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jeudi 28 mars 2024

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« La plupart de tous ces projets sur des roulettes aujourd’hui ont été ratifiés sous la transition », Yumanli Lompo du PNDS

Yumanli Lompo, président du Parti national des Démocrates sociaux (PNDS) était l’invité de votre organe www.minute.bf. A l’ordre du jour de notre entretien avec cet ancien député de la transition politique burkinabè de 2015, il a été question de l’actualité nationale marquée par l’insécurité avec son corollaire de centaines de morts et de milliers de déplacés internes à travers le territoire national. La transition ayant été vilipendée de toutes sortes de propos après les élections de 2015 qui a permis au Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) d’accéder au pouvoir, M. Lompo a rappelé que la majeur partie des projets réalisés ou en cours de réalisation par l’actuel régime, a été ratifié sous la transition. Nous vous proposons la première partie de l’interview qu’il a accordé à minute.bf dans les lignes qui suivent…

Minute.bf: A ce jour, quelle est l’implantation du PNDS (Parti national des Démocrates sociaux) sur le territoire national?

Yumanli Lompo: Le parti a été créé depuis le 25 août 2011. Nous avons participé aux élections au niveau local et national, aux législatives et aux municipales. Malheureusement nous n’avons pas eu de député et à la dernière consultation nous n’avons pas pu faire le travail comme il se devait, compte tenu du temps qui nous était imparti. Nous espérons qu’aux prochaines consultations électorales nous ferons mieux. Quant à l’implantation, il faut dire que nous avons eu quelques petites difficultés parce que, pour la plupart du temps, ce sont souvent les moyens qui manquent aux différents partis. Nous participons à l’animation de la vie politique au Burkina Faso mais les textes en vigueur ne permettent pas à tous les partis politiques de pouvoir bénéficier un tant soit peu d’un soutien pour pouvoir mener le travail sur le terrain. L’on privilégie ceux qui ont eu au moins 3% aux élections, qui vont être remboursés et en même temps, vont bénéficier d’un soutien. Nous estimons à l’heure actuelle, pas parce que nous sommes des petits partis, que ce n’est pas normal.

Est-ce en même temps une interpellation à l’endroit des autorités compétentes pour que les choses changent ?

Les partis politiques jouent un rôle très important. Nous avons travaillé pendant le (Conseil national de la transition) CNT avec le ministère en charge des libertés publiques, pour qu’il y ait des candidatures indépendantes, tout cela pour permettre aux uns et aux autres de pouvoir faire un travail de fond. Si les partis sont créés et qu’on fait des discriminations pour soutenir les grands partis qui ont déjà des moyens à faire l’animation politique, c’est absurde(…).

Votre parti, le PNDS est affilié au CFOP. Qu’est-ce qui justifie cette position ?

Si on prend mon parcours personnel ajouté au sentiment des militants de mon parti, nous sommes de ceux qui étaient opposés à la façon de gouverner dans ce pays. Depuis la mort de Thomas Sankara, pour moi, c’était presqu’une opposition qui était installée. J’étais en Europe, je suis revenu en 1996. A mon retour, j’ai pris une année entière pour réfléchir sur l’avenir du Burkina Faso. Je me suis dit qu’il faut que je prenne la température du pays pour voir exactement ce dont notre peuple a besoin, ses revendications légitimes, me situer dans ce contexte pour voir ce que je peux apporter comme contribution à la réalisation des ambitions du peuple. A partir de ce moment, je me suis rendu compte qu’il n’était pas possible que je puisse aller dans le sens de la gouvernance de l’époque. Mes amis qui étaient aux affaires m’ont demandé de venir travailler avec eux mais j’ai rejeté la demande parce que, pour moi, dans la mesure où on était tous à la révolution, il n’était pas judicieux de continuer avec ceux qui ont une politique contraire à celle de la révolution.

Après la mort de Thomas Sankara nous avons entendu toute sorte de critiques sur sa personne. Il a été traité de tous les noms d’oiseaux et les gens disaient que cette nouvelle politique avait pour but d’approfondir la révolution. Je pouvais continuer à animer la vie politique à l’époque s’il se trouvait que c’était une vraie politique révolutionnaire qui pouvait continuer. Malheureusement, il y a eu un revirement à 190 degré. Depuis lors, je me suis inscrit non partant pour accompagner le pouvoir. Après ce laps de temps de repos, j’ai milité avec le docteur Emile Pargui Paré au Mouvement du peuple pour le socialisme/ Parti fédéral (MPS/ Parti fédéral). Mais à un moment donné, je me suis rendu compte que cela me tirait un peu vers le bas. C’est en ce moment que j’ai décidé de créer un parti pour avoir une parcelle de parole afin de contribuer de façon légale à l’animation de la vie politique. C’est comme cela que le PNDS est né le 25 août 2011.

Sous la transition, vous avez été appelé au parlement. Quatre année après, comment voyez-vous aujourd’hui le Burkina Faso ?

