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vendredi 19 avril 2024

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Préservation de la Santé : Les conseils du nutritionniste Yacouba Sawadogo

Yacouba Sawadogo est consultant en nutrition et comportementaliste. Dans cette interview qu’il a accordée à votre organe Minute.bf, il revient sur le comportement alimentaire à adopter pour renforcer son système immunitaire en vue de préserver l’organisme contre toute attaque extérieure, surtout en cette pérjode de pandémie à Coronavirus. Qu’est ce qu’il faut manger pour renforcer la défense de notre organisme contre les maladies? Les réponses avec ce spécialiste en nutrition…

Minute.bf: On dit souvent que c’est notre alimentation qui est la cause de nos maladies. Selon vous, qu’est-ce que l’homme doit manger pour éviter de tomber malade ?

Yacouba Sawadogo : Comme vous le savez, la santé n’est pas un acquis permanent. Ce n’est pas parce que vous vous levez le matin, vous n’avez aucun symptôme, vous vous sentez bien, que vous pouvez dire que vous allez tout vous permettre. La santé est une lutte quotidienne. Tous les jours, quand tu te lèves de ton lit, la première des choses, c’est de tout faire pour préserver la santé que tu as. Et cela se passe principalement par notre régime alimentaire. Je dis ça parce que, ce n’est pas en ayant de bons régimes alimentaires, en consommant des aliments comme on le conseille que vous n’allez pas tomber malade. Non, vous pouvez contracter des maladies infectieuses telles que le virus actuel mais, ce sont des maladies qu’on peut traiter. Nous avons des médecins très bien qualifiés pour une prise en charge de ces maladies.

Les maladies difficiles à traiter actuellement et généralement qui font beaucoup de tort, qui endeuillent beaucoup de famille, sont celles dites métaboliques, les maladies non-contagieuses. Prenons le cas des maladies cardio-vasculaires, telles que la tension et le diabète. Ces maladies sont dues le plus souvent à notre environnement. Pas seulement aux aliments mais le stress et autre peuvent aussi provoquer des maladies.

En ce qui concerne les aliments qu’il faut consommer, on ne peut pas expliquer parce que toute personne est un cas spécifique. Que vous partez voir un nutritionniste ou diététicien pour lui demander les aliments que vous pouvez consommer pour rester en bonne santé, il va peut-être, vous donner la règle générale. Mais, pour chaque personne, il faut fouiller dans son passé sur le plan sanitaire, voir s’il n’a pas déjà une maladie cachée. Parce qu’il ne faut pas venir hypertendu et demander un régime alimentaire. Il faut d’abord, chercher la cause de cette hypertension et si on a tous ces éléments en collaboration avec son cardiologue, là, on pourra faire une prise en charge. Comme, il peut y avoir d’autres maladies cachées et il faut connaitre tout cela avant de lui donner des règles à suivre.

D’une manière générale, on peut tout manger mais à des proportions définie par la science alimentaire. Comme j’aime à le dire, une personne qui a le diabète n’aura pas le même régime alimentaire qu’une personne bien portante, qui a un bilan négatif. Dire qu’il y a un régime alimentaire typique sera difficile, mais nous conseillons aux gens de manger saint et bien, et de ne pas oublier de consommer cinq fruits et légumes par jour. Ces fruits et légumes ne sont pas à une grande quantité par rapport aux plats que nous mangeons mais ils ont un rôle très capital qu’ils jouent dans l’organisme. Raison pour laquelle nous aimons toujours conseiller à manger équilibré, à faire le sport et à consommer 5 fruits et légumes par jour.

Minute.bf: Dans le cadre du coronavirus, nous constatons que les enfants et les personnes de moins de 40 ans sont rarement frappés par les cas sévères de la maladie. Qu’est ce qui peut bien expliquer cela ?

Yacouba Sawadogo : A mon humble avis, je crois que cela peut s’expliquer à plusieurs niveaux. Les enfants naissent avec des cellules en bonne santé. Ils ont une défense immunitaire saine et bien développée. C’est ce qui peut, du reste, expliquer pourquoi les enfants sont moins durement frappés par cette maladie à coronavirus que les personnes âgées. Les personnes de plus de 50 ans, au regard souvent de leur comportement alimentaire inadéquat, sont très souvent exposées aux maladies avant même que le coronavirus de ne les touche. Leur système immunitaire n’est plus totalement apte à défendre convenablement leur organisme contre les attaques extérieures. Ceux qui ont des maladies à facteurs aggravants pour le coronavirus tels que l’asthme, le diabète, la tension, etc., sont très fragiles et résistent moins au coronavirus. C’est pourquoi nous demandons aux gens de toujours faire le dépistage de certaines pathologies pour savoir s’ils sont en bonne santé.

