lundi 23 décembre 2024
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Kua : « Nous pouvons maintenir l’équilibre entre la construction et la protection de l’environnement », Li Jian

Dans cet entretien accordé à votre organe Minute.bf et à trois médias nationaux, l’ambassadeur de la République populaire de Chine au Burkina Faso, Li Jian est revenu sur la collaboration entre la Chine et le Burkina Faso, l’appui de la Chine au Burkina dans la lutte contre le terrorisme, la construction de l’hôpital de référence à Bobo Dioulasso qui a fait de gorges chaudes, les sujets d’actualité internationale, etc. Il a apporté des réponses à toutes ses questions et a renouvelé la disponibilité de la Chine à accompagner le Burkina Faso dans ses projets de développement.

Extrait:

Minute.bf : L’Hôpital de Tengandogo est une œuvre de Taïwan. Vous avez repris les relations avec le Burkina Faso. Est-ce qu’il y a des actions que vous avez posées au niveau de cet hôpital qu’on peut aujourd’hui noter comme investissement de la République populaire de Chine en faveur du Burkina Faso ?

Li Jian: C’est une question qui tient à cœur beaucoup de personnes. Sur le plan sanitaire, dans le domaine des infrastructures de la santé, le gouvernement chinois attache beaucoup d’importance à bien réaliser ses engagements avec ses amis burkinabè. Le Centre hospitalo-universitaire (CHU) Tengandogo est un hôpital bien conçu et bien construit. C’est même le lieu de travail de notre troisième équipe de médecins. Ils ont mené beaucoup de relations amicales et professionnelles avec leurs collègues de cet hôpital. Nous avons déjà établi des objectifs pour la mise à jour du système informatique de cet hôpital, pour l’amélioration des conditions de travail dans le but de bien élever son taux d’efficience.

Nous avons d’autres projets comme l’hôpital que nous avons envisagé de construire gratuitement à Bobo-Dioulasso. C’est un CHU. Ce sera aussi un projet phare pour nos relations. Avec les discussions qu’il y a eu autour du site qui avait été choisi pour la construction de ce CHU, nous attendons maintenant la décision finale du gouvernement burkinabè. Le gouvernement chinois, quant à lui, reste toujours ouvert. Nous sommes prêts à bien déclencher les travaux aux côtés du gouvernement burkinabè pour réaliser cette infrastructure dans de brefs délais pour apporter notre soutien aux Bobolais d’abord, et aux Burkinabè en général.

Minute.bf : En ce qui concerne l’hôpital de Bobo Dioulasso, est-ce que vous êtes prêts aujourd’hui à changer de site si le gouvernement burkinabè vous en proposait un autre au lieu de la forêt de Kua ?

Li Jian: Nous attendons toujours la décision finale du gouvernement burkinabè. Si le gouvernement décide d’un autre site, nous reprendrons le processus. Mais, si le site est bien maintenu, nous allons travailler à la protection de l’environnement et des nappes d’eau souterraines. Chez nous en Chine, nous avons construit environ 2000 hôpitaux équipés de plus de deux milles lits. Il y a aussi des hôpitaux qui ont été construits dans la montagne. Nous avons suffisamment de l’expertise et de l’expérience à bien maintenir l’équilibre entre la construction et la protection de l’environnement.

Mais s’il y a un changement de site, il nous faudra réexaminer les conditions de construction pour parvenir à un plan ou à une solution fiable pour donner un élan à ce projet.

Il faut rappeler que l’hôpital de Koudougou a été construit par le gouvernement chinois depuis les années 80. Nous aimerions aussi inclure l’amélioration de cet hôpital dans nos projets. Cela est en cours de discussion avec nos partenaires du ministère (ndlr;santé) et l’hôpital. Nous espérons que tout se passera vite, en même temps avec les autres hôpitaux.

Nous avons aussi le projet sur les Centres de santé et de promotion sociale (CSPS). Là aussi, nous sommes en train de discuter pour voir dans quel cadre nous pouvons apporter notre soutien pour donner une couverture généralisée sur les CSPS. Il y a encore un autre investissement sur les ressources humaines. Nous voulons mettre l’accent sur la formation des médecins. Il y a déjà des universités de médecine qui nous ont donnés leurs accords à recevoir les étudiants ou les médecins d’ici pour leur permettre de bien suivre les formations en Chine.

Minute.bf : Le Burkina Faso est confronté à une crise sécuritaire depuis quelques années. Les attaques se multiplient et endeuillent chaque jour des familles burkinabè. Comment la Chine peut aider le pays des Hommes intègres dans cette lutte contre le terrorisme ?

Li Jian: Cela fait partie d’un volet très important pour une relation bilatérale, c’est-à-dire une coopération dans un domaine de la sécurité et contre le terrorisme. Je pense que la coopération doit reposer sur quatre volets. Le premier, c’est la formation. Des gendarmes et des policiers burkinabè ont suivi des formations en Chine. Nous aimerions poursuivre ces genres de formations en accueillant plus d’élites en Chine, qui viendront renforcer leur capacité dans la lutte contre l’hydre terroriste. Le deuxième volet  concerne l’équipement. Sur ce point, à la demande du gouvernement burkinabè, la Chine est en train d’examiner la possibilité de bien préparer des équipements qui correspondent aux besoins urgents de l’armée burkinabè.

