des déplacés. Ils ne cherchaient que de quoi se nourrir en attendant d’être éligibles à l’aide gouvernementale.

Sauver les déplacés et leurs bétails

Sey Omar Ouédraogo, Directeur provincial des ressources animales du Bam

Dans une publication sur les réseaux sociaux, un internaute dénonçait le comportement peu catholique de certains acheteurs qui veulent profiter du malheur des autres. En effet, selon son écrit, un cultivateur aurait voulu « liquider » un lot de six béliers à 75 000 FCFA à un acheteur alors que le prix d’un seul bélier dépassait largement la somme sollicitée par ce déplacé. L’acheteur, rusé, aurait voulu prendre le lot à 35 000 FCFA. Il fut après lynché par des personnes qui observaient la scène. 

Ainsi, pour soutenir ces déplacés qui, dans la plupart du temps, bradent leurs animaux, la direction provinciale des ressources animales et halieutiques, en collaboration avec les autorités administratives, réfléchissent sur la nécessité de mettre en place un système de gestion des animaux. Il s’agira de trouver un lieu pour le pâturage, l’abreuvage et la vente du bétail. « Quand un producteur arrive à vendre son animal à vil prix, c’est à comprendre qu’il n’avait pas le choix. Nous aurions aimé que les gens soient un peu plus conscients qu’on ne profite pas de ce malheur pour s’enrichir sur des pauvres déplacés », a regretté Sey Omar Ouédraogo, Directeur provincial des ressources animales du Bam, au micro de www.minute.bf.

Aussi, aux producteurs désirant transhumer leurs animaux, il leur est délivré un certificat national de transhumance pour leur permettre de mener librement, dans d’autres espaces, leurs activités.

Plus de trois jours sans recensement des déplacés

Pendant que les élèves sont en classe, les femmes déplacées s’activent aux travaux ménagers devant les salles de classe

Chaque jour, les déplacés arrivent par centaine, des différentes contrées de la commune de Kongoussi. Ils envahissent en peu de temps les différents sites de distribution de vivres, cette aide gouvernementale qui peine à satisfaire toutes ces âmes en détresse.

Pour bénéficier de cette aide, il faudra, au préalable, se faire recenser par les agents de l’Action sociale du Bam, et se présenter à la direction provinciale de ladite institution pour prendre le rang de distribution des vivres. Salam, lui est sur le site de recensement depuis le samedi 5 octobre mais n’a pas pu se faire enregistrer. Les 6, 7 et 8 octobre, il a toujours marqué sa présence sur le site, mais aucun agent recenseur ne se présente. Pis, aucune explication ne leur est donnée. Toujours rien pour ces nouveaux déplacés qui attendent que leur salut ne vienne que de ce papillon qui leur rendra éligible à l’aide gouvernementale. « Nous sommes là depuis six jours et nous n’avons rien apporté avec nous comme vivres. Pour manger ici, il faudra faire le tour des différents sites de distribution de repas chaud à midi pour espérer mettre quelque chose sous la dent. Ce sont les femmes et les enfants qui prennent le rang là-bas. Nous attendons notre recensement pour bénéficier des vivres », harangue-t-il.

Pourquoi ce recensement peine-t-il à se faire ? Selon les explications de Salam, « il n’y aurait plus de fiches d’inscription ». Comme lui, ils sont des centaines, ces déplacés qui attendent depuis plusieurs jours d’être recensés avant de pouvoir bénéficier de l’aide de l’Etat. Le regard tourné vers la grande voie, femmes, jeunes et vieux, exultaient de joie lorsqu’ils ont aperçu notre équipe arriver sur les lieux. C’était un monde noir qui nous accueillait. Tous ces déplacés, après trois jours d’attente, pensaient être à la fin de leur supplice. Mais nous n’étions que des journalistes, pas des agents recenseurs. « Nous sommes là depuis plus de trois jours. Personnes ne vient nous voir encore moins nous recenser. Nous avons tout abandonné derrière nous. Nous n’avons rien à manger. Nous ne pouvons pas seulement boire de l’eau pour vivre. Nous demandons qu’on vienne nous recenser afin que nous puissions avoir à manger », se lâche Albert. « Il y a trois jours, nous étions là pour le recensement. Mais à notre arrivée sur les lieux, il nous a été signifié que les fiches d’inscription sont finies. Nous sommes revenus avant-hier, hier et aujourd’hui encore, nous sommes toujours assis. Aucun agent recenseur pour nous aider », enchaîne, Christophe avec amertume, suppliant qu’il soit fait quelque chose pour soulager les ‘’nouveaux’’ déplacés qui attendent depuis quelques jours d’être recensés pour enfin pouvoir bénéficier des vivres.