Minute.bf: Concrètement, quels sont les aliments que les populations doivent consommer en cette période de crise sanitaire, pour préparer leur organisme à la défense contre les attaques extérieures ?

Yacouba Sawadogo : Il ne faut pas attendre que le coronavirus arrive avant de commencer à changer notre comportement alimentaire. Ce serait une grave erreur. Comme j’aime à le dire, on peut se sentir en bonne santé, pourtant il y a des maladies qui sont cachées dans notre organisme. Les maladies causées par l’alimentation s’installent petit à petit dans notre organisme et le jour qu’elles se révèleront, leur traitement sera encore difficile. N’attendons donc pas de contracter une quelconque maladie avant de commencer à changer notre habitude alimentaire.

Vidéo: extrait des propos du nutritionniste

Pour revenir à votre question, il faut dire que si le mal est déjà installé on n’y peut rien. Il faudra peut-être commencer à chercher les voies et moyens pour le combattre. Mais si le mal n’est pas installé, il faut que dès maintenant les gens commencent à faire la prévention. Cette prévention se fait en mangeant de façon équilibrée et saine, mais aussi faire des exercices sportifs. Le soir, il faudra éviter de manger lourd. Il faut manger des crudités avec beaucoup d’oignons parce que cet aliment est très riche en antioxydants et en phyto-nutriments. L’oignon simplement aide dans le traitement des maladies respiratoires. Quand vous consommez ces aliments, vous avez la chance de relever le plateau technique de votre système et là, vous donnez de la force à vos globules blancs à défendre votre organisme. Mais la meilleure des choses à faire, c’est d’éviter de contracter la maladie. Comme je le dis souvent : « même si tu as les moyens de soigner la tête, évite de la blesser pour aller se la faire soigner après ».

Minute.bf: Sur le plan alimentaire, quels conseils avez-vous à donner aux Burkinabè?

Yacouba Sawadogo : Je demande aux Burkinabè de manger sain et équilibré. Ce qui veut dire qu’il faut éviter de prendre un aliment et en abuser. Quand vous allez dans les familles ou dans certains maquis, vous voyez des gens en train de manger du porc-au-four. Le porc est un animal très gras qui contient des graisses hyper saturées et les gens après avoir consommé cette graisse, prennent systématiquement de la bière. J’ai des frissons quand je vois cela. Et ce n’est pas étonnant qu’on voie des gens avec de gros ventres. En réalité, ils sont en train de se tuer à petit feu, ce sont des stocks de graisses qu’ils emmagasinent. De ce fait, ces genres de personnes tôt ou tard développeront des maladies cardio-vasculaires. Il vaut mieux arrêter cela dès maintenant pour, peut-être, avoir 10 ans de plus que de continuer pour mourir une année après.

Toujours manger sain et équilibré: manger bien le matin vu que dans la journée vous serez actif ; à midi, vous prenez un peu et le soir vous prenez un plat léger. Généralement, ce sont les soirs que les gens mangent beaucoup avec la joie de se retrouver en famille. Il y a aussi,  la joie d’oublier le stress du travail qui fait qu’on peut en abuser le soir. Ces deux facteurs peuvent nous amener à manger et à pousser du surpoids. Et quand on commence à développer le surpoids, c’est la porte ouverte à certaines maladies. C’est pour cela que nous demandons aux gens de manger bien le matin, de manger un peu à midi et de faire tout simplement des crudités à manger très tôt les soirs. N’attendez pas 23h ou 24h pour manger et juste après aller se coucher. Dans pareilles circonstances, vous dormez mais vous vous réveillez fatigués parce que votre organisme, en voulant digérer les protéines que vous avez consommées, ne s’est pas reposé. Le matin comme à midi, l’organisme va encore travailler et n’a pas le temps de se reposer. Alors, ne soyez pas étonnés de voir que vos cellules vont lâcher et c’est le cancer qui va s’installer.

