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jeudi 28 mars 2024

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Consommation du « tchirou-tchirou » : Ces « morgues » qui refusent pourtant du monde… !

La consommation des boissons frelatées augmente de plus en plus de nos jours. Le fléau affecte la majorité des populations pauvres, qui se rabattent sur les ersatz d’origine et de composition largement douteuses. Ces boissons frelatées ne sont pas sans effet dans la vie des consommateurs, d’autant plus qu’elles ont endeuillé et continuent d’endeuiller bon nombre de famille en Afrique en général mais en particulier le Burkina Faso. Dans ces kiosques souvent appelés « morgue » dans les bas quartiers, malgré le caractère dévastateur de ces boissons, pullule toujours du monde qui s’enivre dans une solidarité apocalyptique.

Au Burkina Faso, les frelatés qui sont dans leur majorité conditionnés dans des sachets sont vendus aux pauvres. Depuis trop longtemps, les vénérables breuvages « Château de France », « Jack et Daniel », « Beaufort » se refusaient aux petits budgets, trop cher pour les démunies qui constituent la grande partie de la population. Ces petites poches de plastique transparentes s’arrachent à bas prix sur les étales des grandes et petites villes du Burkina Faso. Pire, même les coins et recoins les plus reculés du Burkina ne sont pas en marge de ce fléau. Multiples et variés, ces petits sachets ont carrément pris d’assaut le marché d’alcool burkinabé, car à tout bout de chemin des villes et villages ce sont des kiosques, hangars et cabarets qui sont dressés pour la vente de la chose. En à croire les dires d’un consommateur qui n’a pas voulu nous décliner son identité : « ces revendeurs font du 100% de bénéfice dans la vente des frelatés ».

Jadis, ces produits étaient importés du Ghana ou du Cameroun, mais aujourd’hui ces alcools font l’objet de production locale aux contours douteux. Des usines de fabrication qui opèrent pratiquement dans l’ombre, dont les conditions d’installation et de maintenance échappent complètement aux autorités, déversent sur le marché une forte quantité de ces produits. Mais le plus équerrant dans l’affaire est le laxisme et le laissé-passé dont fait preuve les autorités face à la « prolifération sauvage » des frelatés et des points de ventes dans le pays pourtant dangereux pour la santé des consommateurs.

Dans un kiosque sis à Kaarpala, dans l’arrondissement 11 de Ouagadougou, nous avons fait le constat que le lieu refusait du monde, dans la grande partie du temps, qui serait sans doute sa clientèle. Ce kiosque serait même un lieu de culte qui ne vide presque jamais de ces adeptes dans cette partie du quartier. A y voir de prêt, ce sont ces « tchirou-tchirou » qui attirent ces personnes. Car un fidèle des lieux ne rencontre aucune difficulté pour prendre un coup à crédit. Il faut dire que dans ces lieux, règne une solidarité destructrice. 

Les partants pour cette boisson sont nombreux dans la ville de Ouagadougou et partout ailleurs au Burkina Faso, causant une croissance fulgurante de ces genres de kiosques. Cependant, l’ironie du sort est que ce sont souvent des jeunes qui sont censés être la relève de demain qui s’adonnent à sa consommation. Certains adeptes, rien que par l’odeur, sont à même de donner le nom et la marque de la boisson qui foudroie leur odorat. D’autres avec les yeux bandés, en goûtant le liquide, arrivent à identifier le nom de la petite poche de sachet.

Dans le milieu, les buveurs nomment les frelatés « raccourcis », « sap-sap » ou encore « pissance ». Car avec une somme de « 100f », « 150f » et « 200f », on gagne sa dose à gogo. C’est dire que « 100f », « 150f » ou « 200f » serait largement suffisant pour ces partisans à ne pas envier celui qui dépense des milliers de francs pour la bière ou le vin. Et pour eux, ce qui est plaisant dans cette histoire, c’est qu’ils ont une multitude de choix dont « Yankers », « Pastis », « Sopal », « Epéron », « Vieux menthos », « Dry Gin », etc. Malheureusement, l’origine de ces boisons demeure douteuse.

Dans le passé, ce genre de boisson était exclusivement importé. Mais aujourd’hui, le constat est que certains hommes du domaine, dans le but de maximiser le bénéfice, ont à leur tour décidé de les reproduire sur place. L’on ignore comment ils font pour avoir les ingrédients et comment font-ils pour les mélanges, pire, on ne sait s’ils ont les qualités requises pour le faire. Cependant, selon les revendeurs, c’est une activité luxuriante au regard de ces adeptes qui foisonnent chaque jour qui passe.

        Témoignage d’un jeune qui côtoie en permanence les adeptes de cette boisson

« Naam Tiibo » est le nom d’un jeune commerçant ambulant que nous avons rencontré au cours de nos recherches sur la boisson frelatée dans la ville de Ouagadougou. Il dit côtoyer dans sa vie de tous les jours les consommateurs de la boisson frelatée. A l’en croire, cette boisson serait à l’origine de plusieurs tensions dans les foyers et des rapports pères et enfants. Ce jeune accuse les gouvernants et surtout le chômage qui frappe les populations, d’être à l’origine de la commercialisation et la consommation de ces produits dévastateurs.

Les gouvernants à travers les medias et d’autres organismes de santé sont informés sur les conséquences dramatiques de ces boissons et ne font rien de concret pour contrer ce fléau qui grandit de jour en jour dans les villes et villages, pense t-il. Pire, se désole-t-il, les lieux de consommation de ces boisons sont à tout bout de rue dans les quartiers « chics » et dans les non lotis. C’était comme si l’hygiène alimentaire des populations dont la majorité jeune est sans intérêt pour les agents de santé et les gouvernants, se demande t-il.

« Le système éducatif a donné pendant longtemps l’espoir selon lequel, on ne réussit qu’en allant uniquement à l’école », a souligné le jeune commerçant, avant d’indiquer qu’après les études, la désillusion est au rendez-vous, car avoir du travail est un autre défi pour le diplômé. « Si tu es un ainé de la famille et après les études tu n’arrives pas à avoir un boulot pour te prendre en charge et assurer tes droits d’ainesse, il te sera difficile d’échapper au monde d’alcool en général et du monde de frelaté en particulier », nous a expliqué Naam tiibo. Il est vrai que ce n’est pas bon, mais que peut-on devant les dures réalités de nos temps ?, s’interroge notre interlocuteur, avant de faire savoir que bon nombre de ses amis et connaissances vivent ce calvaire. Pas par complaisance, mais par contrainte social, vu qu’ils n’ont pas de soutien à tous les niveaux.         

Elisée TAO (Stagiaire)

Minute.bf         

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