En ma qualité de président de la commission des lois (sous la transition), je peux dire que nous avons fait un travail gigantesque de doter le futur gouvernement d’un levier nécessaire pour travailler. Nous avons effectivement voté des lois emblématiques. Nous avons travaillé à ce que plus rien ne soit comme avant. Nous savions qu’en dehors de la période de la transition, certaines lois ne pouvaient pas passer, au regard des difficultés que nous avons rencontrées pour les faire voter. Nous nous sommes dit que ceux qui viendront après la transition, s’ils veulent vraiment travailler, il y avait tout ce qu’il leur fallait le faire. Il y a eu beaucoup de projets que nous avons ratifiés qui avaient été négociés à l’époque par l’ancien régime de Blaise Compaoré. La plupart de tous ces projets que vous voyez sur des roulettes en termes de routes, d’aménagement en eau, en électricité, etc. ont été ratifiés sous la transition. Cela permettait à n’importe quel parti qui prendrait le pouvoir d’avoir les leviers nécessaires pour actionner notre économie et lancer le développement.

Malgré tout ce que vous dites sur les efforts des membres du CNT, après la transition, les acteurs ont été traités de tous les noms. On les accusait d’avoir voté des mauvaises lois. Quelle réaction avez-vous à faire sur cela ?

Des gens nous ont critiqués à l’époque et avec le nouveau régime qui s’est installé, nous avons également été attaqués. Dieu merci, le président Roch Kaboré a compris que s’il allait dans ce sens, cela viendrait à dire que la transition n’a pas réalisé ce qu’elle avait comme mission. Il a fini par décorer les députés de la transition. Ce qui montre qu’il a reconnu qu’il y a un travail qui a été abattu. Maintenant, pour ce qui est des lois que nous avons votées pour le peuple burkinabè, s’il n’arrive pas à les appliquer, cela n’est plus de notre ressort.

Vous avez aussi appris que le président, lors d’un entretien avec la presse, a dit être venu trouver zéro Kopeck.  Cela nous a beaucoup étonné étant donné que même au niveau du parlement, nous avons pu faire quelque chose que jamais, aucun parlement n’avait pu réaliser. Nous avons  fait une enquête parlementaire sur les chèques impayés de l’Etat au trésor public. Nous avons dressé la liste de ces personnes même si nous n’avions pas communiqué sur cela à l’époque. Il y a eu des milliards qui sont rentrés. Notre recommandation au gouvernement qui devrait nous succéder était de se saisir de ce qui avait déjà commencé pour continuer afin que tous ceux qui n’avaient pas pu payer sous la transition puissent le faire après. Si le gouvernement actuel ne poursuit pas ces gens, cela veut tout simplement dire que la plupart de ceux qui devaient à l’Etat ont soutenu leur candidature et qu’ils ne voulaient pas les inquiéter. C’est ce que je pense. Ce n’est pas une affirmation, mais je me dis que s’ils ont laissé tomber les poursuites, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche.

Le président de l’assemblée nationale a demandé, dans une de ses sorties, que ceux qui doivent à l’Etat puisse venir payer leur dette…

Ils ont même intérêt à le faire parce qu’ils sont acculés. La situation de la nation n’est pas enviable. Depuis qu’ils ont pris le pouvoir, ils n’ont pas pu redresser quoi que ce soit. La crise sécuritaire faisant, il serait difficile de redresser l’économie sans avoir pu juguler ce phénomène.

Aussi, faut-il rappeler qu’en son temps, le président de la Transition, Michel Kafando, avec les réserves qu’il devrait avoir, six mois après, a répondu et a bouclé les bouches de tous ceux qui disaient qu’il y avait zéro kopeck. Vous avez aussi vu qu’après son départ du CNT, le Premier Ministre Yacouba Isaac Zida a été traité de tout. Mais quand on regarde ce qu’ils ont fait avec le PPP (Partenariat public-privé), on ne peut pas se permettre de traiter des gens de tout et venir faire pire que ceux qu’on accusait de mal gouvernance.

Parlant de la situation nationale, comment entrevoyez-vous l’avenir du pays dans une telle situation sécuritaire, économique, etc. à la limite « déplorable » pour certains?

Cette question est plus adressée à ceux qui sont au pouvoir. On doit leur demander ce qu’ils entendent faire pour changer la situation du pays. Mais dans tous les cas, en tant que citoyen, on est en droit de dire ce que nous pensons de la gestion du pouvoir d’Etat. C’est dans cette lancée que j’estime, au vue de la situation actuelle, que c’est vraiment une incompétence notoire de  nos autorités…

Le président du Faso a pourtant dit que le bilan est satisfaisant…

Pour eux, si voir des cadavres tous les jours dans leur gouvernance et  penser que les actions ponctuelles menées autour de cette situation est satisfaisante, là c’est dommage. On ne peut pas développer un pays sans la sécurité, sans que les uns et les autres se sentent dans leur peau. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une tragédie. Moi je suis de la région de l’Est. Quand vous voyez la situation des déplacés à Fada, c’est lamentable. Ils sont arrivés dans une période de fraicheur et étaient obligés de se loger dans la rue, souvent sans eau. Pourtant, ils ont dû abandonner tout ce qu’ils avaient derrière eux en fuyant l’insécurité. Si un président qui est élu et qui a promis de protéger tous les Burkinabè, malgré le fait que des gens vivent dans cette situation, trouve qu’il est satisfait de son bilan, c’est déplorable.

Par solidarité aux populations qui souffrent à cause de l’insécurité, l’Etat devrait réduire son train de vie. Dans notre pays, nous n’avons pas besoin d’avoir des voitures V8 pour aller au service. Au Rwanda, certains ministres vont à vélo ou avec leur propre voiture parce qu’ils n’ont pas de voiture de fonction. Mais ce qui est important, c’est de savoir que dans notre pays, une autre politique est possible…

A suivre…

Propos recueillis par Lassané Sawadogo

Minute.bf

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