Tout un périple pour recevoir des vivres

Un dortoir pour certains déplacés

Le lundi 7 octobre 2019, l’astre du jour dardait déjà ses rayons perçants sur la cité du haricot vert. Il est 9h quand nous nous présentions à la direction provinciale de l’action sociale du Bam qui était pris d’assaut par les populations déplacées. Enfant, jeunes, femmes, vieux et vieilles, tous y sont pour cette pitance qui viendra compenser les tonnes de vivres abandonnées dans les différents villages aujourd’hui sous le contrôle des assaillants. Boureima, la trentaine révolue, est sur le site depuis le 4 octobre 2019. Contrairement à Albert et Christophe, lui, a pu passer l’étape d’enregistrement et est sur le site de distribution de vivres. Tous les jours, il prend le rang mais n’obtient rien pour repartir auprès des siens. « C’est un vrai calvaire. Tenez, regardez le  »papillon ». J’ai été recensé le 3 octobre, depuis ce jour je me présente sur le site. Je prends le rang mais rien. Il y eut un moment où l’on se bousculait ici. Mais les agents de l’action sociale ont pu réorganiser les choses. La distribution se fait maintenant par village. Les vieux et les vieilles étaient bousculés ici. Certains s’écroulaient et il fallait les relever. Tout cela juste pour avoir à manger », explique-t-il, l’air hagard. Ce jeune qui, avec sa famille, a fui les attaques terroristes à Zimtenga depuis plus de 10 jours, ne sait plus où mettre la tête pour avoir à manger. La mine patibulaire, Boureima n’a qu’un seul cris de cœur : « Nous voulons qu’on nous aide à repartir récolter ce que nous avons semé car dans ces conditions intenables, nous risquons de demeurer dans la famine pendant longtemps ».

Moumini, la quarantaine, vient de passer son huitième jour à la direction de l’action sociale où les vivres sont distribués. La voix nouée, ce homme dit ne pas comprendre ce qu’il se passe dans la distribution des vivres. « Nous sommes venus à Kongoussi les mains vides. Depuis quelques jours, pour avoir à manger, les femmes et les enfants prennent le rang où des personnes de bonne volonté leur distribuent de quoi mettre sous la dent. Nous les hommes, nous sommes obligés de prendre le rang ici à l’action sociale pour espérer avoir des vivres pour la famille. Je suis là depuis huit jours et je n’ai toujours rien eu. Nous souhaitons qu’on nous permette de repartir récolter ce que nous avons semé. Si nous ne le faisons pas, il est bien vrai que le gouvernement fait des efforts, mais il ne pourra pas garantir cette aide pendant longtemps », a-t-il soutenu.

L’hydre terroriste à plusieurs têtes est crainte de tous!

Ousseni Kaboré, DIrecteur provincial du MFSNFAH du Bam assure qu’une prise en charge holistique est faite en faveur des déplacés

D’un bout à l’autre dans la province du Bam, les déplacés récitent aux journalistes ces litanies étouffantes, de cette pieuvre terroriste qui tend ses tentacules dans presque toutes les régions du pays depuis maintenant quatre ans. Ces « fous de Dieu » qui sèment peur et terreur ont fini par peindre en rouge sang certaines localités du Sahel et du Centre-nord aujourd’hui vidées ou presque, de leurs habitants. Ce sont 45 472 personnes déplacées qui ont été enregistrées, à la date du 7 octobre 2019 à Kongoussi.  A la même date, 2 094 ménages ont pu bénéficier des vivres, soit un total de 27 949 personnes, à en croire Ousséni Kaboré, directeur provincial du ministère de la femme, de la solidarité nationale, de la famille et de l’action humanitaire du Bam. Chaque personne reçoit 12 kilogrammes de céréales pour une durée d’un mois. Pour ce qui est du niébé, chaque personne n’a droit qu’à 3 kilogrammes pour la même durée.

