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samedi 20 avril 2024

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Port sec de Tanghin Dassouri : Des villageois s’opposent aux agents recenseurs

La matinée du 30 Janvier 2020 était houleuse à Tensouka dans la commune de Tanghin Dassouri. Le recensement des terres et des habitats des villageois qui  se situent à l’intérieur de l’espace prévu pour la construction du port sec, n’a pas pu s’effectuer en cette fin du mois de janvier. La cause, un refus d’obtempérer des riverains qui demandent que toutes les modalités de l’installation du port sec sur leurs « terres » soient discutées avec eux avant toute action.

« On ne nous a pas associés aux concertations qui doivent définir les modalités d’installation du port sec sur nos terres », a indiqué Naba Boulga de Tensouka. Celui-ci précise qu’il n’est pas contre la construction de port sec. Mais il doit y avoir un préalable, selon lui. Le chef de Tensouka dit reconnaitre l’importance du port sec pour ses populations en particulier et pour tous les Burkinabè en général. « Mais il faudrait qu’ils viennent et que l’on discute des modalités.  Qu’est-ce qu’on y gagne ? Qu’est-ce qu’on y perd ? Serons-nous dédommagés ? Serons-nous relogés ? Ce sont de ces modalités que l’on veut discuter, c’est tout », martèle-t-il.

Naaba Boulga, chef de Tanghin Dassouri

Selon les informations reçues par minute.bf sur place, c’est en 2017 que la Chambre de commerce en collaboration avec la mairie de Tanghin Dassouri, a délimité un espace et mis en place une commission de discussion qui devrait aboutir à une close d’implantation du port sec dans cette localité située à une trentaine de kilomètres à la sortie Ouest de Ouagadougou. Le site devrait, à en croire les villageois, occupé un peu plus de 300 ha couvrant des portions du village de Poédogo de Tensouka et de Sambin. Dans la faisabilité et dans l’exécution de ce programme, le chef de Tensouka et ses administrés ont confié que les habitants du village de Poédego ont refusé le recensement dans leur espace.

A leur tour, certains habitants de Tensouka dont le chef ont aussi refusé le recensement de leurs terres. Ils disent n’avoir pas été associés à la commission mise en place pour discuter des modalités de l’octroi du site à la Chambre de commerce afin d’établir un port sec. « Ils ont mis en place la commission en associant un de mes frères à mon insu. Ce sont ceux de la mairie qui l’ont intégré dans la commission», fait savoir Naba Boulga, confiant avoir mené moult démarches pour que trois habitants de Tensouka soient intégrés dans la commission. A l’en croire, au début, les habitants qu’il avait proposés avaient été contestés avant d’être finalement acceptés dans la commission. Mais, aucun document justificatif prouvant leur intégration n’a été fourni, déplore le chef de Tensouka selon qui « la commission n’est pas claire ». Il estime que le refus d’intégrer les habitants de Tensouka dans la commission est fait à dessein. « C’est parce qu’ils ne veulent pas qu’on découvre leur manigance », pense le chef.

Un terrain déjà litigieux entre les habitants

Les agents topographes avaient été reçus par le chef du village

Un habitant que Tensouka que minute.bf a pu rencontrer, Gérard Kaboré, puisse qu’il s’agit de lui, pense qu’il y a un manque de transparence et de dialogue dans le travail de la commission en charge de la gestion de l’espace qui doit abriter le future port sec. « Nous voulons qu’ils viennent discuter avec nous afin que nous sachions si oui ou non, nous serons dédommagés, réhabilités, savoir en effet, ce qu’il sera fait pour nous », soutient-il.

Un autre habitant de Tensouka, Anatole Kaboré s’est aussi confié à minute.bf. Il a révélé que l’espace de Tensouka qui doit être pris en compte dans le recensement fait déjà l’objet de litige entre les habitants. « Mes ancêtres se sont installés ici à Tensouka à l’époque où il y avait toujours des lions dans cette brousse. Aujourd’hui on vient me dire que l’espace sur lequel mes grands-parents ont cultivé ne m’appartient pas. Cela fait 12 ans que nous sommes en jugement par rapport à cela et c’est dans cet espace à problème qu’ils veulent venir délimiter pour construire un port sec », a-t-il rappelé. De l’avis de celui-ci, il vaut mieux régler ce litige avant d’entreprendre toute autre action sur le site.

« Ce sont des villageois qui sont chaque jour plus exigeants… »

Aussi, pour en savoir d’avantage, nous avons joint au téléphone le maire de la commune de Tanghin Dassouri, Lassane Tiemtoré pour avoir sa version des faits. Celui-ci avoue avoir multiplié les concertations avec les habitants des villages concernés par l’espace du port sec. A l’entendre, « ce sont des villageois qui deviennent chaque jour plus exigeants, des villageois qui veulent déjà savoir la contre parti, le dédommagement qui leur sera fait suite à l’installation du port sec, ce, sans attendre, la moindre étude de faisabilité ».

Selon les explications du maire Lassané Tiemtoré, « il était question pour la commission de recenser les champs, les habitats et même jusqu’au moindre arbre des villageois qui se situeraient dans l’espace délimité pour abriter le port sec, avant de procéder à un dédommagement quelconque ». « Mais les villageois ne l’entendent pas de cette oreille », a-t-il déploré.

Lorsque nous quittions les lieux aux environs de 12 heures (GMT), ce sont des villageois décidés à en découdre avec n’importe quel agent recenseur qui s’aventurerait à procéder à un quelconque recensement dans l’espace de 300 ha environ, que nous avons laissé à Tensouka. Pour eux, « il vaut mieux, éviter que l’on attrape ta main, au lieu de vouloir négocier après pour qu’on la relâche».

Hamadou Ouédraogo

Minute.bf

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