Le troisième point concerne la question diplomatique. Le plan chinois est d’œuvrer au côté du gouvernement burkinabè pour supporter tout genre de plaidoyer au sein des Nations-Unies et surtout, inclure les forces conjointes du G5 Sahel sur l’article 7 de la Charte des Nations-Unies. Aussi, pour toutes les assemblées générales des Nations-Unies, lorsque le G5 Sahel prononce un discours sur nos soutiens internationaux, le représentant chinois est toujours en première ligne pour apporter notre appui. Le quatrième volet concerne l’humanitaire. Sur cette question, le peuple chinois a déjà offert 1 million de dollar US en devise et 5000 tonnes de riz au gouvernement burkinabè pour soutenir les déplacés internes. Nous envisageons également une autre séance de don en matériels pour améliorer les conditions de vie de ces déplacés internes.

Minute.bf : La chine a été, dans le passé, confronté au même problème de terrorisme, notamment à Xinjiang. Actuellement, les médias occidentaux critiquent beaucoup la politique chinoise dans cette localité. Quelle est la réalité des faits ?

Li Jian: Le mensonge reste le mensonge même s’il est répété mille fois. La situation est totalement différente de la description que font les médias occidentaux sur la question. Cela n’a rien à voir avec des problèmes de droits de l’homme, de religion ou de discrimination ethnique. Pour nous, il s’agit d’un problème antiterroriste, anti-extrémiste et anti-séparatiste. Ce sont les trois forces maléfiques. Je pense que nos réalités aujourd’hui diffèrent un peu des vôtres. Il y a presque dix ans, dans le chef-lieu de Xinjiang, il y avait des scénarios très tragiques.  Des voisins qui s’entendaient très bien se battaient ; il y avait toujours des violences qui arrivaient un peu de partout. Depuis lors, le gouvernement central et celui local ont mené des coopérations et ont pris des mesures strictes selon les lois chinoises pour venir à bout de ces trois forces maléfiques. Avec cette mesure, nous avons des résultats probants. Maintenant, la région autonome de Xinjiang est devenue la région la plus sécurisée en Chine. Depuis 2019, nous avons reçu 150 millions de touristes. Il y a eu plus de mille journalistes occidentaux qui ont déjà bien visité Xinjiang. Ils ont vécu dans un environnement stable, sécurisé et très dynamique, surtout dans une harmonie ethnique.

Les médias occidentaux ont beaucoup critiqué notre formation, leurs gouvernements ont fait pareil. Mais notre formation était organisée sur trois connaissances. Nous avons encouragé les jeunes à bien apprendre les lois et règlements ; apprendre les techniques, les expertises et apprendre la langue, de sorte à ce qu’à la fin de la formation, ils aient la capacité de trouver un emploi ou de créer leurs propres emplois. C’était notre objectif qui a été bien atteint. 

Minute.bf : Vous avez fait savoir que vous allez soutenir le Burkina Faso dans la lutte contre le terrorisme. Vous avez pu bien lutter contre le terrorisme à Xinjiang. Au Burkina Faso, quelle sera la stratégie que vous adopterez ?

Li Jian: Nous ne sommes pas un donneur de leçon. Nous sommes juste un partenaire sur un pied d’égalité. Ce qui est chez nous est un succès. Nous pouvons toujours partager notre réflexion. Je pense qu’il faut une mobilisation totale du peuple. Tout le monde doit connaitre la conséquence négative du terrorisme. Ensuite, pour mener une action d’éradication de ce fléau, il faut la connaissance généralisée. Connaitre ce qu’est le terrorisme, connaitre la vérité. Le troisième point qui est plus important, c’est le développement. Il faut donner l’espoir au peuple de bien vivre ensemble, dans l’unité et la cohésion.

Minute.bf : Il y a les soutiens que la Chine apporte au Burkina Faso. Mais, la question que se posent beaucoup de Burkinabè, c’est de savoir ce que le Burkina Faso offre en retour à la Chine. D’aucuns parlent d’une autre forme de recolonisation. Quelles réponses pouvez-vous apporter à ces interrogations ?

Li Jian: Pour une relation entre les pays souverains, ce n’est pas seulement du donnant-donnant. C’est-à-dire, une relation bilatérale où on parle seulement de commerce, toujours sur l’arène des marchandises. Pour nous, une relation bilatérale normale, c’est tout d’abord une relation sur un pied d’égalité. C’est le principe de la diplomatie de la Chine. Nous traitons tous les pays d’Afrique, qu’ils soient grands ou petits, sur un même pied. Nous traitons tous les pays africains comme nos premiers partenaires puisque nous partageons la même histoire. Nous partageons la même aspiration de devenir encore plus fort pour réaliser notre rêve de développement.

Aussi, peut-être que les gens diront qu’au Burkina Faso, l’on n’a pas grand-chose à échanger avec la Chine. Mais il faut comprendre qu’entre les deux pays, ça rime déjà une complémentarité entre les deux entités économiques. Nous apportons notre soutien, ce qui est fort possible de contribuer  à bien enclencher le processus d’industrialisation du Burkina Faso. Surtout, élever la capacité de transformation des produits agricoles à un processus de commercialisation en vue de faire  bénéficier beaucoup d’agriculteurs. Je pense que beaucoup de paysans ou de jeunes burkinabè auront, dans le futur, plus de possibilité de bien profiter de cette relation amicale, fraternelle et fructueuse…

La suite de l’interview vous sera proposée incessamment…

Propos recueillis par Hamadou Ouédraogo

Pour Minute.bf

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