La seule douche des déplacés du site de Loulouka. Ils défèquent à l’air libre par manque de latrines

« Au début, les terroristes rentraient dans certains villages environnants de Zimtenga, ciblaient certaines personnes et les tuaient. Nous nous sommes dits à l’époque qu’il y avait des personnes précises qu’ils traquaient pour une raison ou une autre. Mais avec l’évolution du temps, ils avaient changé de stratégie. Ils tuaient en grand nombre. Leur souhait était de voir rassembler plusieurs personnes. Ils ouvraient le feu sur tout le monde immédiatement. Ces derniers temps ils ont massacré beaucoup de personnes dans les villages. Il y a des infirmes qui ne pouvaient pas fuir comme nous, mais ils les ont tous supprimés. Après ils ont continué leur sale besogne à Komsilga et à Kargo. C’est en ce moment que nous avons réalisé que la situation était très grave. Ils ne ciblaient plus les gens. Ils tuaient tout le monde. On nous a fait croire que l’armée viendrait nous soutenir. Mais des personnes que nous voyons en tenue terre du Burkina à qui nous voulions nous confier se retrouvent être des terroristes et abattent tous ceux qu’ils voyaient. Ne sachant plus à quel homme de tenue se fier, nous avons donc fui tous nos villages pour nous retrouver ici », relate Moumini.

Des déplacés frappés par le paludisme et la diarrhée

Adama Maïga, membre de l’Association « Pole for progress Burkina »

A Minima, un village de la province du Bam, les populations ont également déserté. Plus d’une trentaine de village se sont vidés en un mois pour rejoindre Kongoussi. Logées dans des conditions difficiles, certaines personnes déplacées sont frappées par des maladies telles que la diarrhée et le paludisme. Sur le site de Loulouka, au secteur 1 de Kongoussi, les centaines de déplacés n’ont qu’une seule toilette dressée à l’aide de bâches. Il n’y a pas de latrines et les populations sont obligées de déféquer dans la nature, à l’air libre. Ce qui est à l’origine des différents problèmes de santé qu’ils rencontrent alors que la question des soins est des plus difficiles pour certains d’entre eux. Moussa a une femme et trois enfants. Son épouse et son fils souffrent tous deux du paludisme. Ses deux filles ont la diarrhée. Ayant épuisé toutes ses ressources, Moussa n’entend plus rester à Kongoussi. « Je vais repartir avec ma famille au village même si je dois aller mourir là-bas », lance-t-il très découragé de la situation qu’il est obligé de traverser.

Pourtant, le ministère en charge de la solidarité nationale et de l’action humanitaire a mis à la disposition des populations, des agents de santé qui leur offriraient gratuitement des soins pour certaines pathologies.

Des déplacés en rang à l’action sociale de Kongoussi pour recevoir des vivres

Ainsi, en plus de collecter les données en eau, hygiène et assainissement, ces agents accompagnent aussi les acteurs de la santé à prendre en charge les déplacés. Adama Maïga est un agent de santé de l’association « Pole for Progress Burkina », une association qui œuvre dans le cadre de la santé, l’éducation, le développement et l’aspect humanitaire. Lorsque nous l’avons rencontré, il a confirmé que les déplacés sont pris en charge gratuitement dans les CSPS du secteur 1 et du secteur 5. En ce qui concerne les maladies que l’on rencontre, la plupart des cas, précise-t-il, c’est le paludisme, la diarrhée, et aussi des cas de conjonctivite. Les accouchements sont aussi pris en charge gratuitement par ces agents de santé. « Nous avons été en contact avec les déplacés pour connaitre leurs problèmes, leur situation et comment ils sont logés. Ensuite, nous avons fait une évaluation de connaissance et pratique en matière d’eau, d’hygiène et d’assainissement des déplacés internes dans le but de faire une intervention pour prévenir les maladies comme le paludisme, la diarrhée… », a-t-il fait savoir. La prise en charge de tous ces patients n’est pas chose aisée pour ces agents de santé qui sont le plus souvent en infériorité numérique. « Parfois, il faut faire le tri de ceux qui souffrent le plus, les traiter d’abord avant de prendre en charge tout le monde », souligne M. Maïga. 

