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vendredi 26 avril 2024

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Cohésion religion et tradition : La 2e édition du FEMUTREB se tiendra du 2 au 6 juin 2021

Jean-Marie Nikiema est le Président du Comité d’Organisation (PCO) de la 2e édition du Festival des Musiques traditionnelle et religieuse du Burkina (FEMUTREB). Dans un entretien accordé à votre journal Minute.bf en fin de semaine dernière, il a fait le bilan de la première édition et a relevé les difficultés actuellement rencontrées dans l’organisation de cette deuxième édition qui se tiendra du 2 au 5 juin 2021.

Minute.bf : Parlez-nous un peu de votre festival !

Jean-Marie Nikiema : Le FEMUTREB est un festival que nous organisons pour valoriser la musique traditionnelle et religieuse du Burkina. De nos jours, la musique traditionnelle et celle religieuse ne sont pas tellement écoutées comme les autres musiques. C’est pour cela que nous avons eu l’idée d’organiser un festival qui va rassembler les artistes musiciens traditionnels et religieux du Burkina pour valoriser ces musiques et créer une bonne cohésion entre eux.

Cette année, vous êtes à votre 2e édition, quel bilan retenez-vous de la précédente édition ?

En toute sincérité, le bilan de l’édition passée, c’est comme on le dit souvent, tout début n’est pas facile. La première édition s’est déroulée du 2 au 5 décembre 2020. On venait de quitter d’une crise sanitaire liée à la Covid-19. Tout le monde se cherchait comme on le dit. En plus, nous étions en pleine campagne pour la présidentielle et les législatives. C’est donc dire que les choses n’ont pas été faciles pour nous dans l’organisation de la première édition.

Tout de même, nous avons eu l’accompagnement de Sa Majesté le Mogho Naaba ainsi que celui de responsables religieux. Au-delà de cela, nous n’avons malheureusement pas été soutenus par des ministères ou des Organisations non-gouvernementales (ONG). Seul le Musée national qui a signé un partenariat avec nous, nous est venu en aide en nous permettant d’organiser le festival dans ses locaux tout en nous fournissant des matériels logistiques. Pour résumer, nous pouvons dire que nous avons fini le festival avec des dettes.

Une première édition terminée sur fond de dette, comment êtes-vous arrivés à relancer cette 2e édition ?

Nous n’avons pas une source de financement pour la présente édition mais nous croyons au projet. Nous savons que tout début n’est pas facile mais en même temps, vouloir c’est pouvoir. C’est parce que nous avons confiance au projet que nous lançons la 2e édition.

Pour la première édition, les gens retiennent que c’est du tâtonnement mais cette fois-ci, nous avons eu des autorités qui ont décidé de nous accompagner. Au moment où je vous parle, nous avons demandé des audiences pour les rencontrer pour leur faire le point de l’avancement des préparatifs de la présente édition même si nous n’avons pas encore eu ces audiences.

A combien estimez-vous le budget qui peut vous permettre de réaliser ce festival ?

Pour cette édition, nos prévisions budgétaires s’élèvent à plus de 45 millions de F CFA. Si on arrive à rassembler ce budget, nous allons inviter toutes les troupes des 13 régions du Burkina en plus des musiciens traditionnels et religieux à participer au festival. Il s’agira de les héberger, de les prendre en charge au niveau transport (aller et retour). Mais à l’heure où je vous parle, aucun sponsor n’a réagi.

Ce qui est marrant, dans certains endroits où nous sommes allés, on nous répond que « comme ça parle de la religion, on s’abstient ». Mais, nous nous disons que c’est plutôt parce ce que ça parle de la religion qu’il faut s’impliquer au lieu de se retenir.  

Quel est le rapport que vous faites entre la musique traditionnelle et celle religieuse ?

Le rapport que nous faisons entre la musique traditionnelle et celle religieuse consiste à dire que bien avant que la religion ne vienne, il y avait la tradition. C’est pour dire que nous ne devons pas oublier nos traditions, nos cultures parce qu’il y a des religions. Pour preuve, nos responsables religieux, de nos jours, vivent en famille. Sa Majesté le Mogho Naaba, le Cardinal Philippe Ouedraogo et El Hadji Boubacar Sana en sont des exemples palpables ; voyez comment ils s’embrassent à certaines occasions. Nos responsables traditionnels et religieux vivent en famille et donnent un bel exemple que nous, à notre tour, devons transmettre. On ne doit pas dire « tu es musulman, je ne peux pas m’approcher de toi ou encore, on ne peut pas nous asseoir pour causer ». Nous devons être une seule famille et un seul corps.

Quel est le lien de ce que vous dites avec la musique ?

