vendredi 14 mars 2025
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Covid-19/ Burkina : les herboristes de la capitale en rupture de stock

Dans la lutte contre la maladie du covid-19, le gouvernement burkinabè a associé les guérisseurs traditionnels aux chercheurs afin de trouver un remède à la maladie. Le mardi 7 mars dernier, les guérisseurs traditionnels de la région du Centre présentaient des plantes susceptibles de limiter la contamination de la maladie au Mogho Naaba Baongho. Ainsi, une équipe de Minute.bf s’est rendu sur le terrain pour voir comment les populations prisent les plantes médicinales pour se protéger contre la pandémie du coronavirus. Le moins que l’on puisse dire de ce constat, certaines plantes font l’objet d’une grande consommation dans le but d’une protection contre la maladie.

Le mercredi 8 mars 2020 aux environ de 10h, nous débarquons au marché de Karpala (Ouagadougou) qui, faut-il le rappeler, grouille de monde malgré la mesure de fermeture, même si l’affluence n’est pas comme d’habitude.

Là, nous accostons Fati Zoundi, une herboriste. « Qu’est ce que vous voulez monsieur? », nous accueille-t-elle. Après que nous nous sommes présentés, elle se livre à notre micro. « Depuis un certain moment, certains produits sont de plus en plus prisés. Le plus demandé est la poudre du ‘pinginninga’. Chaque jour les clients se succèdent pour ce produit. Mais il y a aussi le tamarin », nous a-t-elle confié. Toutefois, Mme Zoundi a tenu à préciser qu’elle ne peut pas attester de l’efficacité de ces plantes car « c’est une nouvelle maladie longtemps méconnue au Burkina Faso ».

Les herboristes sont beaucoup sollicités dans cette crise sanitaire

« Avant, quand j’avais encore de la force, je faisais des sorties avec des médecins avec qui nous collaborions mais avec cette nouvelle maladie, nous attendons que les spécialistes nous édifient », a-t-elle déclaré avant d’ajouter qu’ « à une autre époque, les ancêtres se soignaient à la base des plantes avec succès ». En ce qui concerne le mode d’utilisation de la poudre du  » pinginninga », « on peut la sucer ou la préparer pour boire, c’est selon », a expliqué l’herboriste.

«Dans l’impossibilité de se ravitailler dans les villages, nous sommes en rupture de stock »

Plus loin, nous trouvons Mme Salamata Compaoré également herboriste au marché de Karpala. « Dernièrement, dans la lutte contre la nouvelle maladie (covid-19) nos clients demandent de plus en plus le wiliwiga, le ranedga, le bougvanyinnga, le kafremandé, le tchéglega, les feuilles et welba du karité », a-t-elle expliqué avant d’ajouter que : « actuellement, dans l’impossibilité de se ravitailler dans les villages à cause de la quarantaine, nous sommes en rupture de stock ».

Le Pinginninga est beaucoup recherché par les populations

Quant à l’efficacité des plantes sus-citées dans la lutte contre le covid-19, Mme Compaoré se dit optimiste même si elle se réserve d’attester de leur efficacité. « Nous ne pouvons pas prescrire ou dire aux gens que ces produits sont efficaces mais nous pensons que seul Dieu peut le faire, la guérison dépendant de lui ».

« Nous attendons la décision de notre association avant de commercialiser certains produits… »

Après le marché de Karpala, nous mettons le cap sur celui de Katreyaare. A ce niveau également, la fermeture du marché passe difficilement. C’est d’ailleurs ce que nous a confirmé Mme Kadi Compaoré. « Fatiguées de rester à la maison à ne rien faire, nous sommes finalement sorties aujourd’hui », a-t-elle indiqué. En ce qui concerne les plantes pour lutter contre le covid-19, Mme Compaoré a également signalé que c’est le « pinginninga » qui est le plus sollicité. « Nous ne savions pas réellement si ce produit pouvait traiter la maladie jusqu’à hier quand nous avons appris que les guérisseurs traditionnels ont présenté des produits parmi lesquels le ‘pinginninga’ au Mogho Naaba Baongho », nous a expliqué Mme Compaoré qui a tout de même précisé que croyant en ses vertus, les populations prisaient fortement « le pingininga » depuis un certain temps afin de contrer la maladie.

Fini l’entretien avec Kadi Compaoré, nous trouvons un autre herboriste qui cette fois-ci, nous a refoulé. « Je ne vais rien dire, le gouvernement est hypocrite, ce n’est pas la peine d’insister », ainsi, nous a-t-il renvoyé. Mais nous continuons à sillonner le marché et nous tombons sur Mme Guigma née Ouédraogo Odette, vendeuse de plantes médicinales au marché de Katreyaar. Avec cette dernière, c’est plutôt la retenue dans la commercialisation des plantes dites susceptibles de guérir le covid-19. « Nous sommes dans une organisation d’herboristes et nous devons nous rencontrer le mercredi prochain pour décider des plantes à commercialiser dans le cadre de la lutte contre le covid-19 » explique-t-elle avant de nous indiquer catégoriquement qu’elle refuse la vente des plantes dites capables de guérir le covid-19. « Nous refusons de vendre certains produits que l’on pense capables de lutter contre la maladie, nous attendons la décision de notre association pour le faire sinon nous en courrons des sanctions », a conclut Mme Guigma.

En rappel, dans le cadre de la lutte contre la pandémie du covid-19, le gouvernement à travers le ministère de la recherche scientifique a souhaité que les guérisseurs traditionnels travaillent en tandem avec les chercheurs pour trouver une solution. Dans la foulé, le Ministre Alkassoum Maïga a indiqué qu’un essai clinique pour un traitement traditionnelle a été lancé. De même, les herboristes ont présenté certaines plantes censées empêcher la contamination du covid-19.

Franck Michaël KOLA
Minute.bf

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