C’est un coup dur pour le regroupement des 5 pays du Sahel pour la lutte contre le terrorisme. Le gouvernement malien a annoncé ce dimanche 15 mai 2022 son retrait de toutes les instances et organes du G5-Sahel et de sa force conjointe de lutte contre le terrorisme.
Dans un communiqué en date de ce dimanche 15 avril 2022, le ministre en charge de l’Administration territoriale du Mali, le Colonel Abdoulaye Maïga, a annoncé la décision de son pays « de se retirer du G5 Sahel. » Il met en cause « l’instrumentalisation de l’institution », avec une sorte de vacance de sa présidence dont le Mali devrait assurer depuis plus d’un trimestre.
« Le Gouvernement de la République du Mali décide de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la Force conjointe », a clairement signifié le ministre malien de l’administration territoriale précisant que « cette décision sera notifiée aux Etats membres de l’organisation conformément à la procédure prévue en la matière. »
Comment le Mali en est-il arrivé à là ?
« Le Gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale qu’à l’issue des travaux de la 7eme session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat des pays membres du G5 Sahel, tenue le 15 février 2021 à N’Djamena, les Chefs d’Etat avaient convenu de tenir la 8eme session ordinaire à Bamako, en février 2022. Conformément à la pratique établie, cette session devrait ainsi consacrer le début de
la Présidence malienne du G5 Sahel », a d’abord retracé le ministre Abdoulaye Maïga.
Il relève cependant que « près d’un trimestre après le terme indiqué, ladite session de la Conférence des Chefs d’ Etat des pays membres du G5 Sahel ne s’est toujours pas tenue, en dépit des multiples initiatives prises par le Mali dans ce sens auprės des instances du G5 Sahel, pour y attirer leur attention. »
Pourtant, le ministre malien en charge de l’administration territoriale a relevé que la dernière correspondance du président de la transition, le Colonel Assimi Goïta au président tchadien et Président en exercice du G5 Sahel, Mahamat Deby, à la date du 22 avril 2022, « il (le président malien) avait prévenu qu’en l’absence de progrès substantiel sur la question d’ici le 15 mai 2022, la République du Mali se verra dans l’obligation de suspendre sa participation aux organes du G5 Sahel y compris la Force Conjointe. »
Rappelant que « la non tenue à Bamako de
la 8eme session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat des pays membres du G5 Sahel, ainsi que des réunions statutaires des autres organes constituent une violation d’une décision prise par l’nstitution, mais aussi celle des textes de base du G5 Sahel », l’Etat malien « rejette fermement l’argument d’un État membre du G5 Sahel qui avance la situation politique interne nationale pour s’opposer à lexercice par le Mali de la présidence du G5 Sahel. » Le communiqué malien argumente qu’« aucun texte juridique du G5 Sahel ne prévoit des restrictions contre un Etat membre, sur la base de sa situation politique nationale. » Et au Colonel Maïga d’ajouter qu’« en la matière, aucune disposition des textes de cette Institution ne prévoit qu’elle puisse également endosser des sanctions ou restrictions édictées par d’autres organisations à l’endroit d’un Etat membre. »
Mais le Mali a une idée de ce qui justifie cette situation au sein du G5 Sahel. Pour le ministre en charge de l’administration territoriale, « l’opposition de certains Etats du G5 Sahel à la présidence du Mali est liée aux manœuvres d’un Etat extra-régional visant désespérément à isoler le Mali. »
« De cette situation, le Gouvernement de la République du Mali en déduit une perte d’autonomie de décision, une instrumentalisation et un dysfonctionnement grave des organes du G5 Sahel, notamment la Conférence des Chefs d’Etat et le Secrétariat exécutif dont le Programme de travail annuel et le Budget 2022 ne sont toujours pas adoptés par le Conseil des Ministres de l’institution », pense le Mali, pour qui «l’instrumentalisation d’une Institution comme le G5 Sahel dont le mandat est de mutualiser les moyens pour garantir des conditions de développement et de sécurité dans l’espace des pays membres est fondamentalement contraire aux intéréts de [ses]
pays et de [ses] peuples qui font face à d’importants défis dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. »
Nonobstant cette décision de quitter le G5 Sahel, le Gouvenement de la République du Mali « réaffirme son engagement constant en faveur de l’intėgration et de la coopération régionales pour la réalisation d’objectifs qui servent les intérêts majeurs des peuples africains. ».
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