Le ministre de la santé et de l’hygiène publique, Robert Lucien Jean-Claude Kargougou, était face aux députés de l’Assemblée législative de Transition, ce 13 juin 2023. Il est allé répondre à une question du député Basile Nana, sur l’état de mise en œuvre de la politique de gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, les mesures prises face aux insuffisances dans la fourniture des consommables médicaux ainsi que les difficultés que rencontrent les comités de gestion des centres de santé.
Au Burkina Faso, la mesure de gratuité des soins est appliquée actuellement dans toutes les 2 328 formations sanitaires publiques fonctionnelles et dans 29 formations sanitaires privées. C’est ce qu’a d’emblée indiqué le ministre en charge de la santé, se prononçant sur l’état actuel de la mise en œuvre de la politique de gratuité des soins débutée au Burkina Faso depuis 2016. Les cibles concernées par cette politique sont, selon ses explications, les femmes enceintes, les femmes en peri-partum, les femmes vivant avec une fistule obstétricale, les enfants de 0 a 5 ans, etc. Des cibles qui constituent 30% de la population burkinabè, selon le ministre.
Les prestations, quant à elles, couvrent entre autres les accouchements et les interventions obstétricales majeures, les soins pendant la grossesse, les soins chez les enfants de moins de 5 ans, les dépistages des lésions précancéreuses du col de l’utérus, la planification.
« Le financement de la politique de gratuité des soins est assuré par l’État et ses partenaires à travers le système du tiers-payant, c’est à dire que c’est l’État qui paie à la place du patient », a expliqué le ministre Kargougou. De ses dires, de 2016 à fin mars 2023, l’État burkinabè a payé une somme de 194 551 872 324 FCFA aux formations sanitaires contre une facture de 225 296 904 867 FCFA, soit, dit-il, un taux de paiement des factures de 86, 35%. Ce qui dégage des arriérés de 30 745 032 543 F CFA au 31 mars 2023.
En terme d’acquis, ce sont plus de 125 000 000 de prestations gratuites qui ont été offertes aux populations de 2016 à fin mars 2023, selon le ministre de la santé. Aussi, de ses explications, l’utilisation des services de santé a connu une augmentation avec le contact par habitant chez les moins de 5 ans qui est passé de 1,6 à environ 3 en 2022. Le taux des accouchements assistés est quant à lui, passé de 73% à 94% entre 2010 et 2021.
« La mesure de gratuité des soins a contribué également à la réduction de la mortalité des femmes et des enfants de moins de 5 ans. En effet, de 2015 à 2021, le ratio de mortalité maternelle est passé de 330 à 223 décès pour 100 000 naissances vivantes et le taux de mortalité infanto-juvenile est passé de 81,7 à 48 décès pour 1 000 naissances vivantes », a avancé M. Kargougou.
Pour ce qui concerne les difficultés, il a relevé comme principales difficultés, les arriérés de paiement des factures ainsi que les ruptures de médicaments et des irrégularités relevées surtout dans les formations sanitaires lors des contrôles. « La dette de l’État aux formations sanitaires s’établissait à plus de 30 milliards au 31 mars 2023. Cette situation s’explique par une insuffisance d’allocation des ressources financières à la gratuité des soins. En effet, depuis le début de la mise en œuvre de la mesure, bien qu’ayant une tendance à la hausse, le taux d’allocation n’a pas encore atteint 85% », a dit le ministre.
En plus de ces difficultés suscitées, certaines irrégularités telles que les surfacturations des coûts, les paiements à tort, les rackets, la vente parallèle des produits aux bénéficiaires, entravent aussi la mise en œuvre de la mesure, selon les explications données par le ministre aux députés.
Au regard de cette situation, le gouvernement a pris des mesures pour améliorer la politique de gratuité des soins. Ainsi, a dit le premier responsable du département de la santé, « des mesures conjoncturelles ont permis un financement direct à hauteur de 14 494 126 204 FCFA entre 2021 et 2022 au profit de la CAMEG dans le but de réduire les dettes CAMEG et favoriser la disponibilité des produits de santé dans nos formations sanitaires », a-t-il dit.
A cela vient s’ajouter la digitalisation de la feuille de soins en cours et la mise en œuvre de la pharmacie hospitalière. « Les simulations réalisées montrent que la digitalisation combinée à l’harmonisation des tarifs permettra de maîtriser les factures des formations sanitaires aux alentours de 30 milliards de FCFA par an », a dit le ministre Kargougou. Il a confié que « le ministère de la santé dégage de son budget annuel, 25 milliards de francs CFA pour assurer la gratuité des soins au profit des enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes ».
Oumarou KONATE
Minute.bf