lundi 23 décembre 2024
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Lutte contre le terrorisme : « Le départ de l’armée française est indispensable pour la victoire » (Syndicats)

Après la marche-meeting de l’Unité d’action populaire (UAP) écourtée par une « répression » des forces de l’ordre de la Compagnie de sécurité républicaine (CRS) à Ouagadougou le lundi 16 septembre 2019, les syndicats et organisations de la société civile, organisateurs de cette marche « controversée » se sont retrouvés à la Bourse du travail pour passer leur message. Ils ont signifié que leur lutte avait aussi pour but de soutenir les forces qui les ont réprimés, afin que l’Etat, garant de la sécurité des hommes et de leurs biens, prenne des mesures nécessaires pour équiper conséquemment ces forces de défense et de sécurité (FDS), de sorte à leur permettre de remplir convenablement leur mission dans le cadre de la lutte contre l’hydre terroriste. Pour la victoire contre ces « fous de Dieu », l’UAP a estimé que le départ de l’armée française et de toute autre armée étrangère du territoire burkinabè, est indispensable.

« Cette marche pacifique dispersée ce matin, au contraire, au lieu de nous avoir fait peur (…), a galvanisé les troupes, a redonné la motivation aux troupes que vous êtes. Ce que nous voulons vous demander, c’est qu’à l’issue de ce meeting, vous rentrez tranquillement à la maison, mobilisés autour de vous, en attendant les mots d’ordre qui vont suivre… Parce que, ce pour quoi nous sommes sortis, reste plus que jamais à l’ordre du jour. Il faut effectivement des moyens, non pas pour réprimer le peuple, mais des moyens pour assurer la sécurité. Ceux-là même qui nous ont réprimés doivent savoir que notre lutte, c’est pour eux également. C’est extrêmement important et il faut le dire, parce que les forces de l’ordre manquent du matériel pour contrer les attaques djihadistes. Nous luttons pour que le MPP prenne toute la mesure de la crise sécuritaire, sociale, économique que vit notre peuple depuis son avènement au pouvoir ». C’est ce qu’a soutenu le porte-parole de l’UAP à la Bourse du travail où les marcheurs s’étaient retirés après avoir été dispersés par du gaz lacrymogène de la CRS.

Une manifestation « illégale » réprimée par les forces de l’ordre à Ouagadougou

« Notre manifestation de ce jour vise également à dire non au terrorisme et aux assassinats ciblés. En descendant dans les rues ce matin, nos organisations comptent protester contre la multiplication des attaques terroristes, mais aussi, contre les exécutions sommaires et extrajudiciaires, qui alimentent le cycle infernal du terrorisme, en contribuant à la radicalisation de centaines, voire de milliers de nos compatriotes qui se sentent stigmatisés, et victimes d’un véritable terrorisme d’Etat », se justifie Norbert Ouangré, Secrétaire Général Adjoint (SGA) de la Confédération générale des Travailleurs du Burkina (CGT-B).

Les syndicats ont ainsi rappelé qu’il est de la responsabilité de l’Etat d’assurer la protection des personnes et de leurs biens sur toute l’étendue du territoire national. « Nous exigeons des autorités, la garantie effective du droit du peuple à la sécurité », a martélé M. Ouangré qui, au nom des organisations initiatrices de la marche, a aussi exigé « la prise en charge adéquate des personnes déplacées internes, et la création des conditions de sécurité pour leur retour dans leurs villages et foyers respectifs ». Cela, pense-t-il, passe par la réouverture des écoles et des centres de santé fermés suite aux attaques terroristes.

« Les FDS sont des enfants du peuple… »

Les manifestants appellent au départ des bases militaires étrangères du territoire burkinabè

« Honte au MPP et alliés », scandaient les syndicats, pour qui, il est inimaginable qu’un pouvoir qui prétend vouloir lutter contre le terrorisme maintienne les éléments des forces de défense et de sécurité dans la misère totale. « Comment comprendre que dans les zones comme Tongomael, Gorgadji, Arbinda et Djibo, nos FDS vivent et travaillent dans des conditions insoutenables ? Pendant ce temps, c’est la course à l’enrichissement au sommet de l’Etat. Chaque jour que Dieu fait, la presse révèle les pilleurs des ressources nationales à travers des détournements des deniers publics ainsi que des ressources minières de notre pays. Ces mêmes pilleurs et voleurs de la république sont les premiers chaque année à se rendre en terre sainte, espérant ainsi être lavés de leurs véritables péchés. Ces pêchés les collent à la peau jusqu’au jour du jugement dernier. Mais en attendant ce jour, nous nous chargerons de tout mettre en œuvre pour qu’ils n’échappent pas ici-bas, à la justice des hommes ».

« Un Etat sérieux ne saurait confier sa sécurité à une autre armée »

Les syndicats ont rappelé que les policiers, les gendarmes et les militaires postés en première ligne dans la lutte contre le terrorisme, sont des enfants du peuple. « Nous ne saurions donc restés indifférents à leur sort. Leurs souffrances sont les nôtres », a soutenu M. Ounagré qui exige, de ce fait, l’amélioration des conditions de vie et de travail des forces de défense et de sécurité afin qu’elles puissent remplir convenablement leur mission.  

« Les FDS sont nos frères, leur souffrance est la nôtre… »

De la présence des bases militaires étrangères sur le sol burkinabè, estomaqués, les syndicats s’interrogent : « Depuis quand un Etat responsable peut confier sa sécurité à un autre Etat ? ». La France, selon eux, est militairement présente au Burkina Faso pour « défendre ses intérêts et rien d’autre ». Ses intérêts, regrettent-ils, sont aux antipodes des intérêts de peuple burkinabè. « La présence française au Burkina Faso bafoue notre dignité et souveraineté nationale, et obstrue le développement réel de notre nation. Nous exigeons le départ pur et simple de l’armée française. Hors du Burkina, l’armée française et autres armées étrangères en général », fulmine le SGA de la CGT-B qui pense que « le départ de l’armée française est une condition indispensable pour la victoire contre le terrorisme dans notre pays et dans toute la région du sahel ».

Armand Kinda

Minute.bf

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