Quand vous écoutez la musique, elle vous transmet des paroles, elle éduque, elle enseigne, elle conseille.

Nos musiques traditionnelles donnent des conseils, elles apaisent les cœurs. C’est le même rôle que joue la musique religieuse. C’est ainsi que nous nous sommes demandés, pourquoi ne pas organiser un cadre pour les réunir et faire des soirées où ces musiques pourront s’exprimer ?

A la première édition par exemple, Sa Majesté le Mogho Naaba a demandé à notre parrain artistique qui a composé une musique spéciale pour le festival.

Vous avez besoin de plus de 45 millions, à 2 mois du festival, quel est l’état de la mobilisation des fonds ?

A l’heure où je vous parle, nous n’avons même pas encore eu un franc. Il n’y a pas une structure qui nous a tendu un rond en ce moment. Nous avons fait des demandes d’audience pour rencontrer la patronne qui est la ministre de la culture et la marraine qui est la ministre de la femme, Laurence Marchal/Ilboudo, les co-parrains que sont le ministre du commerce, Harouna kaboré et le maire de la ville de Ouagadougou, Armand Pierre Beouindé. Nous sommes actuellement en contact avec leurs protocoles qui n’ont pas encore programmé les audiences afin que nous puissions leur expliquer en toute sincérité là où nous en sommes actuellement.

Avec ces difficultés déjà rencontrées, est-ce que vous prévoyez un report du festival?

Nous voulons vraiment honorer et respecter notre parole. Nous avons des gens qui vont exposer. Il y aura une rue marchande. Des exposants ont déjà fait leur réservation et à la réservation ils donnent 50% du stand qu’ils demandent. Compte tenu de leur mobilisation pour venir et compte tenu des parrains artistiques qui se sont engagés pour nous accompagner, cela fait que nous voulons tenir parole et ne pas repousser la date.

Avez-vous des critères de sélection pour vos musiciens ?

A l’heure actuelle, nous n’avons pas de critère de sélection des musiciens qui doivent venir. Nous avons les musiciens catholiques, protestants, musulmans et traditionnels. Nous avons aussi une troupe de Saponé qui s’est prononcée pour venir participer. On a des parrains artistiques aussi qui ont promis de recommander des troupes qui vont venir pendant le festival.

Qu’est ce qui sera fait concrètement pendant ces cinq jours ?

Nous aurons des conférences débats sur la paix, la cohésion sociale et le développement. Nous voulons aussi profiter de ce festival pour voir les établissements et mobiliser les élèves à y participer pour que nous puissions les parler et les sensibiliser à certains aspects de la discipline et la paix. Il y aura des conférences débats, la parenté à plaisanterie, l’arbre à palabre et des concerts en live. Tous les soirs durant les 5 jours il y aura des animations. Le lieu, c’est à la place de la Nation de Ouagadougou et l’ouverture c’est le 2 juin à partir de 18heure.

Combien de participants attendez-vous ?

Nous attendons 1500 participants. Il y aura des musiciens, de membres de la société civile, des représentants des différentes religions du pays.

Des mesures seront-elles prises pour la sécurité et la santé des participants dans un contexte sécuritaire et sanitaire difficile que traverse le  Burkina Faso?

Comme à la première édition, la gendarmerie nationale nous a accompagnés du début jusqu’à la clôture à zéro franc. Cette année encore on a y déposé des demandes de partenariat. La police nationale aussi est disponible pour nous accompagner. Nous ne pouvons pas vouloir rassembler des gens pendant 5 jours sans penser à leur sécurité et à leur santé. Nous avons pensé aussi aux mesures barrières contre la Covid-19, la distanciation, le port de masques. Nous avons prévu de donner des caches nez à ceux qui n’en auront pas aussi.

Quelle interpellation avez-vous à faire à l’endroit de vos partenaires ?

Je souhaite que tous ceux qui ont reçu nos demandes de sponsoring et de partenariat nous donnent une suite favorable. Nous n’organisons pas le festival pour nous-mêmes, mais nous voulons faire un festival qui va changer beaucoup de choses dans la société. Beaucoup de thèmes seront abordés pendant la conférence. Si ces partenaires nous écoutent et nous regardent, qu’ils réagissent à notre faveur parce que le grand jour approche. J’interpelle aussi les autorités, surtout ceux qui ont décidé de nous accompagner. S’ils veulent nous appuyer, ils peuvent nous recommander à des gens et faire aussi quelque chose au-delà de l’image qu’il donne au festival parce que les gens ne regardent plus l’image aujourd’hui.

Propos recueilli par Hamadou Ouédrao

Minute.bf

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