lundi 16 décembre 2024
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Cancer du col de l’utérus : Faire le dépistage précancéreux ou se condamner à mort

L’ONG Marie Stopes Burkina, à l’occasion de la journée mondiale de la contraception célébrée chaque 26 septembre, a organisé à  Bobo-Dioulasso, une formation à l’intention des Journalistes. A cette formation assurée par le Professeur Der Adolphe Somé, gynécologue obstétricien et enseignant chercheur à l’INSSA/ Université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso, les journalistes ont été outillés sur les différents modes de prévention des lésions précancéreuses pouvant aboutir au cancer du col de l’utérus. Qu’est-ce qu’une lésion précancéreuse du col de l’utérus ; qu’est-ce qu’un cancer du col de l’utérus ? Quels sont les facteurs de risque ? Comment faire pour éviter les lésions précancéreuses et le cancer du col de l’utérus ? C’est ce qui a été donné au journaliste de savoir. L’objectif était d’outiller les journalistes afin qu’il puisse passer l’information juste à leurs lecteurs ou auditoires.

 « Nous remarquons une grande confusion entre lésion précancéreuse et lésion cancéreuse », a fait savoir, d’emblée, le Pr. Der Somé. Pourtant, à l’entendre, « c’est le jour et la nuit ». Il explique : « La lésion précancéreuse, c’est une anomalie des cellules au niveau du col de l’utérus qui met 9, 10 à 15 ans pour devenir des cellules cancéreuses. Ainsi, la lésion précancéreuse, c’est une cellule qui est en train de se transformer en cellule cancéreuse ». C’est pendant cette période de transformation, selon les explications du Pr. Der Somé, que l’on a le temps et les moyens de prévenir la survenue du cancer du col de l’utérus. Par contre, poursuit-il : « la cellule cancéreuse, c’est-à-dire le cancer, c’est une cellule déjà cancéreuse, où il n’y a plus rien à faire, sinon faire des traitements lourds, difficiles et couteux sans parfois arriver à restaurer la santé de la femme ».

Quels sont les facteurs de risques des lésions précancéreuses ?

« Ils sont nombreux », selon l’enseignant chercheur. Il a ainsi fait noter qu’au Burkina Faso, le facteur le plus favorisant ou le plus important, le premier facteur de risque des lésions précancéreuses, c’est le fait qu’une femme, sexuellement active, ne se fait pas dépister à temps. «  Si les femmes se faisaient dépister, le taux de cancer allait diminuer, car, plus les lésions précancéreuses sont détectées tôt, plus on l’endigue facilement », a-t-il expliqué.

« Le deuxième facteur, c’est l’immunodépression », indique le gynécologue obstétricien. Selon lui, quand on parle d’immunodépression, l’opinion a tendance à penser aux personnes qui ont le VIH seulement alors qu’« il y a d’autres circonstances d’immunodépression, à savoir les greffes et les personnes sous corticothérapie ou sous chimiothérapie ». En tout état de cause, le spécialiste Der Adolphe Somé  est formel, « la situation d’immunothérapie favorise la survenue des lésions précancéreuses pouvant évoluer au cancer du col de l’utérus »

Un dernier facteur a été également mentionné par le Professeur Somé. Il s’agit du facteur de traumatisme. « On peut subdiviser ce  facteur en trois traumatismes favorisant la survenue des lésions précancéreuses. Il s’agit du traumatisme infectieux, du traumatisme sexuel, et du traumatisme dû à l’accouchement », a-t-il expliqué avant d’argumenter en ces termes : « le traumatisme infectieux, c’est essentiellement l’infection due au papillomavirus humain (HPV) et l’infection due à l’herpès virus n°2 ». Il a aussi précisé que le virus HPV est reconnu être la cause de 99% des cas de cancer du col de l’utérus.

Une vue des journalistes à la formation

En ce qui concerne « le traumatisme sexuel, il s’agit des multi partenariats sexuels aussi bien chez l’homme que chez la femme », a indiqué le Pr. Der Somé, qui a aussi fait savoir que même si une femme n’a pas plusieurs partenaires pendant que son mari en a, elle est aussi exposée comme si c’était elle-même qui en a parce que, « d’un partenaire ou d’une partenaire à l’autre, on va prendre des microbes que l’on accumule au niveau du col pouvant occasionner le cancer du col ». Le dernier facteur de traumatisme, selon le formateur du jour, c’est le fait d’accoucher beaucoup. Cependant, précise-t-il qu’il convient de nuancer quand l’on parle de traumatisme lié à l’accouchement. « Il faut relativiser. Soit la femme a commencé les rapports sexuels tôt, ou-bien, elle a eu de multiples partenaires sexuels, ou encore, elle a eu son enfant tôt à 16 ans ou à 17 ans », argumente-t-il.

Comment faire pour éviter la maladie ?

Dr. Der Adolphe Somé,gynécologue obstétricien et enseignant chercheur à l’INSSA/ Université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso

Sur la question de prévention de la maladie, le formateur s’est voulu bref, précis et concis : « Il faut impérativement faire le dépistage quand on a une activité sexuelle », a-t-il soutenu avec véhémence. Pour lui, c’est le seul moyen de détecter à temps les lésions précancéreuses du col de l’utérus, les traiter avant qu’elles n’aboutissent au cancer. Selon des données du ministère de la santé, Der Adolphe Somé a fait savoir qu’au Burkina Faso,  le cancer du col de l’utérus est la première cause de décès dû au cancer en général. Il représente 23% des cas de cancer en général.

Marie Stopes Burkina prévoit une prise en charge des personnes ayant des lésions précancéreuses

C’est sans  doute au regard de ce constat que Marie Stopes Burkina a décidé d’intégrer en octobre prochain, en plus du dépistage des lésions précancéreuses du col de l’utérus, le traitement des lésions précancéreuses dans son paquet de soin. C’est ce qu’a fait savoir Dr. Boubacar Sawadogo, directeur assurance qualité développement médical chez Marie Stopes Burkina, qui pense que cette stratégie de prise en charge pourrait « soulager les braves femmes » mais aussi, permettre à son organisation de s’aligner aux objectifs mondiaux en matière de santé.

Hamadou Ouédraogo

Minute.bf

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