dimanche 15 décembre 2024
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Burkina : Il prend 21 ans de prison pour financement de terrorisme

N.M., né en 1978, jardinier de profession, vivant en union libre et père de sept enfants a comparu, le 26 août 2024, devant la chambre du Pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme au Tribunal de grande instance Ouaga II. Fuyant les Koglweogo de son village au Nord pour une histoire de femme, le prévenu recherché par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) sera arrêté à Ouagadougou et condamné à 21 ans de prison pour des faits d’association de malfaiteurs terroristes.

La traque contre les terroristes et leur soutien se fait partout sur le territoire national. Activement recherché après des dénonciations sur ses fréquentations douteuses, N.M., sera mis aux arrêts à Ouagadougou dans une gare routière de la place le 7 février 2020. Il a aussitôt été mis en examen pour des faits d’association de malfaiteurs. Interrogé sur ses activités et sa présence à Ouagadougou, le prévenu explique qu’il a, en réalité, fui les représailles des groupes d’autodéfense Koglweogo. « Je suis un jardinier. Dans mon village, il y a un terrain familial. Mon frère a occupé une partie. Moi également, j’ai voulu occuper l’autre partie. Le frère s’y est opposé. Et comme il fait partie des koglweogo, il m’accuse d’être de connivence avec les terroristes. c’est pour cette raison que j’ai fui », explique le prévenu à la barre. Mais ce n’est pas tout.

Un autre groupe d’autodéfense s’est mis à la traque du prévenu. « J’entretenais des relations avec une fille. J’ai appris après qu’elle a fait son PPS (fiançailles, ndlr). J’ai arrêté la relation. Mais, quelque temps après, son mariage n’a marché pas. Elle est revenue vers moi pour me supplier de reprendre avec elle. Après insistance, j’ai accepté. Mais son ancien mari, un Koglweogo, m’accuse et ils se sont (ancien mari et ses collègues, ndlr) mis à ma recherche pour me faire du mal. Voilà pourquoi je suis venu me réfugier chez un oncle à Ouagadougou », s’est défendu cette fois-ci le prévenu, clamant son innocence du chef d’accusation d’association de malfaiteurs terroristes.

Le prévenu contredit par l’expertise de son téléphone

En effet, N.M. était activement recherchés par les FDS, après plusieurs dénonciations des habitants de son village situé dans la région du Nord du Burkina Faso. Lors de son arrestation à Ouagadougou, le prévenu disposait de 3 téléphones.

Selon le procureur, l’expertise desdits téléphones a révélé que le prévenu entretenait des liens étroits avec des personnes terroristes recherchées par les Forces combattantes. Lors de son audition, le prévenu ne reconnaît pas les faits et clamant ne pas avoir de contacts avec ces derniers. Confronté avec l’expertise de ses téléphones portables le prévenu reste sur sa garde et se défend en avançant l’argument d’une coïncidence.

« Selon vous pourquoi aucune personne de votre village n’est venue vous voir ni témoigner en votre faveur ? », lui questionne la chambre. N.M. réplique qu’il ne sait pas. « Mais est-ce que ce n’est pas parce que les populations vous reprochent quelque chose ? », poursuit la chambre dans ses questions. « C’est comme je l’ai dit, c’est une affaire de Koglweogo », insiste le prévenu.

Pour le procureur, le prévenu tente de faire une diversion parce qu’étant à Ouagadougou, il a fait 3 jours avant de prendre contact avec « son oncle ».

« Au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête, notamment l’analyse de son téléphone, on a trouvé des liens étroits avec des personnes fichées et recherchées par les FDS. Il y a plein de numéros, une dizaine, avec lesquels il a eu des communications qui sont des complices ou qui financent le terrorisme. Lorsqu’on se retrouve avec une dizaine de numéros appartenant à des personnes recherchées, ça pose problème », a soutenu le parquet. Toujours selon le procureur ces faits laissent comprendre que les accusations n’étaient pas de simples faits banals, mais sur la base de vérification. Également, la perquisition du domaine du prévenu a révélé, foi du parquet, du matériel soigneusement gardé pour les terroristes. Le procureur déduit qu’il ne fait aucun doute que le prévenu est membre d’un groupe terroriste. Il a requis que le prévenu N.M soit déclaré coupable des faits d’association de malfaiteurs terroristes. En répression conformément à l’article 361-3 du code de procédure pénale, qu’il soit condamné à 21 ans de prison ferme dont 15 ans de sûreté et 2 millions de F CFA d’amende ferme.

« Je prie Dieu que la paix revienne au Burkina Faso. Ce pour quoi on me juge, je n’y suis pour rien », a déclaré le prévenu pour son dernier mot.

Le Tribunal, statuant publiquement, après le débat contradictoire, suivant la procédure en matière correctionnelle et en premier ressort a déclaré N.M. coupable des faits de financement du terrorisme. En répression, les juges, ont condamné N.M. à une peine d’emprisonnement de 21 ans, dont 15 ans ferme et 10 ans de sûreté, en plus d’un million de F CFA d’amende assorti de sursis. La chambre a condamné, en outre, le prévenu au dépens.

Conformément à la loi en vigueur, le prévenu N.M dispose de 15 jours pour faire appel de cette décision de justice.

Lire aussi ➡️ Burkina : Un recruteur terroriste condamné à 21 ans de prison ferme

Mathias Kam

Minute.bf

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