vendredi 22 novembre 2024
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Burkina/Coopération : « Sans la France, le Sahel aussi peut bien vivre » (Premier ministre)

Le Premier ministre, Dr Appolinaire Joachimson Kyélem de Tambela a présidé la traditionnelle cérémonie de montée des couleurs à la primature ce lundi 2 octobre 2023 dès 07h 30. A cette occasion, il est revenu sur l’importance et la symbolique du drapeau national. Il a aussi abordé la question de la lutte contre le terrorisme et la situation au Niger.

« Le drapeau peut avoir deux sens : il peut être un simple ornement distinctif comme le rouge à lèvre que l’on porte, comme un vêtement qu’on porte et qu’on enlève pour en mettre un autre, tout comme il peut être aussi l’expression de la dignité et de la combativité d’un peuple », a déclaré d’emblée Dr Appolinaire Kyélem de Tambela après la montée des couleurs. Pour lui, le drapeau d’un pays doit susciter en chaque citoyen de la fierté et un sentiment de patriotisme. « Quand vous voyez les drapeaux des pays comme le Cuba, le Vietnam, l’Algérie, l’Angola, le Mozambique, ça vous fait frémir d’émotions et de fierté parce qu’ils expriment l’histoire d’un peuple qui a combattu et qui a acquis ses libertés. A l’inverse, il y a des drapeaux devant lesquels on reste indifférents pour ne pas dire méprisant, parce que ces drapeaux ne signifient pas grand chose pour les peuples eux-mêmes et pour ceux de l’extérieur », a-t-il renseigné.

A en croire le Chef du gouvernement burkinabè, certains drapeaux ont récemment acquis de la valeur au yeux de leur peuple. Et c’est le cas de celui du Burkina Faso qui est permanemment brandi lors des manifestations. « Rarement dans notre pays, on a brandi autant le drapeaux du Burkina Faso. Ça veut dire que les gens se l’ont approprié et il exprime maintenant la fierté du peuple », a-t-il indiqué citant également en exemple le Niger qui a vu son drapeau revalorisé avec l’avènement du nouveau régime militaire.

Montée des couleurs

S’exprimant justement sur la situation au Niger, Dr Kyélem de Tambela a dit noter des contradictions dans les propos du président Français Emmanuel Macron quand il intervenait sur la détention du président Mohamed Bazoum. « Le président français Emmanuel Macron a dit que le président Bazoum a été renversé parce qu’il est d’une ethnie minoritaire. Mais dans le même temps, il dit que le président Bazoum est le président démocratiquement élu du Niger. Ce sont des contradictions. S’il est d’une ethnie minoritaire, qui l’a élu alors ? Est-ce qu’une minorité peut élire majoritairement un président de la République ? Réfléchissons un peu (…) Ça veut dire que, quelque part, il y a quelqu’un qui est déréglé », a fustigé le chef du gouvernement burkinabè.

Il a aussi battu en brèche les propos du président Macron qui a dit rappeler ses troupes du Niger « parce que le régime actuel ne veut pas combattre le terrorisme ». Pour Me de Tambela, le président français perd tout simplement les pédales parce que « chassé » de partout. « Macron dit qu’il rappelle ses troupes du Niger parce que le régime actuel ne veut pas combattre le terrorisme. Soit! Ce n’est pas lui qui rappelle. Ce sont les Nigériens qui ont chassé les troupes françaises du Niger. Et quand il dit que le régime actuel ne veut pas combattre le terrorisme, est-ce que les troupes françaises combattaient le terrorisme au Niger? Est-ce que les troupes françaises combattaient le terrorisme au Burkina Faso? Quand il y a eu le massacre d’Inata, je crois que si je ne me trompe pas, c’était le président Roch Marc Christian Kaboré, les troupes françaises étaient là ! Quand il y a eu le massacre de Solhan les troupes françaises étaient là. Depuis leur départ, il y a eu sans doute des victimes du terrorisme, mais on en a pas encore compté autant qu’à Solhan en un seul conflit. Est-ce que ces troupes étaient là pour combattre le terrorisme ? Ça veut dire que le président français perd un peu la tête parce qu’il a été chassé de partout », a-t-il soutenu.

Poursuivant ses propos, Dr Tambela a soutenu que les pays du sahel peuvent bien vivre sans la France et vice-versa. « Nous ne disons pas que la France ne peut pas vivre sans le Sahel. Ce n’est pas vrai. Sans le Sahel, la France peut bien vivre. Mais sans la France, le Sahel aussi peut bien vivre. Donc il faut qu’on soit clair. Sans la France le Sahel aussi peut bien vivre. Alors, nous voulons qu’on ne s’ingère pas dans nos affaires internes. Que chacun s’occupe de ses affaires et les choses iront mieux. Que la France s’occupe de ses affaires et que nous aussi on s’occupe de nos affaires. Qu’est-ce que la France peut nous donner et que nous ne pouvons pas obtenir ailleurs? Qu’est ce que la France peut nous donner et que nous ne pouvons pas obtenir en Russie, en Chine, au Brésil, en Inde, à Cuba, au Venezuela, et parfois à de meilleurs marchés? Nous sommes d’accord pour la coopération internationale avec tous les régimes et tous les peuples, mais il faut qu’on nous respecte, c’est tout. Nous n’imposons pas notre coopération à un pays mais si un pays veut coopérer avec nous qu’il nous respecte. Et si le gouvernement français n’est pas prêt à cela, il peut se préparer à quitter définitivement nos territoires », a martelé le premier ministre burkinabè.

Oumarou KONATE

Minute.bf

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