Chaque régime alimentaire est spécifique à un cas donné. Si quelqu’un est en bonne santé, on peut lui donner un régime normal où il doit manger à des proportions à ne pas exagérer. A contrario, quelqu’un qui est malade n’a pas ce même régime. C’est pour cette raison qu’il est un peu difficile de dire à quelqu’un même s’il est en bonne santé, ce qu’il doit consommer avec des bonnes précisions. Ce que nous disons est d’une manière générale. Par ailleurs, chaque personne doit avoir un coach en nutrition, un diététicien qui puisse l’aider même si elle est en bonne santé. Cela est valable pour la famille : comment vous nourrissez vos enfants? Il faut ensuite inculquer cela à vos enfants pour que dans les années à venir, ils puissent atteindre 60% de la population qui, à leur tour, impacteront le reste.

Minute.bf: Comme vous parlez des aliments naturels, selon vous, est-ce que la médecine traditionnelle peut être d’un grand apport dans cette lutte contre le Covid-19, vu qu’elle utilise des plantes médicinales ?

Yacouba Sawadogo : Je dirais oui mais à une condition: qu’il y ait un contrôle réel sur ce que les tradipraticiens vont proposer. Parce que, le gros problème de cette médecine souvent, c’est la question du dosage. Sinon, nous avons tout dans la nature et comme j’aime à le dire, vous n’allez jamais voir un cochon aller à la pharmacie pour dire qu’il veut des médicaments, encore moins le chien qui, lui particulièrement, quand il se sent malade, quand bien même il n’est pas herbivore, il va aller dans la nature pour brouter quelques herbes afin de recouvrer la santé. L’homme, comme on le dit, est aussi un animal mais un animal raisonnable et parfois j’ai envie de dire que les animaux sont plus raisonnables que nous parce que, tout se trouve dans la nature.

Les tradipraticiens peuvent peut-être remettre leurs remèdes, les tisanes pour que les responsables de la santé publiques à travers les analyses des molécules puissent les étudier voir les aider à contrôler les dosages. Le seul souci avec ces médicaments, ils ne sont pas souvent certifiés encore moins vérifiés, ce qui fait peur parce qu’il y a des plantes où vous allez trouver qu’il y a beaucoup de molécules souvent même contradictoires.

Mais comme on le dit, quand vous avez le Covid-19, vous ne devez pas prendre des anti-inflammatoires alors que si vous prenez beaucoup de racines où l’on peut trouver des anti-inflammatoires en grande quantité, l’effet peut être le contraire. Sinon, la médecine traditionnelle est une bonne chose. Moi-même je suis un naturothérapeute, je travaille beaucoup sur les plantes et en plus des mesures diététiques, je conseille à mes patients beaucoup de plantes. D’ailleurs, je suis en train de créer une association qui va regrouper tous les tradipraticiens pour qu’on puisse plaider auprès des autorités sanitaires afin qu’elles nous permettent de pratiquer dans les hôpitaux. Ça se passe déjà actuellement mais ceux qui vont venir, ce sont des gens qui ont déjà prouvé, qui ont envoyé leurs produits en analyse au niveau du laboratoire national de santé publique qui indiquera pour sa part les dosages à prescrire sur chaque produit afin qu’ils ne soient pas nocifs pour la santé des populations.

Minute.bf: Votre mot pour clore cet entretien ?

Yacouba Sawadogo : Nous lançons un appel aux autorités sanitaires pour que si, toutefois elles ont besoin de nous, nous sommes nombreux à travers un club des nutritionnistes, à pouvoir de manière volontaires, apporter notre contribution afin d’aider un tant soit peu dans l’alimentation des malades. Parce que, comme on le dit, « si l’année se mélange, on ne compte plus les mois ». Nous sommes tous dans le même panier aujourd’hui. Si ça ne va pas, les conséquences vont nous frapper tous, sans exception. Raison pour laquelle chaque Burkinabè doit être un soldat pour réellement lutter contre ce covid-19. C’est un combat de tout le monde et non pas seulement des médecins.

Par ailleurs, je rends un vibrant hommage au personnel soignant : les médecins, les infirmiers, les ambulanciers, les nutritionnistes…tous ceux qui interviennent dans le domaine de la santé. Je leur demande de redoubler d’efforts et qu’ils sachent que nous les soutenons. Puisse Dieu les protéger afin qu’ils ne soient pas infectés en voulant donner la guérison aux malades.

Propos recueillis par Armand Kinda

Minute.bf

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