La prise en charge de ces déplacés, ajoute Ousseni Kaboré, Directeur provincial de la solidarité nationale et de l’action humanitaire du Bam, est « holistique ». Ainsi, en plus de la prise en charge alimentaire et sanitaire, les déplacés bénéficient également d’un suivi psychologique. 

Elèves et déplacés se côtoient au CEG du secteur 5 de Kongoussi

Des déplacés ont envahi cet établissement scolaire contraignant certains enseignants à abandonner les cours

Au cours de notre mission, nous avons fait un tour au CEG du secteur 5 de Kongoussi. Dès les premières heures des classes (7h), élèves et déplacés se côtoyaient dans la cour de l’établissement. Certains déplacés ont élu domicile dans les salles de classe. Aminata, elle, pilait son mil devant la salle de classe pendant que le professeur attirait l’attention des élèves sur son cours. Avec la présence de ces déplacés, la cour de l’établissement est devenue un lieu où des bœufs, des chèvres et des moutons pâturent comme dans des champs en jachère. « Depuis l’arrivée des déplacés, nous travaillons dans des conditions assez difficiles. Nous cohabitons avec des déplacés, dont certains sont arrivés avec des animaux », a déploré Boukary Sawadogo, Directeur dudit CEG qui a invité l’autorité à « s’assumer« . Son établissement a aujourd’hui un double usage. La journée, les élèves suivent les cours, et la nuit tombée, les déplacés occupent les salles, leur désormais dortoirs de circonstance. Les serrures des salles ont été forcées malgré le refus des enseignants de leur céder les salles. « Finalement, nous avons décidé de ne plus fermer les portes. Les soirs, ils viennent dormir et la journée, ils repartent. A l’école primaire B, il y a des déplacés au niveau des auvents des salles de classe. Incapables de dispenser les cours convenablement, les enseignants de l’école ont attiré l’attention de la hiérarchie, l’inspecteur, la mairie, les parents d’élèves. Mais comme jusqu’à présent les déplacés sont toujours là, les enseignants ont décidé de partir, quitte à ce que les déplacés soient relogés afin qu’ils puissent revenir travailler », explique M. Sawadogo.

La journée, les déplacés se reposent sous les auvents des salles de cours

Assises sous le hall des salles de classe, Salimata et Adjara ne souhaitent que leur sécurité soit garantie afin de leur permettre de repartir récolter ce qu’elles ont semé. « Si nous ne récoltons pas, nous n’aurons pas à manger. Même si l’Etat veut nous soutenir, il ne pourra pas le faire pendant longtemps. Actuellement, ce qui nous préoccupe, ce sont nos récoltes. Si l’on envoyait des militaires pour nous protéger, nous allions repartir récolter nos cultures parce que sans les récoltes il n’y aura pas de vie pour nous », a fait savoir Salimata, cette femme qui, le visage ridé par le poids de l’âge, était couchée sur un torchon de pagne étalé à l’auvent de l’école.

Daouda Zoromé, maire de la commune de Kongoussi

Comme les déplacés, la question de la sécurité est un vrai casse-tête pour toute la population de Kongoussi. Daouda Zoromé, maire de la commune de Kongoussi, a souhaité que la sécurité soit garantie pour permettre aux déplacés de regagner leurs villages le plus tôt possible. Tegwendé Leonard Kinda, président de l’association Dignus, a, pour sa part, invité les autorités à prendre à bras le corps la question sécuritaire pour permettre aux déplacés de repartir dans leurs villages respectifs le plus tôt possible. Aux déplacés, que « chacun fasse l’effort de se réserver vis-à-vis de l’autre parce que sans cela on peut arriver à d’autres conflits au sein de la population », conseille-t-il.

Le 8 octobre 2019. Il est 7h (heure locale). Les voies d’accès au site de l’action sociale sont déjà prises d’assaut par les déplacés. La RN 22 était déjà envahie par ces femmes et enfants,  traînant des fagots et autres affaires personnelles à charretées, pour gagner la ville, leur asile. D’autres, sacs vides en mains, se dirigeaient à pas de géant vers les sites de distribution de vivres. C’est désormais le quotidien de Kongoussi, cette ville jadis paisible et peu connu, aujourd’hui sous tous les projecteurs, parce que devenu tristement célèbre.

NB : Nous rappelons que les noms des déplacés ont été changés dans cet article…

Armand Kinda

Minute.bf

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Publicité

spot_img

Publicité

spot_img