La 10e édition du lait local s’est ouverte, ce jeudi 24 octobre 2024 à Ouagadougou. Elle a réuni les producteurs, transformateurs, et acteurs du secteur agro-alimentaire autour du thème : « 10 ans de 72 heures de lait local : bilan et perspectives ». Cet événement, initié par l’Union nationale des mini laitiers et des producteurs du lait du Burkina (UMPLB), devenu incontournable, illustre l’engagement du Burkina Faso vers l’autosuffisance alimentaire, mettant en exergue l’importance du lait local dans cette dynamique. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le directeur de cabinet, représentant le ministre délégué chargé des Ressources animales et halieutiques, Dr. Amadou Dicko.
Depuis sa création, il y a dix ans, le salon du lait local a permis de promouvoir les produits laitiers burkinabè, soutenant ainsi l’activité des éleveurs et la transformation locale du lait. En dix éditions, l’événement a contribué à faire du lait une denrée accessible au plus grand nombre, a en croire l’Union nationale des mini laitiers et des producteurs du lait du Burkina (UMPLB). Mieux, il a favorisé la sensibilisation sur la qualité nutritionnelle des produits laitiers et l’importance de la consommation de lait local.
D’après Ibrahim Adama Diallo, président de l’UMPLB, les artisans laitiers et les éleveurs ont pu bénéficier de formations et d’échanges de bonnes pratiques, stimulant l’innovation dans le secteur. En effet, si l’on croit M. Diallo, le lait local, en tant que ressource, joue un rôle crucial dans la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Il représente, à cet effet, un moyen efficace de créer des emplois dans les zones rurales et de générer des revenus pour les ménages.
L’UMPLB satisfait des résultats des 10 ans d’existence du salon du lait local
Pour le président de l’UMPLB, le bilan des dernières années montre une augmentation significative de la production et de la consommation du lait local, et ce, malgré les défis liés à la crise sécuritaire, aux conditions climatiques et aux fluctuations des prix. « Malgré ces difficultés, les acteurs de la filière laitière n’ont jamais cédé au découragement. Avec le soutien de nos partenaires, nous avons réussi à équiper 94 unités de production et de transformation laitières avec des chaînes de froid, des équipements de transport et de conditionnement, pour un montant total de 225 millions de francs de CFA. Ainsi, grâce à l’accompagnement de nos partenaires, nos laitiers membres ont cumulé un chiffre d’affaires de 28,35 millions de FCFA ; créer et maintenir 1 080 emplois directs et 3 240 emplois indirects, offrant ainsi une source de revenus stable à de nombreuses familles rurales sur les neuf dernières années. Ces investissements ont permis de garantir la qualité de nos produits et d’améliorer notre capacité à répondre à la demande nationale. En effet, plus de 15 000 personnes ont été sensibilisées à travers les éditions des 72 heures, renforçant ainsi la culture de la consommation locale et solidaire », s’est satisfait Ibrahim Adama Diallo.
M. Diallo a précisé que cet événement n’est pas seulement une célébration de dix ans d’existence, mais le symbole d’une lutte commune, d’une vision partagée et d’une ambition portée par des milliers de femmes et d’hommes au service de la souveraineté alimentaire.
Amadou Diallo, représentant le ministre délégué chargé des Ressources animales et halieutiques, a félicité l’UMPLB pour l’initiation du salon qui met en valeur le savoir et le savoir-faire des acteurs de la filière. Ce rendez-vous, devenu au fil des années un événement phare pour les acteurs de la filière laitière au Burkina Faso, a-t-il soutenu, rassemble autour d’une ambition commune : la valorisation du lait local, « véritable levier pour la souveraineté alimentaire ».
« Depuis une décennie, des étapes importantes ont été franchies. Grâce à la synergie entre les producteurs, les transformateurs, les distributeurs, et les autorités publiques, la filière laitière nationale a connu une transformation remarquable. Parmi ces avancées, nous pouvons citer l’amélioration significative de la qualité du lait produit localement, la diversification des produits laitiers transformés localement et la prise de conscience croissante de l’importance du lait local pour la santé des populations et pour le développement économique », a-t-il souligné.
Des défis à relever pour positionner la filière lait
Tout de même, pour positionner le lait local, il a cité un certain nombre de défis à relever. « Nous avons la persistance de certaines maladies animales qui affectent la productivité de notre bétail, l’insuffisance des infrastructures de collecte, de transformation et de distribution du lait ; les difficultés d’accès au financement, les conflits liés à l’usage des terres entre éleveurs et agriculteurs la situation sécuritaire précaire sur les zones de production », a-t-il énuméré.
Fort heureusement, en réponse à ces défis, Amadou Diallo a rassuré que le gouvernement a pris des mesures concrètes à travers des projets comme le PRAPS, le PRECEL et le PDPS pour le renforcement des capacités techniques des producteurs à travers des programmes de formation ; la facilitation de l’accès au financement via des mécanismes d’appel à projet et des subventions. A cela, il faut ajouter l’amélioration des infrastructures avec la construction de points d’eau et d’infrastructures vétérinaires ; le soutien à la commercialisation des produits laitiers grâce à des foires et plateformes de vente ; le lancement d’un vaste programme de vaccination animale, et la création du Fonds DUMU KAFA dans le cadre de l’offensive agropastorale et halieutique 2023-2025.
Par ailleurs, le représentant du ministre Dr. Amadou Dicko, a ajouté que la célébration des 72 h du lait local est un évènement qui s’inscrit pleinement dans la volonté du gouvernement de promouvoir le « Consommons local », avec la conviction qu’ « en soutenant la production de ce que nous consommons et en privilégiant les produits locaux, nous renforçons notre souveraineté alimentaire ».
Pour le parrain, Dr. Souleymane Pindé, cette 10e édition offre également une plateforme pour discuter des défis à relever. Il s’agit de la question du financement, de l’accès aux technologies modernes, et de la lutte contre les maladies animales souvent évoquées. « Il est de notre responsabilité, en tant qu’acteur de développement, de renforcer les chaînes de valeur locales et de promouvoir une consommation responsable, fondée sur nos produits locaux. Nous devons œuvrer pour que le lait local ne soit pas seulement un symbole de fierté nationale, mais qu’il devienne également un pilier de notre autosuffisance alimentaire », a avancé Dr. Pindé. Il a, en outre, préconisé la mise en place de coopératives plus solides, le développement de nouveaux produits laitiers et l’amélioration des infrastructures de collecte et de transformation du lait.
Au même titre que le gouvernement, le représentant des partenaires financiers, Karime Sere, responsable des programmes à OXFAM, a réitéré son engagement à soutenir cette filière pour garantir sa pérennité. Parlant des partenaires, en guise de reconnaissance, l’UMPLB, a décerné plusieurs attestation aux partenaires financiers.
Il convient de signaler que les 72 heures du lait local se poursuivent jusqu’au 27 octobre prochain, au Palais de la Culture Jean Pierre Guingané. Rue marchande, expositions-ventes et panels sur le thème vont rythmer l’évènement.
Mathias Kam
Minute.bf
